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MMP présente
Parasite

Mercredi 16 juin 2021.  

 

Le Dr Philip Mendelsson (Damian Bernstein), éminent généticien de la Faculté des Sciences de Paris, n'était même pas homophobe.  

Pour lui, les homosexuels étaient malades. Ils méritaient qu'on les aide, pas qu'on les enferme ou qu'on les diabolise. Ils méritaient toute son attention et pas la stigmatisation. Dans son pays d'origine, son propre père n'était-il pas mort lynché par une bande de skins peu de temps après avoir révélé ses nouvelles tendances ? Un drame qui avait traumatisé le jeune Philip qui s'était juré que plus jamais l'homosexualité ne ferait de victimes.  

 

En ce chaud début d'été 2021, la France ne pensait qu'à prendre une pause après une année éprouvante. Symbole traditionnel du démarrage des festivités estivales, la "Gay-Pride-marche-des-fiertés-homosexuelles", renommée "Gay-Lib'" sous la pression des lobbies 'francophonistes' et des appuis de l'ancien maire, se préparait gentiment sous la houlette des plus grandes personnalités politiques et artistiques. Un climat doucereux qui ne manquait pas d'écoeurer Mendelsson : depuis qu'on avait trouvé un vaccin au SIDA en 2018, lui galérait tous les jours pour réunir des fonds pour ses recherches - et les organisateurs d'une orgie à ciel ouverte voyaient bourses se délier devant la promesse d'un carnaval partouzeur retransmit en Mondovision.  

Il ne comprenait pas qu'autour de lui les gens fussent aussi aveugles…  

 

Aidé d'une impressionnante littérature US, d'une très importante série d'articles du plus haut niveau scientifique et par certains travaux sur l'ADN du milieu et de la fin des années '10, le Suédois Mendelsson s'était fait son opinion : comme beaucoup d'autres scientifiques, il était certain qu'on ne devenait pas homosexuel (par l'environnement ou des penchants personnels) mais qu'on naissait juste avec ce gêne parasite qui inhibait la reproduction hétérosexuelle et rendait la pathologie d'autant plus effrayante qu'elle pouvait se déclarer à tout moment.  

 

Pour Mendelsson, l'homosexualité - et dans une moindre mesure la bisexualité - devenait comme un ennemi microscopique à abattre. Il ne s'agissait pas de parquer ou d'user de la force contre ces gens, mais de leur expliquer que ses travaux (qui se heurtaient à bien des vicissitudes - le lobby gay était on ne peut plus puissant ces jours-ci) avaient pour but de les rendre meilleurs. Il lui manquait... la pédagogie.  

Il ne voulait pas leur disparition. Il voulait les sauver.  

 

L'heure du test de son vaccin avançait. Il n'avait jamais pu trouver de cobaye humain et les résultats sur les animaux étaient par trop imprécis… Il se disait que la prochaine "Gay-Lib'" lui fournirait un terrain d'expérimentations parfait… Tout cela était totalement illégal, il allait risquer sa réputation, sa carrière et peut-être même sa vie mais il convenait qu'il fallait parfois franchir la ligne blanche pour faire avancer la science.  

 

"Marco Polo" (Trey Curtis Vence) avait préparé sa combinaison de "bolosseur" de gays. Lui et sa bande allaient se "payer du pédé" pour la prochaine "pride". De chacun de leurs raids ils ramenaient suffisamment de cash, ipods et autres joyeusetés à refourguer au marché noir ici, aux Epinettes de Clichy, dans la "grosse banlieue" de la Capitale. C'était rentable et leurs techniques parfaitement au point : Paris était devenu un carnaval à ciel ouvert dans lesquels eux se sentaient laissés pour compte.  

 

Ils avaient développé avec le temps une vague rhétorique "anti-tout", mono-ethnique aux limites du racisme, homophobe et antisémite. Ce n'était pas une Guerre Sainte - Marco n'avait jamais lu un seul verset de la Bible ou du Coran, - c'était une lutte de classe d'un nouveau genre (même si eux ne l'exprimaient pas ainsi) face à une bourgeoisie fantasmée qu'ils craignaient, haïssaient mais dont ils enviaient le pouvoir, la puissance et les rites.  

Et les pédés, c'était forcément des bourgeois - et des juifs : la preuve, y'en avait jamais eu dans la cité.  

Putain, ça allait être bon…  

 

Lara (Carrie Frizzi) et sa compagne Isabelle (Kellie Ciani) préparaient le char du Comité de Soutien Lesbien auquel elles appartenaient dans le petit local du 15ème arrondissement. Lara trouvait l'aspect folklo de la "Pride" (de la "Lib'", désormais) complètement à côté de la plaque, du show-biz sur roulettes qui ne voulait plus rien dire, une récupération commerciale sponsorisée et subventionnée par des institutions qui se donnaient bonne conscience un jour par an.  

 

Paradoxalement, les cause et la communauté homo avaient perdu en crédibilité depuis que le SIDA n'était plus un problème : les jeunes gays vivaient toujours aussi mal leur sexualité, l'évolution des moeurs et des esprits n'était pas pour aujourd'hui au-delà de quelques milieux, mais on continuait comme si de rien n'était dans le reste du pays… Lara ne se sentait jamais très bien à l'approche de la "Pride" et ses folles pailletées, un malaise indéfinissable.  

"Faisons la fête, il ne nous reste plus que ça…" lui avait un jour dit un ami restaurateur, père de famille modèle et notable. Dépressif, il s'était suicidé deux ans plus tard. La famille avait apprit la double-vie de l'intéressé post-mortem. Ambiance. Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre - vivons cachés et tout ira bien.  

Rien n'avait changé en fait.  

 

Isabelle vint la sortir de ses pensées moroses :  

"- Ca va pas ?! Tu tires une de ces gueules…"  

Non, ça n'allait pas. Lara ne "sentait" pas la Pride de cette année. Quelque chose allait se passer.  

 

Samedi 19 juin 2021.  

 

Le Dr Philip Mendelsson, le jeune couple, et Marco accompagné de sa clique se trouvaient à quelques kilomètres de distance les uns des autres dans un tourbillon de manifestants et de couleurs chamarées : 150 000 participants jusqu'à Nation pour les organisateurs, 25 000 pour la préfecture.  

 

Lara n'avait qu'une seule envie - que tout cela se finisse vite. Elle distribuait des tracts "Vigilance" aux badauds de manière automatique, presque sans les regarder. L'après-midi allait être long et elle avait mal dormi cette nuit. De temps à autre, elle jetait un coup d'oeil à leur char, sur lequel Isabelle s'était déguisée en Wonder Woman, symbole de la lesbienne décomplexée créé par un psychanalyste. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre. 15:23. Plus que quatre heures à tirer et la manif' se disperserait dans le calme.  

 

Marco et ses acolytes s'étaient mêlés à la foule : lui draguait éhontément quelques jeunes étudiantes étrangères peu farouches qui rigolaient en le rembarrant.  

"Sales putes" maugréa-t'il dans sa barbe de 2 jours. Marco était aussi un féministe convaincu.  

Son portable venait de vibrer - le SMS prévenait qu'un des pisteurs avaient repéré une bande de jeunes friqués déjà bourrés - y'avait de "la maille" à se faire et le Service d'ordre ne s'occupait pas particulièrement du secteur.  

Il accéléra le pas, bousculant plusieurs personnes, et finit par rejoindre très vite un des siens.  

 

Philip Mendelsson n'aimait pas la foule - sans être agoraphobe, les mouvements de masse l'effrayaient. Dans son sac à dos, il avait emporté plusieurs fioles et précipités qui contenaient une version gazeuse de son vaccin. L'absence totale de vent et la chaleur étouffante, le mélange des muscs de plusieurs dizaines de milliers de participants et des corps lui garantissaient un impact maximal. Il se glissait parmi les cortèges, attendant de repérer un cobaye potentiel satisfaisant - il ne se satisferait pas d'un bisexuel : il voulait un mâle dominant - pas seulement "une folle" ou "une tata" comme ils disaient. Une fois le test effectué, il observerait ses réactions.  

 

Il trouva très vite chaussure à son pied, une sorte de caricature de l'homosexuel-lambda tel que les médias et la pub le dépeignaient : beau et rasé de près, musclé, bien habillé, son compagnon au bras - presque un fantasme hétéro. L'homme semblait heureux d'être là, il parlait anglais et aurait pu former avec son compagnon un couple charmant aux yeux de Mendelsson si ce dernier ne les avait considéré comme infestés d'un parasite qui les empêchait de lui ressembler.  

Heureusement qu'il était là.  

 

Il sort discrètement une de ses fioles et se prépare à la répandre sur le jeune homme quand il est bousculé par une ombre qui lui arrache son sac.  

Il tombe par terre au milieu de la foule. Une forêt de jambes et de pieds. Il a perdu sa fiole dans la chute - et son sac…  

Un verre qui se brise - un gaz qui se répand.  

Il se relève, contusionné. Devant lui, celui qui l'a bousculé s'est jeté sur quelqu'un d'autre - des cris, de la confusion. Le mouvement de la foule commence à s'inverser - Mendelsson n'est pas très grand, il a du mal à distinguer les événements.  

Son sac.  

D'autres bruits de verre. Il commence à étouffer, avise les roues d'un char, se glisse dessous, accroupi.  

 

Autour de lui, des hurlements, puis la foule qui s'arrête de marcher - des gens qui se mettent à courir.  

Que se passe-t'il ?  

Au-dessus de lui, une trappe vient de s'ouvrir : une Wonder Woman l'attrape par le col et l'amène à l'intérieur du véhicule aménagé.  

Plan panoramique : le chauffeur a arrêté le véhicule et ferme précipitamment son sas : Mendelsson a la vision fugitive de personnes qui se sautent dessus. A ses côtés "Wonder Woman" panse la blessure d'un gamin mordu au sang.  

Au fond du char, plusieurs jeunes gens pleurent et commencent à paniquer quand ils entendent du bruit sur le toit.  

 

On s'étripe là-haut. Les hurlements de panique se sont transformés en hurlements de douleur. Mendelsson n'a jamais entendu ça.  

 

Le chaos règne autour de Marco Polo et sa bande. Ce qui se passe ici dépasse sa compréhension : la bande s'est réunie autour d'un char et tente de faire front tandis que partout où son regard porte, les manifestants se font sexuellement agresser et/ou dévorer vivants par d'autres manifestants.  

 

C'est plus qu'il ne peut en supporter. S'ils ne bougent pas, ils seront les prochains. Il détourne les yeux devant des viols collectifs accompagnés d'actes de cannibalisme.  

Autour de la manifestation, les spectateurs fuient mais leur nombre et leur densité en font des cibles faciles pour ces fous-furieux.  

"- Marco, ça craint - viens, on rentre à la maison."  

Toute la bande a sorti ses armes, bien décidée à en découdre - et sauver ses fesses.  

 

(Script original, produit dans le cadre du "Concours Gay")

Scénario : (1 commentaire)
une série B thriller (Horreur / Drame) de David Reyes

Trey Curtis Vence

Carrie Frizzi

Damian Bernstein

Kellie Ciani
Musique par Scott Fiedel
Sorti le 27 mars 2021 (Semaine 847)
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