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Morcar Prod présente
Quartier Ouvrier - Bâtiment Bellevue

Il flottait à verse. Bercé par le ronron des essuie-glaces, Cédric Plamont (David Kaine) appuyait à intervalles régulières sur l’embrayage pour gagner en vitesse. Maintenant, la voie rapide serait droite jusqu’aux faubourgs de Gérardmerveille. De temps à autre, il doublait un camion paresseux de la file droite. L’écran intérieur de la Capri beige indiquait 4h18. Cédric Plamont arriverait au quartier ouvrier avant l’aube. Pourtant, il ne desserrait pas les dents.  

Cédric Plamont était un homme de moins de cinquante ans. Il portait un jeans noir délavé et une chemise grise non repassée. Il écoutait en boucle l’album It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back de Public Enemy. La raison pour laquelle Cédric Plamont prêtait attention aux paroles de Chuck D, que ses réflexes étaient quasi-nuls, il faut les chercher surtout dans l’absence de molécules isomères dans son sang. Le fait qu’il avait passé deux ans à l’ombre n’entrait pas en ligne de compte.  

Ce qui advenait maintenant à Cédric Plamont arrivait aussi auparavant.  

 

Il flottait à verse. Bercée par le ronron des éclats de grêle sur la porte-fenêtre du salon, Marie-Hélène Bardolle (Sarah Constant) roupillait paisiblement. De temps à autre, elle se remettait à ronfler. Ses apnées n’étaient pas suffisamment fortes pour la tirer d’un sommeil sans rêve ni cauchemar. Le cadran lumineux au-dessous d’un écran télévisé qui renvoyait des images sans son indiquait 4h28. Marie-Hélène Bardolle ne se réveillerait qu’avec le bruit de la porte d’entrée qui claque. Comme chaque matin.  

Marie-Hélène Bardolle était une femme de moins de quarante ans. Elle portait un jogging crasseux et un tee-shirt délavé de Michael Cannon. Sur la table basse, trônait une bouteille de Gin à l’état de cadavre. A ses côtés, deux canettes cinquante centilitres d’une bière sans nom renversées. La raison pour laquelle Marie-Hélène Bardolle était ivre, que ses nippes étaient les mêmes depuis quinze jours, il faut les chercher surtout dans la lettre de l’huissier de justice qui était déchirée dans la poubelle de la cuisine. Le fait qu’elle était au chômage depuis deux ans n’entrait pas en ligne de compte.  

Ce qui advenait maintenant à Marie-Hélène Bardolle arrivait aussi auparavant.  

 

Il flottait à verse. Bercée par le ronron des grêlons sur la carlingue d’une Mercédès gris acier, Lucie Plamont (Estelle Green) enlevait ses bas. De temps à autre, elle jetait un coup d’œil méfiant sur le tableau de bord. Le véhicule était pourtant stabilisé à 129 km/h. sur le boulevard périphérique extérieur de Gérardmerveille. La montre du chauffeur indiquait 4h38. Lucie Plamont arriverait dans son dortoir dans dix minutes. Bien plus tôt que la veille.  

Lucie Plamont était une jeune femme d’environ vingt-cinq ans. Elle portait une robe noire serrant son corps. Ses talons, ses bas et son Wonderbra étaient jetés au sol. Elle venait d’engloutir deux somnifères. La raison pour laquelle Lucie Plamont cherchait le sommeil, que les objets du désir masculins étaient au sol il faut les chercher surtout dans sa rupture avec Sergio Bardini. Le fait qu’elle était stripteaseuse dans un bouge du centre-ville depuis deux ans n’entrait pas en ligne de compte.  

Ce qui advenait maintenant à Lucie Plamont arrivait aussi auparavant.  

 

Il ne flottait plus. Bercé par le ronron des gouttes de sang qui tombaient sur le lino, le commissaire Pierre Berthe (Stanley Harris) avait les mains dans ses poches. Comme toujours, il était en pilotage automatique. De temps à autre, il jetait un coup d’œil à Roxane Petitfour qui prenait des notes. Le cadran lumineux au-dessous d’un écran télévisé qui renvoyait des images sans son indiquait 6h48. Pierre Berthe observait surtout une femme au rictus exagéré qui était empalée sur une lance aborigène qui était accrochée sur un des murs du salon.  

Pierre Berthe était un homme qui avait passé la cinquantaine. Il portait le même costume depuis des lustres. Il avait bu cinq verres d’un Mâconnais depuis le début de son service. La raison pour laquelle Pierre Berthe n’avait pas les idées claires, qu’il se fichait de ce énième cadavre, il faut les chercher surtout dans son mauvais tiercé de la veille. Le fait que son fils était mort d’une overdose il y a deux ans n’entrait pas en ligne de compte.  

Ce qui advenait maintenant à Pierre Berthe arrivait aussi auparavant.  

 

Il ne flottait plus. Bercée par le ronron des discussions provenant de la cage d’escalier, Pierre Berthe n’écoutait même pas Roxane Petitfour qui lui livrait les résultats de l’enquête du voisinage. Pourtant, il était ému.  

Que ce soit le toxicomane Cédric Plamont, ou bien la putain Lucie Plamont, ou encore un autre hère de ce quartier ouvrier, rien ne gâcherait sa contemplation du paysage brumeux. Rarement, Pierre Berthe n’avait été à ce point émerveillé par des barres d’immeubles et du bitume.  

Ce qui arrivait à Pierre Berthe advenait finalement très rarement.  

 

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Cédric Plamont : David Kaine  

Marie-Hélène Bardolle : Sarah Constant  

Lucie Plamont : Estelle Green  

Pierre Berthe : Stanley Harris  

 

Avec l’aimable participation de Camilla Klein (dans le rôle de Roxane Petitfour)  

 

Bande originale de Karen Kopp (remix de Chuck D, de Flavor Flaw et de Public Enemy).

Scénario : (3 commentaires)
une série B dramatique (Thriller) de Josip Šubašic

David Kaine

Sarah Constant

Stanley Harris

Estelle Green
Musique par Karen Kopp
Sorti le 03 octobre 2020 (Semaine 822)
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