Février 1980  

Alison Blaire (Brenda Gerrard), 17 ans, est une jeune provinciale débarquée de sa campagne dans la grande ville de New-York City, la cité des mille lumières où les rêves prennent vie.  

Cette modeste "fille de la campagne" aux valeurs terriennes n'arrive pas seule : avec elle, une dizaine de chansons (bluettes diront certains) composées sur le piano familial désaccordé et désormais immortalisées sur un petit calepin défraîchi, un joli brin de voix et un corps superbe, fruit de l'aérobic, des leçons de gym de maman et de ses propres entrainements en patins à roulettes (elle est championne régionale de la discipline).  

Avec le peu d'argent qui lui reste, elle trouve à louer un appartement miteux et excentré dans le quartier-ghetto du Queen's. Quand elle voit passer devant elle de jeunes breakdancers munis d'imposants ghettoblasters, elle prend mentalement des notes.  

J'aurais besoin de danseurs sur scène.  

Car Alison Blaire a un rêve : celui de devenir la plus grand chanteuse disco du siècle.  

Installée dans son meublé pour la semaine, elle écume à présent les radio-crochets et les petits clubs où l'on cherche de nouveaux talents. Mais sans guitare ni matériel, elle ne peut compter que sur son mince filet vocal tétanisé par la peur.  

La nuit de son arrivée, elle ne parvient pas à dormir, le sommeil torpillé par l'angoisse, le stress de l'échec et les milliers de bruits qui lui parviennent. Les murs de l'immeuble semblent faits de papier crépon. Elle somnole à peine puis s'assied sur le lit et se met à fredonner un air sur le rythme des sons qu'elle perçoit.  

Petit à petit, la pièce s'illumine.  

Chaque élément sonore perçu par Alison devient une couleur magnifique, chaque rythme, chaque battement se transforme en pulsations lumineuses, en vagues qui déferlent autour de la jeune femme qui a gardé ses yeux fermés.  

Car Alison Blaire a un pouvoir : celui de transformer le son en lumière, en images, en rêve. Incomprise par son père qui a quitté la demeure familiale quand il s'est rendu compte qu'il avait enfanté "un monstre" selon lui, cette fille unique qui n'a jamais connu son père a survécu de l'amour de sa mère.  

Et de ses conseils avisés : se servir de son pouvoir pour donner du bonheur aux gens.  

Alison Blaire sera "Dazzler", le nom de scène qu'elle s'est choisie. Elle sera une disco queen et montrera aux 99,99% de gens 'normaux' qui la côtoient qu'une mutante peut partager les mêmes rêves qu'eux.  

Le lendemain, elle se rend au Tribeca Club, où l'on dit qu'un label indépendant cherche de nouveaux talents. Entre deux formations new-wave et punk, deux folk-singers et quelques rappeurs, elle finit par vaincre son trac et s'inscrit de justesse. Dénuée d'instruments, elle sait ce qu'elle va leur chanter : une comptine de son enfance qu'elle a ré-arrangée.  

Le club est bondé et on étouffe littéralement sous les effets conjugués de la foule, la sueur, la fumée de cigarettes et la chaleur des spotlights : Alison est véritablement effrayée - la plupart des groupes sont vraiment pros et certains ont même leur ingé son, leur scénographe ou leur technicien lumière. Pourtant, elle ne se démonte pas.  

Arrivée à son tour en toute fin de journée, le régisseur lui demande si elle aura besoin d'un "show". Elle refuse, avec aplomb. Seul un spot solitaire jaunâtre viendra l'éclairer sur la scène uniformément plongée dans l'obscurité et les volutes de tabac.  

Alors que quelques huées l'accueillent sur scène, elle commence à déployer a cappella son talent de choriste sur le premier couplet. Les yeux toujours fermés, elle prend petit à petit confiance en elle et son souffle…  

Dès le second couplet, les bruits ambiants et sa propre voix se transforment en autant de sources lumineuses. Une partie des spectateurs sort du club, effrayée par l'incongruité de ces effets. L'autre moitié reste sur place, musiciens inclus, complètement subjuguée par la beauté audio et visuelle qui se déploie devant eux.  

Au fond de la salle, entre deux sièges à présent vides, un homme vient de s'allumer un havane : Roman Nekoboh (Benjamin Biolerme) tient sa nouvelle étoile. Elle fait encore un peu "dinde du Middle-West" mais avec un bon maquillage de scène à la Kiss, un orchestre de jeunes loups compétents, des synthés et des boites à rythmes à la Cerrone - et ce p$*#@ de show visuel - il tient sa prochaine star. Les gens en seront gagas...  

(Script original, adaptation du comics Marvel / Casablanca Records créé par Tom DeFalco et John Romita, Jr en 1980)