*** Texte déconseillé aux plus jeunes - merci ***  

Bucarest, Roumanie, dans le sous-sol d'un club techno-BSDM - 13 juin  

Richard Temperton (Nicolas Hartnett) ne voyait plus rien, aveuglé par son masque. Entravé par un complexe écheveau de cordes nouées, il flottait, nu comme un ver au milieu de la petite pièce mal éclairée, sa douloureuse érection à peine visible dans la semi-obscurité.  

Sa dominatrice Nathalie Sanford (Nolween Fillion) venait d'insérer le tube métallique dans l'urêtre de son client. Elle se préparait à lui injecter le liquide.  

24H plus tard, au même endroit.  

L'inspecteur Komoslowky (Malcom Kiszko) regardait le cadavre de l'Américain flotter au-dessus dans ses jus corporels et de quelques organes au sol qu'il aurait eu du mal à identifier. A ses côtés, une représentante d'Interpol plutôt "bonnasse" Helen McCoy (Cynthia Mathurin) consultait le dossier de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique. Sa présence n'aurait pas été requise si Richard Temperton n'avait été un businessman en vue dans son pays - celui qui donnait des leçons de morale au monde entier.  

Evidemment, retrouver le corps sans vie d'un notable pareil dans les souterrains d'un bordel ferait mauvais genre pour son entreprise. Mais McCoy n'avait pas pour mission d'étouffer le scandale, plutôt d'aider les autorités locales à retrouver l'auteur de ce crime.  

"- On dirait que la séance SM a viré au cauchemar…"  

La mode dans le milieu depuis le début des années '10, c'était l'injection de liquide salin dans les testicules. Ici, le "service trois pièces" du Monsieur avait explosé et le reste avait suivi : Temperton n'était pas mort sur le coup et s'était doucement et longuement vidé de son sang et d'une partie de ses organes inférieurs. L'agonie avait du être douloureuse et interminable.  

Le gars aurait eu une chance de survie si on l'avait détaché et transporté fissa aux urgences. Mais visiblement, on l'avait regardé souffrir et mourir : on avait relevé des traces de pieds de caméra ou appareil-photo. Une "performance" qui devrait bientôt se retrouver sur certains réseaux - l'Europe de l'Est avait une tradition dans le genre… Komoslowky fit une grimace de dégoût.  

La méthode rappelait celle de Nathalie Sanford, une prédatrice membre d'un réseau de dominatrices extrêmes créé au Canada. Une experte du meurtre SM, une professionnelle du sexe par la douleur, clean sous tout rapport qui, de temps à autres, arrondissait ses fins de mois par un "contrat". Elle avait "dominé" plusieurs centaines de clients à travers le monde - et parfois des gens traqués par une mafia ou un gouvernement. Elle s'arrangeait alors pour que leur séance soit la dernière.  

La mort - le trip ultime.  

Komoslowky avait été briefé sur le sujet par Europol. Cette manière de claquer était quand même une des plus dégueulasses qu'il avait jamais vues. Le gars n'avait eu aucune chance. Ce type de torture lui rappelait les méthodes des anciens Services Secrets de Nicolae Ceaucescu - de sacrées pourritures elles aussi.  

Les informateurs de McCoy avaient assuré que Sanford avait encore à faire en Roumanie. Un autre contrat sur la personnalité controversée de Kalin Jacobs (Marie Caine), une écrivaine érotique locale au parfum sulfureux. Interpol procédait déjà à une discrète surveillance rapprochée de l'intéressée dont la libido ne se satisfaisait que dans les plus pénibles douleurs. Le problème de Sanford, c'est qu'aucune plainte n'avait été officiellement déposée par les proches ou les familles de ses victimes. Comme si leur disparition avait été prévue de longue date - ou qu'il s'agissait de suicides déguisés.  

Gare routière de Sindrilita, à quelques dizaines de kilomètres de là.  

Nathalie Sanford, lunettes noires sur le nez et écouteurs MP3 aux oreilles, jeans-baskets et parka, attendait son bus totalement fondue dans la population autochtone. Elle s'était à nouveau travestie, devenue depuis quelques années spécialiste de la dissimulation. Elle n'était plus vraiment femme désormais, depuis cette opération survenue au Nigeria. Elle se savait recherchée par les autorités de nombreux pays et le comprenait.  

Elle avait commis l'irréparable, ôté des vies. Franchi l'ultime interdit - tu ne tueras point. "Nath" était catholique, elle comprenait ça. Devenue Nathaniel sur ses papiers d'identité contrefaits, elle se savait à la fois proie et prédateur.  

Tous ces gens, tous les décès violents autour d'elle, ne la hantaient pas : ceux-là avaient trouvé le plaisir ultime entre ses mains. Ils l'avaient aimée à leur manière. Bien sûr, quand ils avaient su qu'ils y resteraient, ils avaient compris qu'elle n'était pas uniquement là pour leur unique plaisir, certains avaient un peu paniqué mais au final, tous avaient trouvé libération et transcendance. Ils le savaient, et elle aussi : elle avait aimé chacun d'entre eux, à sa manière.  

Mais il y avait eu ce Français, ce Dominique Pierozi (Robert Ginerro) qu'elle avait "raté" lors d'une séance particulièrement scatologique. Resté plusieurs semaines dans le coma, il la suivait désormais comme son ombre : elle se doutait qu'il était arrivé en même temps qu'elle à Bucarest. L'ancien PDG de PME agro-alimentaire était devenu amoureux transi et il la suppliait de "finir le boulot". Il avait payé pour mourir. Comme les autres… C'était un échec, et pas n'importe lequel : atteint par le Sida, il avait été le second à réclamer "d'en finir". Elle avait eu une fraction de seconde une hésitation coupable.  

Pierozi avait aussi été, dans une autre vie, son premier amour…  

Aujourd'hui, il la recherchait. Autant pour sa propre perte que pour la protéger, ange-gardien suicidaire.  

Le car arrivé, elle avait réglé sa place au chauffeur et s'était installée confortablement au fond du véhicule. Là, elle avait sorti son MP3 et consulté les photos de son prochain "contrat". Une femme. Elle l'aimait déjà.  

A ses pieds, son sac de voyage recelait mille délices de jouissance à partager.  

Filmé dans "Le trégranstudio2cinema"  

(Script original, suite de Dominatrixxx (2017) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=12101)