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MMP présente
Cadillac Man

*** Référé du Tribunal de Commerce de Gérardmerveille, 17 septembre 2019 : la compagnie Cadillac et sa maison-mère General Motors dénoncent vigoureusement l'utilisation faite de la marque dans ce film. La marque Cadillac, son logo et son personnel ne sauraient être assimilés aux agissements des personnages de cette oeuvre de fiction. ***  

 

New-York City, île de Manhattan - un petit matin de mai 1961  

 

"- Hé, le niakoué, file-moi ton feu.  

- Pardon ?"  

 

Joseph Wong (Max Chant) se retourne. Deux bonhommes déjà éméchés (à moins qu'ils n'aient décuvé de la nuit), l'interpellent ici, au coeur du quartier chinois. Joseph n'est déjà pas en avance pour le boulot et voilà que ces poivrots s'y mettent. Ces gars ont du fêter quelque chose - un gros contrat peut-être -, leur costard tâché en témoigne.  

D'une extrême politesse et se forçant à garder le sourire, Joseph se rapproche, dégaine un briquet de la poche et allume les cigarettes des gentlemen. Il s'en retourne mais le premier le retient brutalement par le bras.  

 

"- Un problème peut-être ?  

- C'est TOI le problème : file-moi ton briquet le chinetoque, j'aime trop ses gravures…"  

Joseph ne baisse pas les yeux. Le deuxième étouffe un juron dans sa barbe…  

"- T'es fier de faire chier un VRAI américain ? Tu veux des ennuis ? Ce que tes copains ont fait à Pearl-Harbor…"  

Joseph ne se démonte pas :  

"- Les japonais ?! Mes aïeuls viennent de Chine. Ils vous ont aidé à construire le métro, au début du siècle.  

- Japonais, Chinois, Coréens… Quelle différence ?" L'homme a rapproché son visage de Joseph et s'en va écraser sa cigarette sur la veste neuve du jeune américain d'origine asiatique.  

 

Ce dernier ne lui en laisse guère le temps. D'un mouvement preste, il désarme l'homme et le désarçonne. Le premier au sol se demandant ce qui vient de se passer, le second se précipite avec un cri de hyène blessée. Joseph lui assène un nukite qui le fait rejoindre son collègue d'infortune sur le trottoir.  

"- Le jaune, tu viens de te fourrer dans les emmerdes - tu sais qui on est ? La famille du Juge Greenberg, ça te dit quelque chose ?"  

Wong réfléchit deux secondes, puis avec un petit sourire…  

"- Greenberg ? On vous en veut toujours pour avoir coulé le Titanic…  

- Le Titan…? C'était un iceberg !  

- Greenberg, Goldberg, Iceberg - Quelle différence ?"  

Pas peu fier de son trait d'humour il tourne casaque et rejoint les grandes avenues tandis que le duo l'injure copieusement dans son dos. Sorti du quartier, il prend un taxi direction Yorksville et débarque - en retard, comme il ne craignait - au commissariat de ce quartier à forte population immigrée venue de l'Est après la guerre.  

 

Il retend sa cravate et monte les marches de l'entrée. La vigie en faction le stoppe net :  

"- Tu veux quoi ?! Tes papiers !  

- Inspecteur Wong, (sortant son insigne et un courrier de l'administration) je viens prendre mes fonctions ici…"  

 

A l'intérieur, un brouhaha indescriptible l'accueille. La nuit a été chaude… Le Commissaire adjoint Chernov (Maxime Fiodor) accueille le nouveau-venu dont c'est le premier jour dans le 6ème District.  

"- Wong, c'est ça ?"  

Il l'amène dans son bureau, lui indique que sa première investigation concerne une vague de meurtres au sein des prostituées du quartier. Le jeune adjoint est persuadé qu'il s'agit de l'oeuvre d'un tueur en série mais sa hiérarchie ne veut pas le suivre sur ce terrain : elle n'y voit de "simples" règlements de comptes entre divers clans de l'Est : Hongrois, Albanais, Russes, Allemands. Chernov souhaite quelqu'un de non-impliqué dans ce type de rivalités.  

"- Tous les gars du bureau ont au moins une personne de leur famille qui vit dans le coin, ça génère une ambiance pourrie - et mes propres origines slaves limitent mon action. Je vous ai choisi pour vos antécédents et la discrétion dont vous avez su faire preuve dans la résolution de certaines "affaires chaudes" de votre propre communauté."  

 

Après le briefing, Chernov fait entrer Théodore Sattler (Peter Jones), représentant de la marque Cadillac pour la région, la quarantaine tirée à quatre épingles, un peu surpris que l'on fasse appel à lui. Chernov lui a demandé de leur prêter assistance : si aucun témoin n'a été capable de distinguer l'homme à l'origine des agressions, son véhicule correspond à la marque pour laquelle Mr Sattler travaille.  

Ce dernier étend sur la table un ensemble de catalogues et de prospectus - tous les trois se mettent au travail avec les indices obtenus par les enquêteurs.  

 

Au bout d'un quart-d'heure, le représentant déclare que le modèle utilisé est une Cadillac Eldorado de 1959.  

"- Elle correspond parfaitement à la description. Je le sais, j'ai la même..." Sattler a amené la liste de ses clients des cinq dernières années. Il propose de téléphoner à ses collègues des états limitrophes afin de faire parvenir leur liste au Commissariat.  

"- Je ne peux pas leur demander de me les envoyer directement… Vous comprenez, la concurrence..." Chernov lui annonce que ce ne sera pas la peine et que l'inspecteur Wong s'en chargera.  

"- On ne veut pas abuser de votre temps.  

- Je vous en prie, je suis un citoyen comme vous et ces actes-là… Mon dieu, c'est affreux de tuer des gens comme ça."  

Wong se doutait que tant que la hiérarchie n'accréditait pas la thèse d'un tueur en série, la presse ne se presserait pas chez eux - la pression viendrait plutôt de la rue, qui risquait de vouloir faire justice elle-même…  

 

Le modus operandi de l'assassin était assez classique : il se garait à quelques pâtés de maisons de sa cible, "levait" la prostituée, faisait sa petite affaire avec elle dans une impasse - et c'est ensuite qu'il l'éventrait. On ne sait pas trop ce qu'il faisait des organes mais il est certain qu'il les emportait avec lui : les filles avaient toutes été débitées comme des carcasses. Certains détails trop gores avaient volontairement été omis aux familles - ils avaient affaire à un boucher qui agissait dans l'impunité la plus complète depuis quatre mois. Quatre mois, quatre meurtres.  

 

Monsieur Sattler avait perdu sa mère il y a quatre mois. Pour ce célibataire endurci élevé à la trique par un père également commercial auprès de la célèbre marque, il y avait quelque chose qui s'était cassé en lui ce jour-là. Peut-être la frustration de ne jamais avoir réglé par la parole le conflit de l'inceste familial. Son père lui avait fait sentir la cravache, mais c'est sa mère qui l'avait amené dans ses draps. Le fils avait remplacé le père, obnubilé par son travail et délaissant la cellule familiale. Il avait embrassé un platane il y a dix ans. Dans une Cadillac bien sûr.  

 

Il ne pensait pas qu'avoir été le jouet sexuel de sa génitrice à partir de la puberté l'avait troublé. Il s'était parfaitement intégré à la société moderne, avait privilégié son travail - et même si ses collègues s'étonnaient parfois qu'un si bon parti fut encore célibataire, sa présentation, son éternelle bonne humeur et son humour féroce effaçaient le moindre doute dans les esprits qu'il fût un inverti (quelle horreur !)… et encore moins un tueur en série. D'ailleurs, le terme n'existait pas encore à l'époque*.  

 

Il dégustait la partie des victimes qu'il ramenait chez lui, il était même plutôt bon en la matière : il avait cuisiné quelques abats de sa dernière proie et les avaient partagés anonymement autour d'un bon repas avec un couple d'amis. On lui avait alors demandé la recette !  

"- L'important, ce sont les ingrédients. Et le secret de la recette familiale." avait-il alors innocemment répondu.  

 

Pourquoi commettait-il ces actes ? Il l'ignorait. A chaque date anniversaire du décès de sa mère, c'était comme si quelqu'un d'autre prenait le contrôle à sa place. Un peu comme s'il se désincarnait pour regarder "l'autre" procéder. Il était devenu à la fois Jack l'Eventreur et Dr Jekyll et Mister Hyde.  

Pourquoi ne se faisait-il pas prendre ? Il l'ignorait également. Il n'était ni discret ni particulièrement apte à effacer ses traces, il se comportait plutôt bruyamment et jamais vraiment intelligemment. Il avait pensé un instant que cette société humaine là tolérait sa monstruosité parce qu'elle lui permettait de mieux s'en distinguer.  

Peut-être. Il n'expliquait rien : tous les 13 du mois, il agissait, toujours dans le quartier de son enfance. Un quartier qui avait été témoin de l'atrocité familiale mais qui n'avait jamais rien dit. Et qui aujourd'hui garderait le silence pour ne pas révéler d'autres secrets ?  

 

(Script original)  

* il sera créé par le FBI dans les années 70 à l'occasion du procès de Ted Bundy.

Scénario : (1 commentaire)
une série A policier (Thriller) de Alan Caine

Max Chant

Pamela Cooder

Peter Jones

Summer Hemmings
Avec la participation exceptionnelle de Jewel Couscous, Maxime Fiodor
Musique par Scott Fiedel
Sorti le 22 novembre 2019 (Semaine 777)
Entrées : 18 841 453
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