Bob Nouvelleville (Amaury Kirdar) est un SDF qui se trouvait dans une cave de New-York City quand "c'est" arrivé.  

Bob n'a jamais aimé les gens. Diagnostiqué sociopathe dès sa plus tendre enfance, il devient une légende... dans son quartier : ses parents parlaient de lui aux voisins, témoignant de son existence et essayaient de l'aimer du mieux qu'ils pouvaient... mais lui, on ne le l'apercevait jamais. Les enfants de son âge avaient fini par le transformer en une espèce de croquemitaine en culottes courtes. Forcément, les parents se l'étaient honteusement réapproprié : "Attention, si tu ne manges pas ta soupe / n'es pas sage, le petit Nouvelleville va venir te chercher et t'emmener dans sa cave." Les parents sont méchants.  

Les Services Sociaux pourtant ne bougèrent pas le petit doigt pour le placer dans un environnement spécialisé. Des parents trop pauvres, largués par les événement et un déclassement social brutal (licenciement) et voici le père qui se suicide. Ils finissent à la rue, avec sa mère qui meurt de chagrin. Ou de pneumonie, on ne sait plus trop, tout se mélange et pour "Bob" cela n'a plus vraiment d'importance : la société est responsable. Responsable de tout. Il ne veut plus avoir à faire avec elle. Son pathos, il n'en veut pas - il veut seulement qu'on le laisse tranquille.  

Il s'enfonce de plus en plus profondément dans sa bulle, ne parle à personne - finit dans les souterrains de la ville : métro, égouts, grottes urbaines et squats.  

Un soir, il se réfugie par hasard dans les caves d'une bibliothèque municipale abandonnée du Queen's, son quartier de naissance. Quand dealers et drogués lui causent problèmes, il commence par s'armer puissamment. Il devient un temps le clodo avec un pompe et dézingue à tout crin ceux qui nuisent à sa tranquillité. La cave est pleine de livres. Le bonheur.  

Quand les "événements" se déroulent à la surface, lui entame l'oeuvre de Camus. SDF mais pas illettré. Agoraphobe mais cultivé. Mutique mais lettré. Tel est... Bob.  

Mais ce jour-là, il se fait mordre par une chauve-souris vampire. Il tombe en léthargie. Il en a pour deux semaines à se remettre, période durant laquelle il se débat dans une chape de brouillard. Quand il se réveille définitivement un beau matin, lui qui n'était déjà pas bien gros a perdu dix kilos. Il se jette sur sa réserve de Snickers et de Tuc.  

Rassasié, il s'étonne de ne plus entendre l'habituel brouhaha quotidien de la surface. Aurait-il perdu l'ouïe durant sa fièvre ?  

Non. Sa première vision de la surface, il la prend comme une bénédiction de Dieu : la ville. Vide de ses habitants. Il en parcourt les principales artères puis "emprunte" un véhicule. Son premier réflexe et de dévaliser une armurerie, puis une épicerie. Le trafic est nul mais les gens ont disparu en laissant leur véhicules - certaines avenues sont impraticables. Sauf à passer sur le trottoir, ce qu'il fait, totalement désinhibé, après quelques instants de réflexion.  

Il s'installe dans un petit hôtel classieux en face de Central Park puis retourne chercher le reste de ses affaires dans la cave de la bibliothèque. Quand il a fini de charger ses centaines de livres dans son véhicule, il avise une coupure de presse : "L'épidémie s'étend." La gazette date de dix jours... Les gens n'ont pas disparu, ils sont juste partis, ou morts. Bob ne peut s'empêcher de réprimer un soupir. Dans sa déception, il jette le quotidien sans s'attarder sur les détails : l'humanité peut bien crever de son génie, il s'en fiche. Si les gens sont partis, ils vont revenir - son répit sera donc court.  

Il jette un coup d'oeil dans le ciel du soleil couchant : il s'étonne de l'absence d'hélicoptère au-dessus de la ville. Les USA sont la nation des hélicoptères - quelle que soit la catastrophe qui les touche, vous en verrez toujours dans le ciel : médias, sécurité civile, armée, société privée... Là, que dalle. Il trouve ça curieux et redémarre son véhicule.  

Du coin de l'oeil, il perçoit des ombres, des cris, des feulements et des mouvements... dans l'obscurité.  

Il y a des choses qui l'observent. Il met les gaz.  

"AAAAAAHHHHHH !!!"  

Bob vient de hurler : des gens, des gens en guenilles, pieds nus avec un regard de braise dans son rétroviseur !!! Qui jappent comme des bêtes affamées... Des nudistes nocturnes !! Instinctivement, il prend le fusil à canon scié sur le siège passager, ouvre sa fenêtre et vise le premier de ces sagouins (c'est que ça court vite, un nudiste). La détonation fuse dans l'air pur de la ville. Le poursuivant vient de perdre une jambe, et continue à ramper vers lui.  

Le claquement a été entendu à des kilomètres de là par le leader de la meute de la 5ème avenue (Trey Curtis Vence). Il n'a pas de nom, plus depuis que le virus l'a transformé en un mort-vivant craignant le soleil (et les croix bizarrement) dont le pouvoir est de se projeter dans le corps de ceux qui composent son clan. Ce sont des êtres revenus à un stade semi-animal, dont l'intelligence est végétative et liée à quelques souvenirs. Lui était un Colonel de l'armée jusqu'à l'épidémie, il s'est donc imposé comme le leader de la meute. A travers les yeux d'un des siens posté au sommet d'un immeuble, il observe le véhicule qui fonce vers le Grand Parc. Le Grand Parc et sa meute dirigée par "l'autre" (Shannon Green), son ennemie territoriale. Il sort de sa cachette, avise ses troupes : la nourriture commence à manquer, il n'y a plus de viande et ils ne peuvent s'entre-dévorer (ils ont essayé) - ils perdent leurs forces, ils vont mourir de faim.  

Celui dans la voiture, il a forcément une famille, des amis, une planque. Et qui dit planque dit nourriture.  

Bob leur a échappé. Désormais cloîtré dans la suite de son hôtel, sa voiture garée dans le parking souterrain, il pose sur les canapés et tables l'ensemble de son artillerie. Alors qu'il compte ses cartouches (de quoi tenir un siège), il perçoit au loin les hurlements de la faune à laquelle il a échappé.  

Les gens ne sont pas partis. Il leur est arrivé quelque chose et sortent désormais la nuit. La faute à cette épidémie sans doute.  

Pour l'empêcher de dormir.  

Pour le faire chier.  

Les gens sont devenus pires qu'ils étaient alors. Combien sont-ils, il l'ignore.  

Mais Bob ne va pas se laisser emmerder. Si c'est la guerre qu'ils veulent, ils l'auront.  

(Script "original", rip-off honteux de Hobo with a Shotgun et I am Legend - tourné dans les studios Mannaya)  

*** Concours Détournement Vampirique ***