Washington DC, 3 juillet.  

L'homme (Ronald Hand) court à en perdre haleine. Il commence à distancer les hommes en noir et leurs chiens (quel pedigree ?). Ils ont réussi à l'intercepter sur le chemin qui le menait au Capitole mais ce n'est pas ça qui va le décourager. Il va leur échapper et ensuite essayer de contacter à nouveau celui qui pourrait le sortir de ce mauvais pas.  

Ce sont visiblement des équipes du Pentagone : il ne connaît pas grand-chose aux services secrets mais il avait lu deux-trois choses à leur sujet et on l'avait un peu briefé avant son départ.  

Le "départ", c'était le premier voyage habité vers Mars. Un vaisseau-cargo d'un nouveau genre, une équipe internationale de scientifiques du civil rodée et lui Clifford DeMoore, Docteur en physique spatiale et astronaute émérite, membre de la NASA depuis 10 ans et ami personnel du Directeur de l'Agence.  

Pendant qu'il poursuit sa course folle passant du quartier chinois encore très peuplé en cette heure tardive aux petites rues étroites (et inaccessibles aux 4x4 blindés) de downtown, change de direction, commence à les semer, il repense à la retransmission en direct Mondovision du lancement de leur beau navire spatial, à leurs sourires à tous. Aux derniers contrôles, à l'installation, au compte à rebours, à ses dernières pensées terriennes pour sa femme Diane (Katy Mills) et ses enfants. Il est marié, représente l'Amérique aux yeux du monde.  

C'était il y a trois jours.  

Et cette navette - ce si bel engin, fruit du génie de l'homme - de piteusement se crasher deux heures après son départ, sur Terre quelque part en Amérique du Sud. "Cliff" serait bien incapable de préciser où, il ne s'en souvient plus.  

Si. Il se souvient avoir été récupéré dans les décombres. Seul survivant de l'équipe partie dans les étoiles. 25 années de travail qui venaient de s'effondrer et le monde avait assisté quasiment en direct à la chute des débris.  

Il se souvient d'un dérèglement des instruments de bord de navigation, de quelque chose qui a intercepté leur course. Houston leur avait signifié peu de temps auparavant qu'un champ d'énergie anormalement élevé nimbait la navette. On avait pris ça pour une erreur de saisie des paramètres gravitationnels. Il ne lui restait plus que des sensations. Une vague sensation que quelque chose déferlait en lui… Le vaisseau avait perdu son cap et explosé juste avant son retour dans l'atmosphère. Feu le Capitaine avait eu le réflexe du retour.  

Et le voici se dépêchant et tombant…  

… dans une impasse.  

Derrière lui, il entend les chiens (je n'ai jamais vu cette race !)  

Dans son esprit, des milliers de questions se bousculent…  

Les hommes seront bientôt là…  

On ne voulait pas qu'ils aillent sur Mars.  

Il se retourne - l'échelle de l'escalier de service de l'immeuble… Il prend son élan…  

Deux secondes plus tard - un bruit de vitre brisée.  

"- Alors, où est-il ?"  

Ramona Shepard (Diane Bensz) est furieuse. Elle dévisage ses hommes dépités - leurs webcams et celles des chiens ne montrent qu'une chaussée sale. Ils sont là, au milieu de cette impasse, à brasser du vide. DeMoore s'est envolé.  

Ils sont sûrs de l'avoir vu se précipiter au fond de cette rue, ce que les caméras de surveillance confirment. Et puis il a disparu. Il ne s'est pas évaporé…  

Autour de ses hommes, les chiens semblent devenus fous.  

Shepard se retourne vers ses techniciens, coincés comme elle dans la camionnette banalisée garée en double-file au milieu du boulevard adjacent.  

"- Demandez aux 'Streamers' de ratisser la zone et passez-moi le Secrétaire d'Etat… Je veux le maximum d'hommes sur cette affaire.  

- Le Président… ?" se hasarde un collègue.  

"- Laissez-le où il est : pour les autorités, DeMoore est décédé il y a trois jours - on ne sait même pas si ce qui est revenu sur Terre est humain."  

"- Qu'est-ce que c'est que ce merdier ?"  

Dans la rue, les hommes en noir viennent de se retourner. Ils braquent leurs puissantes lampes et armes sur un homme (Daryl Emerson) torse-nu, penché à sa fenêtre du premier étage de l'immeuble.  

"- C'est quoi ce bordel les mecs !? Vous avez réveillé mon gosse - et arrêtez de me braquer vos p*$#@`n de torches !  

- Services Secrets - rentrez chez vous Monsieur, la situation est sous contrôle."  

L'homme grommelle quelque chose et referme les rideaux.  

L'homme se nomme Brad. Il est devant ses rideaux refermés. Il baisse la tête, éteint la lumière et murmure :  

"- Ils ne vont pas s'en aller."  

Ses pieds sont en sang. Sur la moquette, des débris de verre. Le verre de la fenêtre que Clifford DeMoore a défoncé en pénétrant dans leur chambre. Dans la pièce, un nouveau-né pleure à chaudes larmes. Un bébé qu'une mère essaye de réconforter tant bien que mal.  

Cliff a bien essayé de sauter sur l'échelle. Il a raté son coup et s'est projeté sur la fenêtre. A quatre mètres de hauteur.  

Impossible.  

DeMoore est toujours par terre, adossé au mur.  

"Merci - désolé pour..." Il jette un oeil sur les dégâts et le jeune couple.  

Sa course-poursuite n'a engendré aucune fatigue, il s'est littéralement envolé en bondissant… Il ne comprend pas. Il commence à paniquer, regarde ses mains - de minces filins électriques commencent à les parcourir, générant une étrange lumière bleutée dans l'obscurité. Il serre les poings, souffle lentement - les filins disparaissent.  

Le jeune noir n'a rien perdu de la scène.  

"- Comment vous faites ça ?  

- Je sais pas."  

Il se souvient d'un bunker, ici, à Washington, où ils l'ont gardé en observation. Comment s'en est-il échappé ? Pourquoi s'en est-il échappé ? L'a-t'on aidé ?  

Une fois dehors, son premier réflexe a été de prévenir sa famille. Grossière erreur : au bout du fil, sa femme avait été traumatisée. Il était en vie alors qu'on lui avait assuré que personne n'avait survécu à la catastrophe ! Ils ont déjà failli l'avoir cet après-midi en traçant son appel...  

Ce soir, il avait rendez-vous avec le Sénateur Brandy (Vivian Wryn) qu'il avait réussi à contacter via mail dans un cybercafé. Là aussi, il aurait du se douter qu'Echelon retrouverait sa trace.  

Il avait été un amateur et c'était normal - il n'était pas Jason Bourne ni un criminel. Que craignait-il d'autres Américains comme lui ? Il était en fuite mais pas mal de choses demeuraient floues. Avait-il reçu un coup à la tête pour que les motifs de son évasion lui soient à ce point brumeuses ?  

Il se releva doucement - il n'était pas fatigué ni blessé mais pour sa sécurité et celle de ceux qui l'aimaient - ou même la famille de Brad, il ne devait plus être repéré…  

Pourquoi ? Quel danger ce bon citoyen pourrait-il représenter ? Il voudrait comprendre qui était derrière cette traque. Peut-être qu'il pourrait essayer de se rendre pour obtenir des réponses - il refusait que quiconque souffre à cause de lui.  

Quels secrets son corps lui cachait-t'il ? Quelle était la nature de ces radiations qui avaient si profondément transformé son organisme ?  

Qu'est-ce qui avait, effectivement, détruit la navette spatiale ?  

Il pensait fuir par le toit - peut-être pouvait-il s'envoler à nouveau ou bondir d'immeuble en immeuble ? - quand le bruit des hélicoptères militaires résonna dans la chambre et le quartier.  

Brad, qui portait son enfant apaisé dans les bras à présent, se tourna vers lui :  

"- Ils sont foutrement bas - ils ne vont pas vous lâcher."  

Répondant au regard apeuré de Clifford, il ajouta :  

"- Vous avez déjà vécu dans la clandestinité ?"  

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Second "super-héros" de l'AriVerse à débarquer dans les salles de Gérardmerveille.  

(Script original, remake de la production sortie sur Cannasucre)