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MMP présente
Ankou in the City

Septembre 1966 - New-York City, USA.  

 

1966 : la Révolution culturelle a commencé en Chine, les premières bombes américaines tombent au Viêt-Nam, les Beatles viennent de donner le dernier concert de leur histoire et tandis que Johnny Halliday tente de mettre fin à ses jours en France, Gaëtan Lamontagne (Amaury Kirdar) arrive dans la ville-monde : la "Grosse Pomme" l'accueille, lui ses fantômes et sa littérature. Depuis son passage en Bretagne à la recherche de ses ancêtres*, l'écrivain aujourd'hui âgé de 55 ans, intéresse les éditeurs et libraires de fantasy.  

 

Son style unique, mélange de mondes parallèles et de réalisme contemporain, fascine le public américain et cette année, S.F., fantastique et merveilleux connaissent un certain renouveau : la première saison de Star Trek passe à la télé, Philip K. Dick vient d'éditer Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, le Batman du petit écran est arrivé dans les salles tandis qu'en Angleterre, Daleks' Invasion, Plague of the Zombies et Dracula Prince des Ténèbres terrorisent les foules. Le macabre et le fantastique sont à la mode (on parle déjà d'une "remarquable prestation" de Raquel Welch pour Un Million d'Années avant Jesus-Christ) et Gaëtan opportunément au coeur de la mode.  

 

Arrivé de Martinique et souffrant du décalage-horaire, il est accueilli les premiers jours dans de nombreuses réceptions par des fans en pattes d'éph', cheveux longs et aux vestes si caractéristiques de la jeunesse de l'époque. La valse des éditeurs et des vedettes qu'il côtoie alors lui fait perdre un peu la tête : lui qui aime prendre son temps est un peu bousculé par le rythme de la ville. C'est qu'à son âge, on a ses petites habitudes.  

 

Profitant de quelques heures de liberté entre deux réceptions, il les met à profit pour se poser un peu. Allongé sur le lit à l'hôtel, il écoute les bruits de la ville les yeux mi-clôts : il a reçu ici, dans ce milieu globalement plutôt intellectuel, un accueil exceptionnel. Malgré sa couleur, malgré le racisme "culturel" de la plupart des américains.  

 

Alors qu'il s'en va sombrer dans un sommeil réparateur, il ressent l'habituelle brise fraîche qui annonce la visite de son "amie" la Grande Faucheuse… Coeur antique de ses romans et qui l'accompagnait depuis qu'il avait pactisé avec elle un soir de la Seconde Guerre Mondiale. Cette faucheuse-là avait soif de reconnaissance, sentait qu'on lui faisait un mauvais procès (elle ne l'exprimait pas ainsi, mais lui le ressentait de cette manière). Il lui avait promis de la présenter sous un jour "favorable" - sinon beaucoup plus "neutre" et moins horrifique - dans ses romans et elle, assez curieuse, lui avait offert un délai supplémentaire. Elle réapparaissait régulièrement quand il croisait quelqu'un qui allait décéder. Là, c'était une première depuis au moins deux longues années.  

 

Lamontagne venait de tourner la tête vers un des angles de mur de sa chambre. La Faucheuse aimait se dissimuler dans les ombres.  

"- Je te sens tu sais, tu peux te dévoiler."  

Un bruissement de tissu derrière lui : il fut surpris de constater qu'elle n'était pas du côté qu'il pensait - on ne jouait pas avec elle. A tourner le cou rapidement résulta pour lui un douloureux torticolis.  

 

Elle était là, au milieu de la pièce, longiligne dans son grand suaire sombre, sa fidèle faux sur le côté. Gaëtan savait qu'elle prenait cette forme parce que c'était ainsi que lui la conceptualisait depuis l'enfance. En fait, elle ne ressemblait à rien de connu. Au loin, des chiens hurlaient à la mort.  

La créature tendait l'extrémité de sa faux vers le récepteur TV. En trois jours de présence, Gaëtan n'avait jamais eu ni le temps ni l'envie d'allumer le poste. Il se leva encore un peu engourdi et le cou douloureux, traversa la pièce et actionna le gros interrupteur.  

 

"… trième crime atroce dans le Quartier de Sheperd's Spring ici à New-York City. La Police évoque déjà l'hypothèse d'une bande de jeunes drogués dégénérés qui profiterait de la proximité des Fêtes d'Halloween pour semer la terreur…"  

Le romancier venait de se retourner. L'ombre et son froid caractéristique avaient disparu. Il se concentra à nouveau sur l'info qui mobilisait la plupart des médias locaux : d'après ce qu'il avait compris, une suite d'atroces meurtres embrasait certains quartiers immigrés de la cité. De manière assez surprenante, la chaîne sur laquelle Gaëtan avait abouti avait envoyé une jeune journaliste, Pamela Rose (Gina Jankel) enquêter.  

 

Voir une si charmante jeune femme pugnace sur place était exceptionnel et témoignait d'une certaine évolution des moeurs. Mlle Rose, invitée sur le plateau, nuançait le discours de son présentateur : on envisageait tout autant une action de groupe que les actes d'un homme isolé. Dans tous les cas, il s'agissait d'un danger public et les Autorités recommandaient la plus grande prudence aux habitants de ces lieux.  

 

 

 

Quelque part au coeur du quartier de Sheperd's Spring dans un petit appartement miteux, celui qui se faisait appeler "La Mort" (Logan Howerton) et signait de cette manière ses actes odieux regardait avec tension le revolver dérobé à sa dernière victime, une petite vieille croisée une seule fois à la Soupe Populaire… Il avait posé l'arme en face de lui sur une table devant laquelle il était assis.  

Il prit l'arme, la glissa dans sa bouche et appuya sur la détente.  

Clic.  

 

"La Mort" (Mitch Mitchum de son nom civil) reposa l'arme, en retira le chargeur - plein - et partit d'un fou-rire hystérique. Une nouvelle fois, "elle" l'avait épargné. Cette vieille salope de Mort qui lui permettait d'échapper à la Police et à l'autorité des hommes… Il regarda à nouveau l'arme, s'arrêtant sur la crosse. C'est avec elle que le crâne de la vioque avait cédé. Avec un petit crac. Ensuite, le crâne était devenu de la bouillie qu'il avait dévorée goulûment...  

 

Le froid l'engourdit à nouveau - c'était le signe de "sa" présence. Il leva la tête : cette vieille pute se tenait en pleine lumière, en face de lui, éclairée par l'ampoule maigrichonne dont le halo nimbait la pièce. La Faucheuse, celui qui se faisait appeler La Mort l'avait toujours envisagée sous les traits de sa défunte mère (Jeanne McCole). Cette fois encore, ça ne manquait pas : celle qui lui avait donné vie et à qui il l'avait ôtée quand la maladie lui fût trop inacceptable, le regardait avec des vieux vides et les muscles relâchés. Elle tendait le doigt vers le téléviseur.  

 

Mitch avait fini par ne plus entendre le son du récepteur - pour lui, c'était du bruit la plupart du temps, sauf pour les épisodes du Plus Grand Chapiteau du monde.  

La chaîne passait un documentaire sur un nègre qui venait d'arriver en ville. Un Français des îles qui écrivait sur la Mort et confrontait ses personnages à des expériences fantastiques décrites dans ses romans. Le gars parlait un anglais hésitant mais semblait heureux d'être là.  

"- Pourquoi tu me montres ça, salope ?" mais elle était déjà partie.  

 

Pourquoi ? Ce n'est pas elle qui choisissait ses victimes, Mitch était libre, le plus libre des hommes depuis qu'il l'avait rencontrée un soir d'avril, alors qu'il venait de sortir de l'hôpital psychiatrique dans lequel il avait passé la moitié de sa vie suite au meurtre de sa mère. Le véhicule allait trop vite, il avait perdu le contrôle, était parti dans le fossé. Mais rien ne s'était enflammé, il s'était désincarcéré et l'avait trouvée là avec les traits de sa mère, assise sur le bas-côté de la route à lui sourire connement, plutôt fière d'avoir attiré son attention.  

 

C'est là qu'il avait fait un deal avec la Mort : une vie pour une vie.  

Il avait changé d'Etats une dizaine de fois depuis : quand elle se rappelait à lui, c'était le signe que l'horloge tournait. Elle réclamait son dû ou bien elle le récupérerait comme elle aurait pu le faire il y a si longtemps…  

Et voilà qu'"elle" montrait ce gars qui avait cette autre relation avec le concept. Il ne lui plaisait pas. Déjà sa couleur. Ensuite, ses idées. Il donnait des dédicaces dans des librairies de gauchistes. Mitch n'avait plus lu un seul livre depuis 20 ans.  

 

Et s'ils avaient eu la même révélation ? Et si ce gars pouvait écrire sur lui ? Donner un sens à sa vie ?  

Il décida de se rapprocher de l'écrivain. A sa manière.  

 

(Script original, *suite de Ankou (2016) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=13139)

Scénario : (1 commentaire)
une série B d'horreur (thriller / fantastique) de Olav Joseph

Amaury Kirdar

Gina Jankel

Logan Howerton

Jeanne McCole
Musique par Leonard Froese
Sorti le 23 août 2019 (Semaine 764)
Entrées : 17 919 227
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=15209