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MMP présente
Rêver par Hasard (Perchance to Dream)

"Je suis parti. Ne cherchez pas à me retrouver. Je vous aime. Adieu."  

 

Ca avait recommencé.  

Dominic Pratt (Maxxie Kanno) parcourait, affligé, le mot griffonné que son père Alan (Alec Lederman) avait laissé sur la grande table du salon. Il avait remis ça. En face de lui, l'inspecteur Cavallo (Raoul Camacho) continuait de l'interroger sur le disparu.  

 

Alan souffrait depuis une dizaine d'années de troubles de la personnalité. Une tumeur au cerveau avait été diagnostiquée. Il avait vu là un coup du sort, était victime d'hallucination, de délire, de comportement schizophrène. A aucun moment, il n'avait souhaité se faire opérer, personne ne lui ayant jamais promis qu'il s'en remettrait à 100%. Il avait toujours vécu avec des certitudes et ne supportait pas que des hommes de science tels que ses neurochirurgiens impliquent une part - même minime - de chance et hasard dans l'équation.  

 

L'entrepreneur australien, très en vue dans les années 2010 (on lui prêtait même des ambitions électorales, c'est dire…) avait tout laissé tomber quand il s'était rendu compte que sa maladie - et son comportement - ne lui permettaient plus de travailler dans de bonnes conditions ou de tenir ses obligations professionnelles.  

De mauvaise grâce et frustré par ce qu'il était en train de devenir, il avait revendu son hôtel particulier, ses actions, ses participations pour partir s'installer ici, dans le Sud de la France. Sa famille l'avait suivi dans le périple, complètement déracinée au coeur de la Provence.  

 

Là, Alan avait vécu comme un reclus mais toujours entouré des siens, laissant la maladie l'envahir peu à peu.  

 

Et de temps à autres, il fuguait pour aller on ne sait où, au gré du vent et de ses humeurs, dépressif mais jamais suicidaire.  

Excédée par ce comportement aléatoire et par le fait qu'il ne souhaitait pas se soigner ni tenter un traitement qui les aurait tous soulagé, son épouse avait fini par obtenir le divorce et une partie de sa fortune. Quitter ses enfants avait été une déchirure mais elle leur avait expliqué que s'ils restaient avec leur père, ce dernier finirait par "les emporter avec lui." Elle les avait donc conjuré de repartir avec elle mais leur détermination était demeurée intacte.  

 

Alan restait seul avec ses deux enfants, Dominic et Laura (Nadia Lai). Sans la mère, la vie s'était organisée différemment, le cadet finissant par prendre des cours par correspondance et Laura un petit boulot près d'ici pour rester près de leur père. Tous les trois vivaient dans la grande bastide, avec parfois la visite d'une assistante sociale / juridique ou de personnel de maison.  

 

Cette disparition soudaine n'était donc pas la première. La Police Municipale de Ste Espagoune finirait par le retrouver, errant dans les vignes proches. On était au coeur de l'été, Dominic n'avait pas pris sa grosse berline allemande - on le retrouverait donc très vite, comme d'habitude. Malgré leur inquiétude, ils en étaient (presque) certains.  

 

Mais cette fois, ça ne se passa pas "comme d'habitude". Après avoir prévenu les autorités et les services sociaux, Laura s'inquiéta de l'absence prolongée. 48h00… Etait-il allé plus loin cette fois ? L'avait-on pris en stop ? Il lui arrivait de croiser des routards et de faire un bout de chemin avec eux. S'était-il blessé ? Tombé quelque part ? En train de mourir à petit feu ?  

Alan, 48 ans avait été sportif et continuait à s'entretenir. L'ancien play-boy de gazette, le "Richard Branson australien" comme on l'avait un jour surnommé, "portait beau". La maladie bien sûr n'était que dans la tête - il était en pleine forme physique. N'empêche...  

 

Au troisième jour, le Juge aux Affaires Sociales avait statué que l'on pouvait déclencher le GPS dont les médecins avaient doté Alan pour le localiser. Mais l'appareil - un bracelet identique à celui des repris de justice - n'avait pas fonctionné, plongeant Dominic et Laura dans l'angoisse.  

 

Pour l'inspecteur Cavallo, il était impossible de remonter la trace d'Alan : il n'y avait aucune plainte (pour le moment) et le papier écrit par Alan - authentifié par les enfants et ses propres services - stipulait que l'ancien businessman ne souhaitait pas être retrouvé et disparaissait volontairement.  

 

Chaque année, des centaines d'individus agissaient de la sorte en France, se coupant de plein gré de leur famille, leur milieu. C'était finalement très banal : Alan n'ayant jamais été diagnostiqué comme malade devant être placé sous tutelle, Cavallo ne pouvait plus faire grand-chose. Sinon conseiller aux enfants l'adresse de son ex, désormais célèbre détective privée. Julietta (Alexandra Dolby) avait plus l'habitude de ce type d'histoires que lui…  

Si elle parvenait à le retrouver, la loi l'obligeait à lui demander s'il souhaitait revenir ou donner des nouvelles. En cas de refus d'Alan, elle se contenterait de remonter un "votre père va bien" qui les mortifierait… Mais au moins, ils pourraient commencer à en faire leur "deuil", se reconstruire.  

 

Pour le moment, Dominic et Laura Pratt flippaient.  

 

 

72h00 après son départ, Alan Pratt déambulait dans les rues de Cassis. Un routier polonais l'avait très gentiment déposé ici après qu'ils se soient croisés à la sortie de Ste Espagoune : le brave avait perdu sa route et Alan avait été tout à fait capable de lui indiquer le chemin menant à la Nationale. Il tombait des braises aujourd'hui et malgré sa sensation de fatigue (il n'avait que peu dormi) et sa gueule de déterré, il traversait la ville comme un somnambule, de manière chaloupée, semblant à l'aise dans l'environnement.  

 

Alan Pratt était devenu Michael Peters - du nom de son ancien collègue quaterback à l'Université - et n'avait pris aucune affaire sur lui : ni sac, ni changes, ni argent, rien qui pourrait lui rappeler son ancienne vie. Il avait tout laissé et attendait désormais que la maladie ou la mort viennent le chercher. En attendant, il arborait un étrange sourire serein qui, malgré ses vêtements qui commençaient à sentir, lui attirait d'autres sourires.  

Sa nouvelle vie pouvait commencer...  

 

(Script original, titre emprunté au monologue d'Hamlet de W. Shakespeare - "- To be or not to be…")

Scénario : (1 commentaire)
une série A dramatique de Valeria Weiner

Alec Lederman

Nadia Lai

Raoul Camacho

Sophia Banks
Avec la participation exceptionnelle de Maxxie Kanno, Alexandra Dolby
Musique par Coralie Leonard
Sorti le 06 septembre 2019 (Semaine 766)
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