- Boston, 2472 -  

Au coeur de la nuit éternelle dans laquelle vivait le monde depuis plus de deux siècles, la lumière ne parvenant plus à traverser l'épaisse pollution qui avait recouvert la Terre, les rues de Boston ne cessaient jamais de grouiller d'une population disparate à toute heure de la journée. Enfermé dans d'immenses tours-quartier, reliées entre elles par des passerelles qui surplombaient le vide, l'Homme vivait désormais loin de la surface de la Terre, qui sans la lumière du soleil était devenue un territoire de désolation. Au fil des ans, les différentes térapoles, entre lesquelles on ne pouvait voyager que par la voie des airs, avaient vu leur population grimper considérablement, et n'avaient cessé de grimper, espérant un jour dépasser cette couche de pollution et atteindre un niveau où la journée se partagerait à nouveau entre le jour et la nuit.  

Dans une ruelle située à l'écart de l'avenue principale, le lieutenant Dean Morris (Bjorn Ferris) était penché sur le cadavre de la jeune femme qui avait été découverte par un passant. La scène silencieuse dénotait clairement avec le brouhaha de la rue voisine, éclairée par les enseignes des commerces restant ouverts vingt quatre heures sur vingt quatre. Par dessus l'épaule du flic, sa jeune co-équipière observait le travail de son collègue, inspectant elle aussi les différents détails sur le corps de la victime. Encore une junkie, à en juger par les signes de piqûres nombreux au niveau du bras.  

Depuis plusieurs années, avec la création de drogues de synthèse, vendues à bas prix, le nombre de consommateurs de celles-ci avait considérablement augmenté, et le nombre de victimes d'overdose également. Pourtant cette fois-ci, la cause de la mort de la jeune fille n'était sans doute pas la drogue. A ses poignets, de profondes entailles ensanglantées en était sans doute à l'origine. Pourtant, comme pour la précédente victime découverte quelques jours auparavant, aucune trace de sang n'était visible autour du corps, comme si on avait soigneusement pris le temps de le nettoyer. Comme la fois précédente, le lieutenant Morris était convaincu que le corps avait été déplacé.  

Attrappant doucement la victime par le menton, le flic fit basculer sa tête sur le côté, et observa deux petits points rouges au cou de celle-ci, comme pour la précédente. Intriguant. En se relevant, Dean Morris soupira à l'idée de ce que cela signifiait. Car à en croire les éléments qu'il avait en sa possession, ce n'était pas un simple tueur qu'il recherchait à présent, mais un tueur en série.  

Ayant repris du service depuis quelques semaines seulement, Dean Morris aspirait pour le moment à la tranquilité. Ayant été mis en convalescence durant plusieurs mois, le flic se remettait encore doucement du drame auquel il avait fait face. Un an plus tôt, son épouse était décédée dans des circonstances qui restaient encore inexpliquées. C'est à cette occasion qu'il avait apris qu'elle était enceinte de deux mois, une nouvelle qu'elle ne lui avait pourtant pas annoncée. Certe depuis quelques temps son couple n'allait pas très fort, son épouse lui reprochant de consacrer trop de temps à son travail, mais le lieutenant n'avait pas imaginé que ça puisse être à ce point.  

Apprendre ces deux nouvelles coup sur coup l'avait anéanti, et en très peu de temps Dean avait sombré dans une profonde dépression, qu'il noyait dans l'alcool. Devenu alcoolique, le flic n'était plus en état d'exercer son travail, et avait été mis en repos forcé, le temps de suivre une cure de désintoxication. A son retour au commissariat quelques semaines plus tôt, Dean s'était vu affecter une co-équipière, une jeune débutante nommée Teri Walenski (Jessie Forden). Mais si officiellement celle-ci était avec lui pour apprendre à ses côtés, le lieutenant devinait très bien qu'en réalité sa mission était de le surveiller et de rendre compte à son supérieur de son travail.  

Depuis qu'il avait été nommé à ce poste, le commissaire Edward Jones (Benjamin Ziller) se vantait d'avoir obtenu les meilleurs résultats depuis des dizaines d'années, en terme de nombre d'affaires résolues. Il tenait donc à ce que ses hommes soient au meilleur d'eux même pour effectuer leur travail du mieux possible.  

En se voyant confier l'affaire de cette junkie retrouvée dans une ruelle de Boston quelques jours plus tôt, Dean avait très bien compris que comme pour toutes les autres enquêtes qu'il avait menées depuis son retour, son supérieur préférait lui laisser les petits dossiers faciles. Pourtant Dean avait été parmi les meilleurs éléments de ce commissariat. Mais il avait perdu la confiance de son chef suite à ses récents déboires. En découvrant ce second cadavre, a priori tué avec le même mode opératoire que la précédente victime, l'affaire se compliquait cependant, et nulle doute que Jones allait être bien ennuyé de voir celle-ci entre les mains du lieutenant Morris.  

Rentrant chez lui après sa journée de travail, Dean jeta le dossier du légiste, qu'il avait emporté avec lui pour l'étudier, sur la table basse de son appartement, et commença par se verser un verre, qui lui ferait le plus grand bien. Dans ce monde de fou, c'était encore le seul réconfort qu'il parvenait à trouver. Et bien qu'il se soit résolu à contrôler sa dépendance, il n'avait jamais vraiment décidé d'arrêter complètement de boire. Levant son verre en direction de la photo de sa femme, trônant sur le meuble devant lui, le flic en avala une grande gorgée avant d'attrapper le dossier du légiste pour le consulter.  

La jeune femme avait été vidée de son sang, littéralement. Pourtant selon le légiste, les entailles que celle-ci avait au poignet avaient été faites après que la victime ait été ainsi vidée. Or de l'aveux du médecin lui-même, ces deux éléments se contredisaient. Car aucune autre plaie n'aparaissaient, mis à part les traces de piqûres au bras et ces deux autres piqûres plus profondes au cou. Tous les éléments de cet homycide correspondaient à ceux du précédent cas qu'avait récupéré le lieutenant. Nulle doute donc qu'il s'agissait d'un seul et même criminel. Mais celui-ci n'avaient laissé aucune trace derrière lui, pas un seul échantillon d'ADN, ni une empreinte digitale.  

Pourtant avec la technologie dont disposait désormais la police, il était quasi-impossible de passer au travers de tous les tests qui étaient effectués. Enchaînant quelques verres les uns après les autres, le lieutenant passa la soirée à tourner et retourner les différentes pages du dossier à la recherche d'un quelconque élément de piste, et finit par s'assoupir sur son canapé, au milieu du petit appartement où il vivait seul depuis plusieurs mois.  

A son arrivée le lendemain au commissariat, Teri annonça immédiatement au lieutenant qu'ils étaient attendus tous les deux par le commissaire. Sans perdre un instant, les deux flics se dirigèrent alors vers le bureau du chef, qui tenaient à savoir où en était l'enquête, et quelles étaient les pistes qu'ils comptaient suivre. Face au dossier bien maigre qui lui fut présenté, Edward Jones ne fut pas vraiment ravi.  

Pour lui les choses étaient simples. Si Dean et Teri ne parvenaient pas à trouver rapidement une piste à suivre, l'enquête leur serait retirée et serait confiée à un autre flic plus compétent. Or Dean savait très bien à qui Jones faisait ainsi allusion. Depuis toujours, lui et le capitaine Lenny Mason (Matt Ador) se détestaient. Ce dernier avait profité de l'absence de son collègue pour obtenir une promotion au grade supérieur, pourtant tous deux savaient qu'ils se valaient l'un et l'autre. Seules différaient leurs méthodes, et aucun d'eux n'approuvait celles de l'autre. Pour le commissaire, tout ce qui lui importait étaient les résultats. Le moyen d'y parvenir lui importait peu, tand que cela restait légal.  

Déterminé à ne pas voir son enquête échouer entre les mains de l'homme qu'il détestait le plus au monde, Dean trouva là une motivation supplémentaire à résoudre cette affaire. Voyant là d'autant plus l'occasion de prouver au commissaire qu'il était bel et bien de retour dans la course, le flic était plus que résolu à réussir cette mission.  

De retour dans son bureau, il reprit les dossiers des deux victimes et étudia de près à nouveau tous les éléments qu'il avait en sa possession. Ce n'est qu'après plusieurs relectures qu'il remarqua ce détail qui lui avait échappé jusque là. Car la première victime possédait dans ses quelques affaires une pochette d'allumettes sur lequel figurait le logo d'un club de la ville. Or ce même logo se trouvait également au coin d'une serviette en papier retrouvée dans les poches de la seconde victime, et sur laquelle étaient notées des coordonnées. Jusque là, Dean ne s'était intéressé qu'aux coordonnées écrites au stylo sur la serviette, mais à présent, le nom de ce club l'intéressa d'avantage.  

Il s'agissait certe là d'un bien maigre élément, mais c'était le seul point qui pouvait rapprocher les deux victimes pour le moment. Le lieutenant Morris décida alors de se rendre dans ce club pour tenter de découvrir si quelqu'un là-bas connaissait les deux femmes retrouvées mortes. Toujours suivi par sa co-équipière, il emprunta le métro aérien et traversa la ville pour rejoindre rapidement l'endroit où il désirait se rendre.  

La patronne du "Blue Hell", une dénommée Melina Quaid (Dia Fox), accepta de recevoir les deux flics, alors que sa seconde équipe de danseuses se préparait pour le second service. Depuis l'ouverture de son club, Melina Quaid pouvait se vanter d'avoir vu sa clientèle grandir rapidement. Dirigeant le "Blue Hell" d'une main de fer, la patronne imposait le respect auprès de tous ses employés. Selon les rumeurs, cette dernière ne dormait jamais, sans que personne ne puisse expliquer comment elle parvenait à tenir debout malgré ça. Reçus dans le bureau de cette dernière, Dean et Teri lui montrèrent les photos des deux victimes, pour tenter de savoir si la patronne du club les connaissait. Celle-ci ne reconnut cependant aucune d'entre elles. Mais peut-être s'agissaient-ils de clientes. Elles étaient nombreuses à venir chaque jour, et bien que Melina Quaid tentait d'être au plus près de sa clientèle, elle ne pouvait pas connaître tous ceux et celles qui fréquentaient l'établissement. Avant de partir, Dean demanda à la patronne l'autorisation de montrer ces photos à ses danseuses, et de les interroger. Avec un peu de chance, peut-être parmi elles certaines reconnaîtraient-elles au moins l'un des deux visages. Masquant seulement à moitié son ennui, Quaid ne refusa évidemment pas, préférant en finir rapidement avec la police. Elle n'autorisa cependant que Teri à rejoindre les loges des employées pour les interroger.  

Dean terminait son deuxième verre au bar du club lorsque sa collègue le rejoignit. Ils quittèrent alors le "Blue Hell", et ce n'est qu'une fois dehors que Teri fit part des résultats de son investigation au lieutenant. Toutes les danseuses du club avaient affirmé ne pas reconnaître les jeunes filles sur les photo. Pourtant la jeune flic semblaient avoir décelé une réaction chez l'une des danseuses devant la photo de la seconde victime. Elle était convaincue que cette dernière avait menti en affirmant ne pas la connaitre.  

S'agissant là de la seule piste que les deux flics possédaient, c'est sans aucune hésitation qu'ils décidèrent de la suivre. Ils allaient donc commencer par rester en planque près du club, pour attendre la sortie des employées de ce service et suivre cette danseuse, dont Teri avait noté le nom : Faith Witman (Victoria Fitch). Lorsque celle-ci serait éloignée du "Blue Hell", peut-être serait-elle plus tranquille pour répondre franchement aux réponses des deux flics.  

A l'intérieur du club, Melina Quaid (Dia Fox) s'enferma dans son bureau pour passer un coup de téléphone. Sur son visage, on pouvait déceler un mélange d'inquiétude et de colère. Qui était donc ce flic qui venait l'ennuyer au sein même de son club ? Jusqu'à présent, son contact au sein du commissariat lui avait toujours assuré la tranquilité pour ses affaires, et elle comptait bien lui faire savoir à quelle point la situation actuelle la dérangeait.  

Si depuis toujours, les gens comme elle étaient toujours parvenu à vivre avec les Hommes sans jamais se faire remarquer, elle savait que tout cela pourrait tout à fait prendre fin rapidement, à la moindre erreur de leur part. Depuis qu'elle avait mis en place son traffic de sang bourré de drogue, son commerce s'était avéré être très lucratif, sa clientèle auprès de ceux comme elle n'ayant pas cessé de grandir. Car si les drogues de synthèse vendues aux humains n'avaient aucun effet sur ceux dont le sang ne coulait plus dans les veines, le simple fait de boire de ce sang "contaminé" leur procurait une sensation délectable.  

Mais si jamais les Hommes en venaient à découvrir leur existance, Melina savait tout à fait à quels risques cela les exposait. Il fallait donc à tout prix trouver un moyen d'empêcher ce flic de résoudre son enquête.