Les néons du plafond de l'hôpital défilèrent au dessus de son visage. Les voix autour d'elles se firent de plus en plus distantes. Le temps sembla ralentir, alors que le brancard sur lequel elle était allongée filait à toute allure en direction de la salle d'opération. Une sensation agréable envahit alors la jeune femme, une sensation de bien être, comme elle avait toujours cherché à connaître. A ce moment là, elle comprit qu'il n'y avait que dans cette situation qu'on pouvait ressentir cette sensation ultime.  

Elle repensa alors à tout le chemin qu'elle avait parcouru pour en arriver là, à ce qu'elle avait sacrifié. Elle allait sans doute faire souffrir beaucoup de monde dans son entourage, ses parents et son petit ami en premier lieu, et pourtant, elle n'avait aucun regret. Tout ce qu'elle avait vécu ces derniers mois lui avait permis de vivre à fond, libre. Elle avait parfois souffert, c'est vrai. Elle s'était maintes fois interrogée sur ses actes, sur ce qu'elle avait pu pratiquer, mais à présent, elle savait qu'il s'agissait d'étapes qu'elle avait du franchir, qu'elle n'aurait pas pu éviter, pour parcourir son chemin, et découvrir enfin ce qui lui avait manqué pendant tant de temps.  

Melany (Rebecca Faulconer) était une jeune étudiante sans histoire en Economie. Sa scolarité se déroulait tranquillement, sa santé était parfaite, et elle avait un petit ami que beaucoup de filles lui enviaient. Pourtant, bien que la vie qu'elle menait semblait être celle dont toute fille rêverait, elle ressentait une impression bizarre, comme de l'ennui.  

Et puis il y avait ces étranges pulsions, qu'elle n'avait jamais osé avouer à son petit ami Erik (Salomon Kondor), des pulsions qu'elle rejetait elle-même. Les sécrétions corporelles la fascinaient. L'odeur d'Erik l'envoutait. Lorsqu'il revenait de son footing chaque samedi, le corps couvert de sueur, elle s'enivrait de cette odeur, et par dessus tout, elle aurait voulu le lécher pour découvrir le goût de sa sueur, de son "lui" profond. Elle ne parvenait pas à expliquer cette attirance, qui la dégoutait, mais qu'elle ne parvenait pourtant pas à contenir. Lorsqu'elle était seule, elle aimait se caresser intimement, puis se lécher le doigt encore mouillé. Ca avait le goût de l'interdit, et elle adorait ça.  

Elle avait fait des recherches sur le net, croyant qu'elle souffrait d'un problème psychologique, et avait réussi à mettre un nom sur ces pulsions : hygrophilie. Mais elle n'osait pas pour autant en parler. Que penserait Erik si elle lui avouait cet attrait qu'elle avait pour les sécrétions corporelles ? Il la rejetterait à coup sûr ! Il ne comprendrait pas.  

Elle avait donc fait le choix de vivre avec cette frustration. Jusqu'au jour où elle avait croisé Lyne (May Elbez), lors d'une soirée organisée parmi les étudiants de son université. Elle ne l'avait encore jamais vue jusque là, mais parmi les quelques deux cent participants à la soirée, son regard avait été attiré vers cette fille, qui semblait si bien dans sa peau. Car en observant les gens autour d'elle, Melany avait toujours la sensation que chacun contenait en lui des frustrations. Elle se consolait donc en pensant que d'autres comme elle ressentaient certaines choses qu'ils n'osaient pas avouer, que chacun vivait ainsi avec ses attirances contenues.  

Sauf cette jeune fille, qu'elle voyait pour la première fois. Son regard, sa façon de se tenir, de se déplacer, donnaient l'impression d'une femme libre, libérée de toute frustration, et cela la fascinait. Timidement, elle s'était approché d'elle et avait tenté de lancer la conversation. Elles avaient alors gentiment discuté, mais le regard que Lyne portait sur elle, la déshabillant des yeux, avait encore plus troublé Melany.  

Sans trop comprendre comment les choses en étaient arrivées là, Melany s'était retrouvée dans les toilettes avec Lyne, où elles s'étaient simplement caressées et embrassées. Les baisers de la jeune fille avaient réveillé en elle un feu qu'elle ne connaissait pas encore, et qui pourtant lui sembla avoir toujours été là, en elle. Les choses n'étaient pas allé plus loin ce soir là, et elles s'étaient quittées simplement en sortant des toilettes, sans rien se dire.  

Mais durant les jours qui suivirent, Melany ne pu s'empêcher de repenser à la fascinante jeune femme. Elle lui enviait sa liberté. Inconscient des changements qui avaient lieu chez sa petite amie, Erick ne s'appercevait de rien. Comment aurait-il pu ne serait-ce qu'imaginer les pensées qui hantaient l'esprit de Melany depuis quelques temps ? Des pensées qu'elle ne parvenait plus à repousser, qu'elle ne voulait plus repousser.  

Elle avait alors cherché à retrouver Lyne. C'était une étudiante en Histoire de l'Art. Peu de gens la connaissaient vraiment. Apparemment, elle était d'un naturel solitaire et mystérieuse. Lorsqu'elle la retrouva, Melany lui fit part de son envie de la revoir. Lyne l'invita alors simplement à venir chez elle le soir-même. Sans donner plus de détail à Erick, Melany l'informa qu'elle allait boire un verre chez une amie le soir. Il ne s'inquiéta pas plus que ça. Même si le couple avait des amis communs, ils s'étaient toujours permis l'un et l'autre des soirées sans leur conjoint, pour garder un minimum de liberté.  

Lorsque Melany frappa à la porte de l'appartement de Lyne, celle-ci lui ouvrit et lui fit signe de ne pas dire un mot. Silencieusement, elle l'attrappa par la main et la mena vers la chambre. Sans rien dire, Melany laissa la jeune femme lui bander les yeux, puis la déshabiller doucement. Elle frissona en sentant la caresse des mains de la jeune fille sur son corps. Elle était partagée entre un sentiment étrange d'impatience, de découvrir le plaisir qui allait suivre, et la peur de ce qu'elle allait faire.  

Debout dans la chambre, nue et les yeux bandés, elle sentit alors une première main la caressant, puis une deuxième. La chaleur envahit son corps, et à ce moment là elle décida qu'elle s'abandonnerait à celle avec qui elle se trouvait, sans limite. Elle ne réagit même pas lorsqu'elle sentit une troisième puis une quatrième main rejoindre les deux première sur sa peau.  

Ce soir là commença pour elle un long chemin au cours duquel elle allait tester ses limites, découvrir jusqu'où elle était prête à aller, à l'insu d'Erick qui ne se doutait de rien, dans un premier temps tout du moins. Elle allait découvrir que ses limites étaient bien plus éloignées que ce qu'elle imaginait, et que ses proches n'aurait jamais imaginé de sa part également, à elle la jeune fille qui avait toujours été si sage.