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1670 - De Belleville Revient

1670  

 

Les salves de la canonnade battaient leur plein, Marie de Belleville (Nadia Lai) les ressentaient dans sa chair : chaque coup de son vaisseau faisait écho en elle, tel une passe de rein sensuelle. La canonnade : le moment qu'elle préférait de la prise d'un navire. Le moment où l'adrénaline fusait en elle. L'instant d'avant le sang et le combat.  

 

La caraque qu'ils avaient rattrapée avait piqué sa curiosité. Cardona, sa vigie (Robert Chaplure) avait relevé l'absence de drapeau ou fanion - elle aimait le mystère, c'était dans sa nature ; elle avait donc ordonné qu'on accoste la bête ici, dans ces eaux atlantiques, à plusieurs dizaines de milles du Portugal... et que l'on découvre ce qu'elle cachait.  

 

Marie boitillait légèrement depuis qu'un boulet de canon avait emporté peu élégamment sa jambe droite. Ca ne l'empêchait pas de se mouvoir très rapidement et diriger les opérations de la poupe, efficacement relayée par son second, Vargeion (Reginald Attree). L'artisan qui avait conçu sa béquille avait équipé l'objet de parties métalliques, petites cachettes entre autres amusantes fourberies, et même d'une mèche à explosif (en cas d'extrême urgence), afin qu'elle retrouve tout le poids du pied. Malgré tout, cette nouvelle extension d'elle-même était à la fois légère et agréable. Elle lui trouvait même des vertus aphrodisiaques…  

 

"- Ils se rendent sans combattre."  

Elle grimaça : ces gens ne voulaient pas se battre parce qu'ils n'en avaient pas les moyens, ni matériels ni hommes. Ce n'était pas la première fois ces derniers mois qu'ils tombaient sur pareille embarcation.  

La caravelle était à présent arrivée à leur niveau. Elle débarqua avec quelques hommes lourdement armés.  

 

Le spectacle désolant qui s'offrait à eux témoignait du désespoir de pauvres hères. Partout où elle portait son regard, du gaillard avant au château arrière, c'était la même misère : des femmes, des hommes, des enfants… Crasseux, affamés, apeurés. Des damnés de la terre - et elle, Marie de Belleville, dans le rôle du bourreau.  

Son frère d'armes, Le Français (Malcom Stewart) monté à ses côtés, jetait des coups d'oeil inquiets à l'équipage… ou à son absence.  

"On dirait que l'équipage a abandonné sa cargaison - ces gens sont livrés à eux-mêmes…"  

 

Des "esclaves des mers", c'est ainsi qu'on les appelait. De pauvres âmes qui avaient payé cher pour fuir une quelconque zone de guerre et des intermédiaires qui s'étaient évaporés. Le mois dernier encore, ils avaient croisé et pillé le navire de protestants Français en fuite (malgré l'Edit de Nantes sensé les protéger). Et aujourd'hui, il s'agissait de…  

"Crétois. La Vénitie nous a abandonnés au main du grand vizir Ahmed Köprülü… Nous avons fui la mort." Un homme d'église - un catholique nommé Frère De Lubeck (Nicolas Hartnett) - s'était approché d'eux. Son regard pénétrant imposait un respect immédiat.  

Des immigrés politiques - ou religieux. Qui avaient fui la mort pour finir par crever au coeur de l'océan. La réponse du Français fusa :  

"- Curé, on dirait qu'il n'y a pas que les Vénitiens qui t'ont abandonné avec tes ouailles..."  

 

Marie ne faisait pas de politique - domaine trop compliqué pour une oeuvre de piraterie comme la sienne. A bord du Sirena, ils étaient tous malandrins et coupe-jarrets professionnels de pères en fils. Ils écumaient les mers, jouant le rôle peu envié mais redouté de prédateurs. Les plus forts survivaient. C'était la loi naturelle, la loi des mers. La leur. Il n'empêche : en Marie gisait un vieux fond de justice, probablement hérité des gênes de Jeanne, une ancêtre dont elle gardait précieusement le diadème. Une femme forte qui, comme elle, avait pris la mer pour combattre une injustice et avait fini par s'imposer dans un milieu masculin. Mais Jeanne avait été corsaire. Marie avait choisi l'autre voie.  

 

Si leur Code d'Honneur ne prévoyait pas d'aider d'autres navires que ceux de pirates, elle partageait avec son équipage le dégoût des esclavagistes. Et cet abandon de passagers en pleine dérive, cela portait clairement leur trace.  

 

Elle ordonna que l'on prenne possession du navire et qu'on l'escorte vers les côtes. Une fois à terre, ce ne serait plus son affaire.  

Rester au large des côtes Portugaises faisait également ses affaires : ils avaient appris que Colbert (Barry King) en France était devenu Secrétaire d'État à la Marine et avait réorganisé la Royale qui traquait désormais impitoyablement les gens comme eux. Un régiment en particulier avait été missionné pour ramener sa tête, celui de l'Amiral Ribrèche (Chris Baxter), qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam… Pourquoi elle et pourquoi maintenant, elle l'ignorait, mais quelqu'un là-bas avait décidé de rayer d'un trait de plume toute trace de Belleville sur terre comme sur mer.  

Un mystère qu'elle devrait finir par élucider un jour.  

 

Revenu sur le Sirena, Vargeion lui tendit une longue-vue et désigna une direction.  

Au loin, un point noir qu'elle eut du mal à distinguer. Il fallait avoir de bons yeux pour mais Vargeion, borgne, n'avait rien perdu de son acuité.  

"- Ils nous suivent ?  

- Pas nous, eux."  

Le second du moins en était persuadé. Il ne le jurait pas mais commençait à se persuader d'avoir aperçu un navire similaire suivre les Protestants.  

"- Des appâts ?  

- Je sais pas, patronne. On dirait que quelqu'un suit les navires sans défense, de loin, sans jamais s'interposer à leur destruction ou prise d'assaut."  

Marie hésita un instant. Ils allaient accompagner la caraque au Portugal puis reprendraient la mer : elle ne comptait pas lancer son équipage à la recherche d'un vaisseau-fantôme ou d'un courant d'air mais c'était un mystère à éclaircir. Un de plus.  

Ils venaient de virer de cap, direction Setùbal. Peut-être qu'ils parviendraient à recueillir quelque indice au port.  

 

 

Au même instant au coeur de l'Atlantique, parti de la Jamaïque depuis une semaine et fonçant à belle allure vers le Nord, le flibustier Henry Morgan (David Reyes) comptait et recomptait les diamants qui abondaient dans le petit coffre qu'on lui avait remis dans les appartements de son imposant navire. Pirate avant tout, Morgan n'en était pas moins homme vénal : refuser une mission d'un tiers n'était pas son genre, même si le patron se dotait d'un sceau royal.  

 

Morgan avait relu les conditions du contrat : retrouver le gamin, ce môme aventurier, Charles de Burel (Bradley Wieczorek) qui s'était mis en tête de se faire recruter dans la haute piraterie. Les jeunes ! Toujours à contester l'autorité parentale. La mère n'était pas moins que la Comtesse d'Alsigna (Alice Brandon) qui avait eu du mal à tenir la chair de sa chair. Le retrouver entre les côtes d'Afrique du Nord et d'Angleterre relevait du travail de bénédictin, mais Morgan avait de puissants appuis, la somme qu'on lui avait versée était extraordinaire et le job s'annonçait laborieux mais plutôt tranquille.  

Au fond du coffre, la petite gravure à l'eau forte était impressionnante de réalisme : chaque détail de son visage angélique. Il sourit : Charles n'aurait guère de difficulté à jouer la femme dans l'arrière-cale de n'importe quelle barcasse !  

 

Il se demandait juste à quel moment on essayerait de le baiser, lui, Morgan. Plus le temps passait, plus il s'interrogeait - la mer le faisait cogiter : avant de partir, il avait entendu des rumeurs par lesquelles le pirate du Nord des Amériques Robert Dubois (Terry Bubble) était reparti pour l'Europe récemment avec sa femme Caroline Strauss (Amanda Richardson) et son gamin (Lawrence Kruger). Strauss s'était acoquiné de ce pirate de Dubois pour mieux le manipuler et lui soutirer pouvoir et fortune, Morgan le savait bien, lui qui l'avait connue dans le sens biblique du terme… La terre était si vaste - pourquoi fallait-il qu'elle se rapproche à nouveau de lui ?  

 

(Script original, suite de Jeanne de Belleville, Corsaire du Roy (2006) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=2342)

Scénario : (2 commentaires)
une superproduction historique (swashbuckler / aventures) de Kaoru Emilie Liam

Nicolas Hartnett

Nadia Lai

Bradley Wieczorek

Amanda Richardson
Avec la participation exceptionnelle de David Reyes, Barry King, Lawrence Kruger, Jason Salmon, Clement Dolby, Terry Bubble, Brenda Gerrard, Adrian Yusef, Robert Chaplure, Reginald Attree, Tom Kent, Mélodie Duval, Malcom Stewart, Chris Baxter, Alice Brandon
Musique par Scott Fiedel
Sorti le 31 janvier 2020 (Semaine 787)
Entrées : 27 340 606
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