15 juillet 2018, Mégalopole de Gerardmerveille.  

Les brumes. Une barre sur le front.  

Jean Calude (Maxxie Kanno) ouvre un oeil. Puis un second. Après la "nuit de folie" du 14 - avec qui était-il déjà ? Il a du mal à aligner une pensée cohérente - mal de tête...  

En respirant les draps et en tatonnant un peu, encore dans l'obscurité alors que l'extérieur résonne de bruits urbains, il en vient aux conclusions :  

1. que ce n'est pas son lit - celui-la est immense,  

2. qu'il n'est pas chez lui - lui habite dans une résidence,  

3. qu'il n'est pas seul - une odeur entêtante de patchouli...  

Avec qui a-t'il fini la nuit ?  

La question ne serait pas si gênante s'il était il y a deux ans de cela, en fin d'études à vivre comme un étudiant en Commerce.  

Là, il vient de se fiancer officiellement avec la fille de son patron - qui a pour lui de grands projets de reprise de l'entreprise familiale et le prend un peu pour le fils qu'il n'a jamais eu.  

Oh m*rde.  

Il se lève nu comme un ver, s'approche des stores laissant passer la lumière : ça ressemble à l'un de ces quartiers récemment rénovés, dans l'arc Ouest de la périphérie.  

Fichtre : non seulement il n'a jamais mis les pieds ici mais en plus il réside de l'autre côté de la ville, à deux heures de train ! Comment s'est-il retrouvé ici.  

Il cherche ses sous-vêtements, trouve la porte de la salle de bains.  

Il a une tête de déterré. Il cherche des cachets d'aspirine. Rien. Deux brosses à dents. Lui et elle ? Ou elle et ... ? Il se prend la tête entre les mains : faut vraiment qu'il arrête de penser avec sa bite !!"  

Du bruit dans la pièce d'à-côté. Il y a quelqu'un dans la cuisine qui prépare le petit-déjeuner.  

En cinq-sept, il est "beau et propre", s'habille précipitamment et rentre dans la pièce où l'accueille une bonne odeur de petit-déjeuner. Une jeune femme (Demetra Hardy) est en train de préparer des oeufs sur le plat. Elle se tourne avec un grand sourire ravi.  

"- Hello - tou as bien... dourmi ?"  

L'accent est anglais. Il répond par un signe de tête et le sourire le plus charmeur possible, s'assied. Des couverts pour trois personnes sur la petit table du coin-cuisine. C'est un petit studio. Un truc d'étudiante.  

"- Salut tout le monde..."  

La jumelle (Demetra Hardy) de la jeune femme vient de rentrer !! Il se tourne vers elle :  

"- Est-ce que... ?"  

Les deux jeunes femmes rigolent de concert.  

"- Oh oui, Jean - et plousse encore..." répond celle qui prépare à manger.  

Quel jour sommes-nous ? Le 15 juillet. Le soleil est déjà haut dans le ciel, les jumelles viennent d'avouer à demi-mots qu'elles ont passé une excellente nuit avec lui.  

Celle qui vient de rentrer lui tend son portable - il l'avait laissé sur la table de chevet. Immédiatement, il vérifie sa messagerie, pris d'une étrange angoisse et d'un très mauvais pressentiment.  

"Oh, Jean, comment as-tu pu me faire cela !!??!" : c'est Bianca sa fiancée, en larmes - visiblement outrée. Derrière elle, un bruit de fête qui rend le reste du message incompréhensible. "Reçu à trois heures" du matin. Il est midi.  

"Salut Jean, c'est ton beau-père. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?!!? Rappelle-moi immédiatement." : message incisif comme d'habitude de la part de René, le père de Bianca. Le ton est abrupt, ne souffre d'aucune contestation. Il aimerait bien le rappeler, René. S'il savait quoi lui dire. Message reçu à six heures. Autant dire au réveil.  

Dimanche. Un beau soleil traverse la baie vitrée, légèrement entr'ouverte. Il jette un oeil sur la place : des joggers, des cyclistes, des piétons. Tous entre 18 et 25 ans. Une résidence étudiante.  

Qu'est-ce-qu'il a foutu cette nuit ?  

(Script original)