Arcologie : ensemble architectural autosuffisant (énergie, nourriture, élevages) de plusieurs centaines d'étages pouvant abriter jusqu'à plusieurs milliers d'individus. Selon son standing social, l'arcologie peut également disposer - en plus du confort modernes - d'une ou plusieurs galerie marchandes. Les arcologies sont reliées entre elles par des passerelles sécurisées.  

MegArco3 (ancienne Mexico City), 160 millions d'habitants, tous rescapés des grandes pandémies... Une cité-forteresse préservée de l'extérieur, dans le futur.  

Ca avait commencé il y a une douzaine années : Madame Carlson (Carrie Mendel), alors n°2 du Parti de la Voix Sereine avait fait enlever son cadet par les mutants pouilleux des bas-fonds du "Veto", un labyrinthe de galeries (égouts, mines) humides remplies de dangers. Le père Carlson avait envoyé une escouade de gros bras surarmés - sa position dans le conglomérat militaire aidant - et Madame en avait profité pour se donner l'image d'une victime de complot destiné à réduire au silence sa jeune formation politique... Elle avait fait effacer toutes les preuves de la manipulation. *  

Ca avait continué quelques mois plus tard : elle avait envoyé le seul survivant du commando parti récupérer son gosse dans une mission suicide : aller récupérer à l'extérieur des remparts un scientifique exilé nommé Langford Stutdheim. Elle se débarrassait ainsi du dernier témoin de sa magouille (qui avait valu l'opprobre à ses opposants politiques) et d'un penseur qui avait développé toutes sortes de thèses farfelues sur l'évolution de la pensée des créatures qui déambulaient dans le désert.  

Les "Jesus" - ou "morts-vivants" - ou "zombies"... Des saloperies nées des pandémies virales qui n'avaient pas réussi à exterminer la race. Une fois Stutdheim retrouvé, Carlson avait fait tonner le feu nucléaire. Au passage, sa fille et son mari avaient découvert le pot aux roses et il avait fallu les faire taire - un véritable déchirement pour elle. **  

L'élimination de la grosse tête lui avait donné en tout cas un surcroît de crédibilité politique : elle était finalement entrée au gouvernement auréolée de son image de mère-courage (le mari et l'enfant disparus, quel malheur pour cette pauvre femme). Et ça avait continué.  

A chaque fois qu'elle tramait son affaire, il fallait que ce qui barre sa route disparaisse. Et derrière chaque exécution, derrière chaque sale coup, derrière chaque témoin gênant, il y avait la marque d'un professionnel de la disparition de preuves. Ce professionnel était Rick Laundry (Reginald Attree), ancien terroriste devenu Haut-commissaire de l'arcologie dans laquelle résidait Carlson, amant officieux de cette dernière depuis qu'il avait tiré une balle de silencieux dans la nuque de feu-son mari il y a une décennie de cela (pour la fille, ça avait déjà été plus difficile : une sale besogne, vraiment). D'ailleurs officiellement, Mme Carlson avait courageusement tenu le deuil un an et n'hésitait guère depuis à instrumentaliser sa famille disparue (et encore plus le benjamin qu'elle avait fait enlever, devenu aujourd'hui pré-ado à problèmes - et qui n'en aurait pas eu, des problèmes, avec une mère pareille ?).  

Carlson l'avait bien rémunéré pour ses divers services - il avait de son côté progressé dans la hiérarchie militaire qui était au coeur de l'organisation sociale de l'humanité des MegArco, pour atteindre le grade de Général. Il avait constitué une sorte de garde prétorienne autour de la politique, désormais n°1 de "la Voix Sereine" renommée "Le Feu Ardent". Un feu dans lequel la plupart de ses adversaires avaient brulé... Le pouvoir appelait le pouvoir et Laundry s'inquiétait des décisions de plus en plus irrationnelles de sa patronne - l'annulation (pour "raisons de sécurité") des élections avait été la goutte qui avait fait déborder le vase et plusieurs commissions indépendantes commençaient à y regarder à deux fois avant de voter ses lois iniques.  

Mais la place était bonne, bien payée avec pas mal d'avantages en nature - et Laundry un animal à sang froid : il avait tué pour elle, était prêt à recommencer, persuadé qu'il avait joué "le bon cheval" (ce que sa propre vie lui confirmait quotidiennement). Et c'est sans surprise que ce matin là devait démarrer par un appel venant de la Tower of Power gouvernementale. A 05h00, c'était au moins une affaire importante.  

C'était elle - pas particulièrement paniquée, juste froide et distante comme de la glace dans le cas où la ligne aurait été espionnée. Elle requérait sa présence dans son arcologie, dans ses appartements personnels.  

Laundry fit immédiatement affréter un véhicule volant, luxe que désormais seuls les navigants de l'armée pouvait s'offrir : la crise énergétique frappait fort et l'ensoleillement diminuait dangereusement ces temps-ci, la faute à une pollution jusqu'alors inconnue obligeant à revoir la technologie des panneaux solaires et à s'intéresser à nouveau à l'éolien.  

Plusieurs soldats de l'escorte personnelle l'attendaient. Elle-même s'était calée dans un des fauteuils du salon - un de ceux qui vous durent toute une vie - d'ailleurs, il lui semblait qu'elle avait la même position assise lors de leur première rencontre.  

Ce n'était pas bon signe. Debout, elle pouvait exprimer sa colère ; quand elle était comme ça, cela signifiait qu'elle s'interdisait de hurler et invectiver tout le monde.  

Devant elle, la petite table basse en verre était noyée de dossiers. Chacun d'entre eux relatait le décès peu amène et plutôt violent d'un individu. L'ex Haut-Commissaire reconnut immédiatement un des conseillers de Carlson. C'était le dossier le plus récent.  

La personne chargée de l'enquête était issue des Services Secrets, elle se nommait Fo Chang (Victoria Yang) : Carlson n'avait aucune envie qu'elle découvre quoi que ce soit sur les "petites affaires" de la respectée membre du Comité Gouvernemental. Mais le problème est que la Commission l'avait mise devant le fait accompli. Ce matin, à 03h00 tapantes.  

Fo Chang voulait remonter la piste du ou des assassins qui - petit à petit à travers leurs actes - se rapprochai(en)t dangereusement de Carlson. Pour la jeune femme, la politique courait un grave danger. Laundry regardait les dossiers : il ne comprenait pas qu'on ne l'ait pas prévenu plus tôt ! Une goutte de sueur perlait sur sa tempe : et si "on" avait empêché que l'information remonte à lui ? Il prit un dossier au hasard : un gars quelconque de l'administration centrale. Lui aurait pu faire un recoupement et se rendre compte qu'on en voulait à sa patronne, mais non, la police n'avait rien vu. Jusqu'à hier, date à laquelle le proche conseiller avait été exécuté. Froidement. Cliniquement. Un militaire derrière tout ça ? Le modus operandi semblait cohérent avec cette dernière hypothèse.  

Quelqu'un en voulait à Carlson et tenait à le faire savoir - comme un peintre ajoute des touches impressionnistes. Là, les "touches" étaient des cadavres, et chacun d'entre eux un message, un avertissement : quelqu'un venait lui faire la peau et prendrait tout son temps pour ça.  

Rejetant les dossiers sur la table, il la regarda dans les yeux. Elle n'était pas en colère finalement, non - sa première impression avait été fausse. Elle se repliait sur son fauteuil. Elle avait peur.  

Lui qui avait pensé un instant qu'elle pouvait être - à nouveau - derrière une manipulation destinée à tromper son monde, il s'en voulait presque de l'avoir envisagé. Cette femme était dangereuse, probablement folle (qui ne devient pas fou au contact du pouvoir - et pour l'obtenir ?) voire mauvaise mais c'était aussi - et il avait du mal à se l'avouer - ce qui ressemblait le plus à la femme de sa vie.  

Et la savoir directement en danger sans qu'elle fut - une première - à l'origine des événements, la savoir impuissante, lui faisait tourner les sangs comme jamais.  

(Script original, suite des films produits par MMP - cf. ci-dessous)  

* voir VETO (2005) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=24  

** voir Deadworld (2006) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=25