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MMP présente
Celui qui Vient

"- La question n'est pas de savoir comment NOUS allons nous adapter à VOTRE société, elle est de savoir comment VOUS allez vous adapter à l'ordre nouveau."  

 

Studio de radiotélévision KWTV, Seattle - USA, de nos jours.  

 

L'homme qui parle nâcrement à l'antenne prétend se nommer Hyperius Galland (Jack Gyver), fils d'un "célèbre archéologue disparu". L'homme au teint verdâtre se tient devant la présentatrice-vedette de la chaîne, Annette Braccus (Hypollite Stetson), journaliste d'investigation qui a du mal à retenir sa rage et sa colère : elle sait que l'homme qui lui fait face est mortellement sérieux.  

Ces gens, ces créatures de "l'ordre nouveau", elle les a vues sortir des eaux sous l'objectif de sa caméra il y a trois semaines de cela, dans la baie de San-Francisco. Une population de plusieurs dizaines de milliers de créatures qui a commencé à déferler dans les rues, paisiblement et sans un mort. Et qui depuis, se tiennent coi.  

 

La "parole" de ces choses muettes (ou que nous ne pouvons entendre) venues de la mer a été immédiatement relayée par une myriade de cultes jusqu'alors dissimulés ou interdits qui sont brusquement réapparus à la lumière du jour. Chaque jour, plusieurs centaines de nouveaux porte-paroles et de "croyants" plaidaient la cause des "vraies divinités", à vouloir faire tomber les anciennes religions.  

 

"- Je n'ai pas d'autres objectifs que de vous amener à la Vérité. Elle est immanente. Ce qui a commencé annonce de grandes choses."  

Son frère lui en avait parlé il y a de cela plusieurs années - elle en avait d'ailleurs écrit un bouquin : les dieux de l'ancien temps, arrivés bien avant l'homme, tombés lors d'une grande confrontation face à la "Grande Race" de l'espace.  

Au début du 20ème siècle, il y avait eu les délires psychotroniques d'Howard Philip Lovecraft, au début du 21ème, Augustus Raleigh (Hubert Dupontal) avait pris le relais - d'une manière beaucoup moins artistique et littéraire, acquérant au passage le statut de "terroriste" auprès du FBI. On avait mis les actions de son groupe sous le coup de la recrudescence de spiritualité liée à l'Ere du Verseau.  

C'était des conneries - ces "choses" attendaient juste le bon moment : on avait pris Lovecraft pour un écrivain talentueux mais un poil aliéné - là aussi on se trompait : il n'était qu'un médium détaillant les choses à venir. La théorie se valait ; elle avait valu à Annette de nombreux prix.  

 

Mais ces hommes - ceux qui attendaient ces créatures comme si leur absence n'avait été finalement qu'un intermède entre deux dominations millénaires de la planète - ces hommes, faisaient-ils encore partie de l'humanité ? Parfois, au cours de leur conversation, ils semblaient tout-à-coup "déconnectés" : ils avaient alors un regard vague, comme s'ils écoutaient quelque chose qui leur indiquait quoi dire, quoi faire. La sensation était troublante : ces gens pouvaient être de votre famille, votre voisin de palier... Comme si d'étranges tares génétiques venaient de se rappeler à votre arbre généalogique.  

 

La transformation intervenait jusqu'à l'aspect physique : les "possédés" (comme Ed (Raoul Salmon), l'ami flic d'Annette les appelait) voyaient leur peau se distendre, prendre des teintes maladives, la peau devenait squameuse ou lisse, toujours imprégnée de sueur ou d'humidité. Le corps médical se perdait en conjectures, le discours devenait souvent plus difficile à appréhender, ratissant des concepts flous. Flou jusqu'aux traits du visages qui s'effaçaient parfois complètement.  

 

Pourtant le temps pressait : si la Californie avait relativement "bien" accueilli ces immigrants d'un nouveau type (paradoxe alors qu'eux-mêmes étaient incapables d'articuler la moindre phrase cohérente, leurs partisans en faisaient les "premiers vrais habitants" de la planète), on savait que l'état d'urgence avait été déclenché dans plusieurs états du centre et de l'Est : la Garde Nationale veillait sur NYC, le Président avait été évacué de Washington DC pour une destination inconnue, le Texas et Iowa ne reconnaissaient pas ces individus comme humains 'et les traiterait comme tels'. Une partie de l'Amérique bénissait son Deuxième Amendement (celui qui en faisait une nation armée), une autre priait dans son coin, la majorité de la population restait attentiste, comme en état de choc suite à la découverte que nous n'étions pas les seuls à devoir partager la planète.  

 

Ce "débarquement" touchait tous les continents : on savait qu'en Afrique, les états et populations étaient partagés entre la croyance en des traditions ancestrales orales qui évoquaient ces créatures, et la peur - et son corollaire, le génocide. L'Europe avait eu une attitude volontariste d'accueil mais se heurtait à l'incompréhensible attitude de ces créatures. En son sein, seules l'Italie, l'Espagne et la Pologne avaient déployé des moyens militaires - sous la pression du Vatican - pour contenir cette arrivée, considérée comme hostiles par leur gouvernement.  

 

En général, les pays croyants non-animistes voyaient ces hommes-poissons d'un sale oeil. Heureusement pour ces derniers, 50 années de consumérisme laïque avaient largement émoussé le fait religieux en Occident : cette arrivée en force, doublée de la parole d'adeptes plutôt convaincants, offraient un boulevard à cette nouvelle croyance.  

 

Car l'arrivée de quelques millions de créatures à l'apparence vaguement humanoïde n'était qu'un préalable à une révélation d'une plus grande ampleur : viendrait le temps où les nouveaux maîtres débarqueraient et asserviraient l'humanité.  

"- Je n'y peux rien, c'est écrit. Il vaut mieux s'y préparer." ajouta Galland.  

 

 

Charlotte (Johnana Travlota) regardait l'émission. S'il n'y avait pas eu ces... trucs à poil en bas de la rue qui déambulaient et faisaient fuir le client, elle aurait bien pris ce gars pour le taré de l'année. Mais non : ses paroles résonnaient douloureusement. Charlotte avait reçu de consigne de son frère Ed de rester cloîtrée dans son appartement, "jusqu'à nouvel ordre". Ed détestait que Charlotte arrondisse ses fins de mois en faisant le tapin mais avait réussi jusqu'à présent à lui éviter les ennuis avec la police de Seattle.  

 

Seattle. Les choses étaient remontées de Oak Island, passant par le Canada pour atteindre leur côtes. C'était encore la faute du Canada se dit-elle dans un sourire. Avec ce "peuple de l'eau" se rajoutait l'angoisse d'un inconnu vraiment... inconnu. Berk! Rien qu'à voir leurs gueules de poisson, leurs corps plein d'écailles vaguement humanoïdes et leur odeur, c'était la criée dans la rue tous les jours. Et avec le soleil en journée, la puanteur régnait désormais à toute heure : ces choses ne dormaient-elle jamais ? Et qu'est-ce qu'elles attendaient ?!?  

 

Son portable sonna : c'était le collègue d'Ed, un dénommé Bo (Daryl Emerson) : la voix semblait paniquée, elle entendait indistinctement d'autres personnes hurler derrière lui. Il lui cria qu'il venait la chercher maintenant. Il raccrocha violemment, laissant "Charlie" sur le lit, décontenancée et complètement tétanisée.  

Elle regarda par la fenêtre - ce soir encore, les choses continuaient à déambuler. Il n'y avait plus âme qui vive à l'horizon, comme si elles s'étaient rendues définitivement maîtres de l'espace public.  

 

 

"- Eteignez ce poste, merci."  

Le supérieur de Nadia Fordham (Elaine Chusid), le Colonel Roger Garneau (Jean Dupont) était d'une humeur massacrante, Nadia coupa le sifflet à Hyperius Galland et à la présentatrice du talk-show et se reconcentra sur la réunion du soir. Ici, au siège de la NSA de la capitale fédérale, on avait clôt portes et fenêtres, l'armée se tenait prête à faire feu sur tout individu - suspect ou non - qui s'approcherait du périmètre à moins de 50 m. L'aviation et les forces spéciales avaient été mobilisées, les casernes remplies par l'ensemble des réservistes et le Pentagone était à deux doigts de décréter l'état d'urgence maximum dans tout le pays.  

 

Nadia venait de prendre connaissance des derniers développements mondiaux de la crise : une fatwah avait été lancée par dix pays moyen-orientaux sur ces créatures et certains leaders là-bas se voyaient bien faire d'une pierre deux coups avec Israël. L'état hébreu avait de son côté déclenché l'état d'urgence et renforcé (si cela était encore possible) l'imperméabilité de ses frontières. La Corée du Nord établi un black-out de ses communications ; les pays de l'Est de l'Europe, en général observaient la réplique du géant russe dont le premier ministre avait décrété que l'arrivée de ces choses "menaçait l'humanité". Certains à travers le globe semblaient avoir fait de ce peuple des bouc-émissaires faciles. Nadia aurait menti en disant que cela n'arrangeait pas leurs propres affaires - au moins les problèmes géopolitiques passaient un peu au second plan.  

Elle n'avait pas compris - comme ses supérieurs - le petit jeu qu'offrait l'Europe et certains pays d'Afrique, de Scandinavie et d'Amérique du Sud à vouloir tendre la main à ces créatures. La politique de la main tendue, pour humaniste qu'elle fût, ne correspondait vraiment pas aux discours que tous les cinglés - bien humains, ceux-là - répandaient à travers les médias.  

 

Car cette arrivée en précédait plusieurs autres. Le FBI interrogeait en ce moment plusieurs leaders "cultistes" qui l'avaient ouvert un peu trop rapidement dès l'apparition des premiers "hommes-poissons" sur les côtes (Dieu seul savait combien en rôdaient, encore dissimulés dans l'anonymat). Radios, TV, internet - ils étaient une plaie pour le moral de la nation. En général, quand un phénomène catastrophique ou millénariste (Comète de Halley, 2012, ère glaciaire, etc.) pointait le bout de son museau médiatique, on avait droit à un défilé de tarés prêchant pour leur porte-monnaie mais ne racontant que des sornettes bien à eux. Ici tous les "gourous" à deux balles interrogés présentaient le même discours, comme un discours parfaitement rôdé avec peu de variations : le jour arriverait où Celui qui Vient se réveillerait et imposerait à nouveau une domination sans partage.  

 

Nadia elle-même avait interrogé Tamara Winter (Summer Green) dans les locaux du bureau d'Olympia. Winter était une femme qui prétendait s'être faite engrosser par une de ses créatures. Pas de drogue dans les veines, pas de casier, pas de passif familial, bonnes conditions de vie : la petite Tamara en savait un poil plus que les autres, son discours était étrangement rigoureux, ce qui n'en était que plus effrayant : la minette avait été major de promo à Harvard (tous ces "cultistes" en général provenaient de sphères sociales relativement favorisées, ce qui n'aidait pas à leur arrestation et renforçait la crédibilité de leur discours auprès des esprits faibles) en section scientifique : elle racontait les mêmes bobards que les autres, mais y ajoutait une touche étrangement personnelle :  

 

Il n'était pas seulement question d'humanité - à la limite, son extinction programmée à terme par le mélange des races de la mer avec elle était un point de détail peu digne d'intérêt - mais d'une domination universelle qui démarrait à partir de notre planète. "Celui qui Venait" avait un sérieux compte à régler avec d'autres adversaires - pas plus connus de nous que ne l'étaient ces monstres - les hommes se trouvaient juste au milieu d'un conflit qui avait duré des eons. C'est la période de calme qui avait suivi la défaite de "Celui qui dormait" qui avait permis à l'Homme de se répandre ici. A la limite, nous étions juste une erreur de timing : le taulier revenait relever les compteurs !  

 

La théorie, pensait Nadia, avait un je ne sais quoi de fascinant : si elle remettait en cause 25 000 années d'histoire, elle pouvait éclairer certaines zones plus sombres de notre passé et offrait une base à pas mal d'énigmes anthropologiques encore floues...  

Mais Nadia était avant tout une gardienne de la Sécurité Nationale : les cinglés, on les enfermait ou on les mettait hors d'état de nuire. Elle avait reçu ordre de transférer Winter et plusieurs autres "cultistes" dans une prison de haute-sécurité à South Hills demain matin. Là, elle comptait continuer à l'interroger sur les us et coutumes de "Celui qui venait"...  

 

 

A plusieurs milliers de kilomètres de là, au sein du Couloir de la Mort d'une prison d'état dans laquelle les autorités fédérales l'avaient parqué, Augustus Raleigh - terroriste condamné - hurlait à travers l'obscurité qu'ils n'avaient rien compris, qu'ils devaient le libérer car seul lui était en mesure de sauver l'humanité...  

Ils s'étaient tous trompés depuis le début. Lui le premier.  

 

(Script original, largement inspiré des écrits d'Howard Philip Lovecraft)

Scénario : (3 commentaires)
une superproduction d'horreur (Epique / Drame) de Logan Berger

Raoul Salmon

Elaine Chusid

Johnana Travlota

Summer Green
Avec la participation exceptionnelle de Ronald Mirren, Hubert Dupontal, Jean Dupont, Ninna Miretto, Daryl Emerson, Jack Gyver, Hypollite Stetson, Jessie Forden
Musique par Klaus Bernard
Sorti le 07 juillet 2018 (Semaine 705)
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