Tanid Robertson (Jessica Hart) est une veuve noire. Elle séduit les hommes, les amène dans sa tanière - un loft cossu au dernier étage d'une des tours de la Défense, à Paris -, pratique un art consommé de la copulation avec eux. Au moment où elle commence à ressentir du plaisir et de l'attachement, elle se transforme. Et finit par les manger. Littéralement. Crus. Dans le restant de la nuit.  

Tanid n'est pas une nymphomane psychopathe, c'est une "ashay'aar", sorte de succube zoomorphe particulièrement vorace dont la Bible a gommé toute trace. Ceci, elle l'ignore : pour elle, c'est juste une malédiction pour laquelle elle ne se sent pas de taille. Elle aimerait rentrer "chez elle", son vrai chez elle - si jamais un tel lieu existe. Mais elle est perdue au milieu des hommes, sans aucun souvenir de sa vie d'avant et sans aucune attache.  

Tanid a perdu la mémoire dans des circonstances troubles et son instinct lui crie qu'elle déteste les humains. Elle ne ressent aucun plaisir à l'acte sexuel mais voudrait tant être aimée... Elle est juste une machine à fabriquer des hormones pour ses partenaires - une machine à baiser. Peut-être attend-t'elle son "mâle dominant", tout en sachant qu'il ne viendra jamais - espèce oblige.  

En attendant, elle passe son temps à faire du shopping dans des boutiques de luxe, se faire belle en prévision de la prochaine soirée. Tous les mois, elle reçoit un virement sur son compte. Quarante-mille euros - ça non plus, elle n'a jamais compris pourquoi : qui est celui ou celle qui trouve un intérêt à maintenir son train de vie ? Même son banquier a refusé d'en dire plus. Elle a failli le manger pour la peine mais s'est retenue. L'homme lui a cependant assuré que ses biens étaient patrimoniaux et son argent "issu d'un héritage". Elle était donc héritière - mais de qui ? Pourquoi ? Et cela était-t'il seulement vrai ?  

L'avantage de dévorer ses victimes, c'est qu'elle ne laissait jamais aucune trace derrière elle : les os et les parties les plus fermes étaient dissous par ses sucs digestifs et la mort est rapide, instantanée - pas de cri, pas de douleur excessive, pas de drame ni de pathos. Elle savait d'instinct qu'elle pourrait jouer avec eux, les torturer des heures et des jours entiers. Elle a résisté à cette pulsion jusqu'à présent : personne ne lui a jamais fait de mal, et Tanid n'est pas une mauvaise personne. Elle est juste née comme ça.  

De temps à autre, elle se transforme en arachnide sans pour autant ressentir de besoin sexuel particulier. Elle ne se risque alors jamais à l'extérieur. Quelle surprise se serait pour un voisin entré à l'improviste dans le salon que d'observer cette sombre créature bulbeuse de plus de 60 kilos, à huit pattes, en train de lire le dernier Marie-Claire !  

Jamais aucune autorité policière compétente n'a pu établir de lien entre Tanid et ces disparitions qui inquiètent le "monde de la nuit parisien". Récemment, sans le savoir, elle a dégusté un jeune écrivain très en vue - cette disparition a réveillé les soupçons de la romancière criminologue Rhane Gorce (Ayesha Kapoor) - qui n'a jamais vraiment pu s'intégrer à la vie de la Capitale (c'est une "ch'ti") - sur l'hypothèse d'un tueur en série fréquentant les lieux interlopes les plus célèbres et branchés de la ville. Rhane en a parlé à l'un de ses confidents, le jeune chanteur Matthieu Dupneu (Sylvain Barré) et à défaut d'une enquête sérieusement diligentée, a décidé de mener l'investigation par elle-même. Accompagnée par Matthieu, curieux, dont les tendances gays ne sont plus un secret.  

C'est donc dans une discothèque du Sentier que les deux femmes se rencontrent. Totalement par hasard, mais pas sur le dancefloor pourtant bondé. Les sentiments de Tanid l'ont attirée vers Matthieu, mais ce dernier est un peu une sorte de chasse gardée pour Rhane - c'est surtout, pour le moment, son fidèle "sidekick" dans son enquête. Rhane trouve tout de suite cette Tanid fascinante. La jeune écrivaine n'a jamais caché sa bisexualité et dans le cours de la soirée, le trio s'amuse, largement sous l'emprise des phéromones de Tanid.  

On finit la nuit à trois au lit, chez le jeune Dupneu.  

Le lendemain, quand Tanid se réveille, elle trouve deux êtres amicaux et souriants à ses côtés - et surtout vivants : pour Rhane, l'enquête n'a pas avancé d'un iota mais elle a rencontré une amante formidable. Pour Matthieu, c'est une révélation hétéro foudroyante. Les trois nouveaux amis refont ainsi l'amour durant toute la mâtinée. Et Tanid connaît plusieurs fois le plaisir sans jamais ressentir l'envie de tuer : elle en pleure de joie.  

Ils mangent ensemble, plaisantent, s'échangent leurs numéros, promettent de se revoir, sortent de chez Matthieu. Chacun retourne vaquer à ses occupations du samedi, tantôt en Vélib', tantôt à pied, tantôt en métro.  

Ce beau triangle amoureux ne se rend pas compte qu'il est espionné par un paparazzi de la pire espèce : Lazare Brown (Robert Chaplure) qui observe depuis une semaine les faits et geste du jeune Dupneu - ordre de la rédaction de l'hebdo à scandale Infidèles et Santiags. Il shoote à 3 images/secondes le trio qui s'embrasse : ainsi donc, le minet du TOP50 sort avec la nouvelle Agatha Christie. Mais qui est cette "bombasse" qui les accompagne ? C'est assez étrange pour Lazare, il lui semble l'avoir déjà vue...  

Mais à quelle occasion ? Il s'en occupera plus tard - d'abord, il doit "planquer" le chanteur de charme. Mais le visage de Tanid lui revient trop souvent en tête pour ne pas le troubler.  

Tandis qu'il s'interroge en démarrant le moteur de sa Smart, il ne remarque pas l'homme habillé en touriste qui le prend en photo.  

(Script original, tourné au Geminon Studio)