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MMP présente
The Perfect Lolicon

"- Lolicon, c'est pour pas dire pédophile ?"  

La Commander Shufu (Hypollite Stetson) n'était pas du genre à prendre des pincettes avec ceux qu'elle n'aimait pas. Et dans cette boutique de "jeux et créations artistiques d'extrême-Orient", on sentait monter en elle une bonne vague de mauvaises ondes. Il valait mieux éviter de la croiser dans ces moments-là. La Commander était tunée des pieds à la tête, la moitié de ses membres ayant été remplacés par des extensions cybernétiques - merci aux guerres orbitales des années 30 !  

 

Le vendeur avait eu beau essayer de lui expliquer que c'était de "l'art fantasmatique" et que les grecs ou les chinois faisaient ça depuis des millénaires, ici, elle sentait bien que quelque chose ne passait pas : l'odeur de sueur, l'absence de climatisation ("chez le réparateur") en cet été orageux et le public concerné. Ah ! - la clientèle : des jeunes célibataires de 15 à 50 ans, boutonneux, un peu tête à claques, qui la mataient avec insistance - et lui donnaient l'impression de se trouver dans un sex-shop glauque de la 35ème.  

 

Impression renforcée bien sûr par l'iconographie qui l'entourait : de la pornographie infantile sous forme graphique issue des "hentai", tendance lolicon (lolita complex) de la BD nipponne que le monde entier avait récupérée et qui avait été à l'origine des lois assouplissant la représentation graphique de l'acte sexuel. Shufu avait toujours pensé que les politiques avaient été fous de baisser la garde face aux lobbies de la pornographie des mineurs.  

 

Mais nous étions en 2046 à Echo City, USA. Autant dire que l'innocence n'avait plus court nulle part.  

 

"- J'ai toutes les autorisations - mon commerce est légal et mes clients d'honnêtes citoyens." Le vendeur s'était quelque peu ragaillardi devant ses consommateurs et ce grand échalas essayait de lui rendre la monnaie de sa pièce. Que lui reprochait-on finalement ? Rien. Aucune preuve, aucun indice n'avait été retrouvé et ce commerce, effectivement, était autorisé.  

Et pourtant - Shufu traquait un tueur en série qui rencontrait ses futures victimes sur les réseaux Uni-Brain de "réalité virtuelle augmentée" comme ils l'appelaient... Des amateurs de fillettes dans des situations équivoques se faisaient piéger puis massacrer avec une sauvagerie inouïe. A la limite, elle était là pour protéger ces gens.  

 

On avait commencé par interroger les "Groupes de Citoyenneté" qui militaient contre la pornographie sous toutes ses formes - ça n'avait rien donné : Shufu avait son idée que l'individu connaissait bien le milieu, l'avait régulièrement fréquenté à un moment donné, et qu'il pouvait être une femme autant qu'un homme : un père traumatisé, une ancienne victime, un ex-fan qui avait complètement pêté les plombs.  

 

Tout était possible : la fréquentation de l'Uni-Brain avait rendu des centaines de gens complètement tarés à travers le monde, précipitant leurs psychoses dormantes ou créant de nouvelles névroses. Une paille à côté des avantages qu'offrait le service - une méthode efficace de contrôle social que Shufu considérait personnellement comme l'invention la plus dangereuse créée par l'homme depuis celle de l'arme nucléaire.  

L'Uni-Brain, c'était Matrix - ce vieux classique de la sci-fi du siècle dernier - en vrai : tout y était possible, jusqu'à l'arrêt cardiaque quand vous ne distinguiez plus la fiction du réel.  

 

Mais ces amateurs d'iconographie infantile déviante avaient rencontré leur bourreau pour de vrai. Et Shufu se demandait comment rien n'avait pu être récupéré sur son parcours le jour des assassinats alors qu'aujourd'hui tout passait par le filtre de l'auto-contrôle et de la surveillance en ligne, des caméras automatiques et des serrures biométriques. Chaque victime avait été retrouvée chez elle - celui ou celle qui les avait visités n'était nulle part, sur aucune bande, aucun enregistrement. Seuls les messages - et encore pas tous, et cryptiques - des échanges entre la victime et son boucher avait été récupérés.  

 

Le patron du Commander, le Haut-Commissaire Jordan Kazmeier (Benjamin Ziller) avait dans l'idée qu'il - ou elle - n'était probablement pas seul(e) et/ou avai(ent) bénéficié de complicité - au sein même de la Police ou d'une institution d'ampleur de type crime organisé (comment expliquer alors les traces toujours soigneusement effacées derrière son passage ?). Une hypothèse que le reste de la hiérarchie rejetait en bloc - Kazmeier avait toujours été un franc-tireur.  

 

Tandis que Shufu continuait à cuisiner le tenancier de la boutique de moins en moins poliment, sa collègue Amalia (Aimee Rórshach) observait la scène avec un peu de recul. Aujourd'hui, avec le développement des réseaux, plus rien n'obligeait un "pervers" de sortir - il lui suffisait de se connecter à l'Uni-Brain et basta! Les gens qu'elle voyait dans cette boutique avaient fait l'effort de bouger leurs fesses et se déplacer pour socialiser avec d'autres êtres humains. Est-ce que ces gens-là, à visage découvert, étaient plus dangereux que ceux qui tournaient en rond dans leur bureau/chambre en face de leurs machines ? Elle sentait que l'enquête faisait fausse route, mais la personnalité de Shufu souffrait peu de contestation et Amalia était encore une novice dans le métier. Shufu, elle, avait navigué dans l'espace, été militaire, vu des choses tellement extraordinaires...  

"Mali" se contentait finalement de n'être qu'une ex-gamine de la rue qui avait eu un peu de bol.  

On ne parla pas beaucoup sur le chemin du retour.  

 

Au QG de la Police Métropolitaine (une des dernières de l'Etat qui n'avait pas encore été privatisée), Kazmeier les manda dans son bureau. Il leur présenta Childeric Goldfremm (Barclay Glau), bombardé consultant sur l'enquête. Ordre du Haut-Commissaire lui-même.  

Goldfremm mit carte sur table dès le départ : il avait été condamné à 10 ans de taule pour pédophilie aggravée au Texas, avait purgé sa peine et parlait désormais à Jesus-Christ son Sauveur tous les soirs avant de se coucher. Mais il avait gardé des contacts dans le milieu à la demande de son avocat, et avait participé depuis à l'arrestation de plusieurs prédateurs sexuels avec la Métropolitaine. Il se sentait à nouveau prêt à en découdre.  

 

Pour Shufu, on faisait fausse route : on avait pas à capturer un pervers mais quelqu'un qui les découpait en tranches - pas forcément le même profil. Amalia proposait de son côté de prendre la "persona" virtuelle d'un être particulièrement malsain, histoire d'attirer le tueur - pour cela, elle aurait besoin des conseils de Childeric.  

 

Le problème de Shufu n'était pas tant qu'on lui refilait Goldfremm entre les pattes ou les avances de "Mali" à son encontre (c'était du moins l'impression qu'elle donnait - à moins que ce ne fut qu'une adoration passionnée), c'était aussi et surtout qu'elle avait du mal à se souvenir de ce qu'elle faisait la nuit.  

Comme le Docteur Schnitzler son médecin traitant (Manfred Ribic) l'avait souligné, elle souffrait de somnambulisme aigu et si elle se réveillait toujours dans son lit, elle avait du mal à expliquer pourquoi ses vêtements étaient parfois tachés de sang ou sa penderie en bordel. Ses mauvaises nuits la fatiguait et la rendait nerveuse. Elle imputait ces problèmes à un mauvais câblage neuronal (pour la révision, ça attendrait un peu : ces trucs coûtaient un bras à entretenir) qui la "déconnectait" même exceptionnellement parfois en plein jour.  

 

Le problème de ses nuits, c'est que si elle sortait bien de son appartement comme l'attestait l'état de ses vêtements ou de ses chaussures, elle n'en avait jamais trouvé de preuve, alors même que son immeuble était truffé de caméras !  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série A policier (Anticipation) de Daniel Sbrizzi

Barclay Glau

Hypollite Stetson

Sylvain Barré

Aimee Rórshach
Avec la participation exceptionnelle de Manfred Ribic, Benjamin Ziller
Musique par Lou Hunter
Sorti le 01 avril 2017 (Semaine 639)
Entrées : 25 160 758
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=13628