2040 - Liège  

Leland Karunesh (Logan Kordic) est sur son lit de mort. Victime d'un cancer des testicules mal soigné, il agonise aux frais de l'Assistance Publique Belge qui a décidé de stopper l'acharnement thérapeutique - sans compter que la mutuelle de Leland est faiblarde et son héritage ridicule.  

Entre deux crises et trois spasmes, il prend le temps d'observer ce qui l'entoure, son "petit théâtre de la mort" : les allers et venues des plantureuses infirmières (à moins que ce ne soit son cerveau qui les rendent si sexys), le désespoir chronique des visitants, les petites manies des autres morts en sursis qui composent ses relations sociales actuelles...  

De temps à autres, son arrière petite fille (comment s'appelle-t'elle déjà ?) (Stephanie Rosenmeyer) et une visiteuse médicale anonyme (Stephanie Martinez) viennent le voir. Quand il n'est pas trop stoned par les drogues médicamenteuses, il aime à leur raconter l'oeuvre de sa vie.  

Est-ce lui qui parle ? Son inconscient ? Un peu des deux. Il imagine désormais toutes les femmes à travers les courbes charnelles de sa visiteuse (pourvu qu'il n'apprenne pas que c'est quelqu'un de sa famille). Chaque fois qu'elle est présente il lui susurre d' "éloigner les enfants" car ce qui suit n'est généralement pas piqué des hannetons.  

L'homme a eu une vie bien remplie de commercial itinérant pour des ordinateurs portables de type "netbooks". C'était avant le grand Internet Breakdown, le taux de pénétration de ce type d'objet au sein des ménages européens atteignait des records et les affaires florissaient.  

Leland se remplissait la bourse tout en les vidant. Son taux de pénétration atteignait lui aussi des records.  

L'individu tombait en effet sur une énorme quantité de femmes au foyer, délaissées et jamais contre l'idée d'un 5 à 7 crapuleux, la grande époque des MILF (je vous laisse chercher celui-là) où lui, beau et jeune vendeur (Lawrence Lee) découvrait le business qui n'avait pas la fesse triste. Et la misère sexuelle de ses contemporaines dont il usait et abusait.  

Désormais, à travers les yeux de Leland, toutes ses conquêtes d'un jour ont le visage et le corps de l'inconnue : femmes de toutes conditions, religions, professions, bourgeoise excentrique ou intellectuelle refoulée, il leur est toutes passé dessus (ou dessous, au choix).  

En se remémorant les bons moments de ses "10 000 capotes" (et alors que les infirmières passent à ses côtés d'un air entendu), Leland se remémore aussi celle qu'il n'a jamais pu "attraper" mais qui a réussi à lui mettre le grappin dessus.  

Celle qui l'a attrapé, lui, le jeune dragueur-placeur de technologie à "300 € pièce, 50% de réduc' sur le second + facilités de crédit".  

Sa future femme.  

Quand il commence à l'évoquer, sa voix se fait généralement plus sourde, son visage plus grave, ses yeux sont traversés par une étrange lueur. Sa femme, elle lui a tout passé d'un amour fou. Tandis que son couple vivait un accord parfait, lui continuait sa samba érotique, déconnecté et inconscient qu'il était, ignorant qu'il se priverait bientôt de sa vie, son oxygène, sa seule vraie raison de respirer.  

(Script original)