53 avant Jesus-Christ. Khorsabad, Assyrie. 48° à l'ombre, quelque part en début d'après-midi.  

La légion fourbue vient de rentrer dans la ville vidée de sa population. Le jeune Général Marsalla (Kyle Phorso) sait que les assyriens ont préféré fuir plutôt que subir son hire légendaire. Pas de prisonniers : Rome ne doit pas s'en laisser compter. Ce soir, il n'y aura pas de femmes pour soulager les tensions de ses hommes mais au moins n'auront-ils pas eu à batailler. Marsalla passe pour un homme cruel mais juste avec sa troupe.  

S'il arrive en vainqueur dans les murs de la grande cité sans avoir combattu, prenant la tête de la troupe, il n'aperçoit pas la forme qui l'observe du haut d'un balcon d'une ancienne demeure marchande.  

L'observateur, c'est Alix (Joshua Erotas), un jeune esclave gaulois de 17 ans déporté ici avec sa mère il y a des années et qu'un accident a privé d'une partie de ses souvenirs. Il observe les romains prendre place, la peau asséchée et les armures luisantes. Quel courage les mène pour ne pas souffrir de la chaleur ?  

Fasciné, il se penche un peu plus pour observer la tête de la troupe - des pierres du rebord de la fenêtre duquel il espionne se descellent, chutent sur la troupe, créant un vent de panique. Un morceau de l'immeuble atteint Marsalla qui tombe à terre, assommé.  

Les soldats, comme sortis de leur torpeur, repèrent immédiatement l'intriguant, qui évite de peu une volée de flèches. Alix connaît bien ce palais et les hauteurs de Khorsabad : il monte sur les toits et une course poursuite s'engage avec les hommes, furieux d'avoir laissé un étranger agresser leur général, entre les passerelles reliant les édifices. Malgré la rapidité et la ténacité du jeune homme, ce dernier finit par se blesser suite à un saut raté d'une corniche - il ne doit son salut qu'à un étal de fruits pourris qui amortit une chute douloureuse.  

Amené sans ménagement devant Marsalla qui reprend ses esprits, il est brutalement interrogé. Alix sait qu'il risque sa vie, alors même que ces gens pourraient le ramener chez lui, en Gaule - il demande grâce. Marsalla a d'autres plans : il convoite le trésor de Sargon, l'ancien Maître des lieux. Il intime à l'esclave - sur lequel certains de ses hommes commencent à loucher dangereusement - de lui révéler l'emplacement de la salle du trésor du Roi en échange de sa vie. Marsalla est vénal, avide de pouvoir, mais n'a qu'une seule parole et Rome compte plus à ses yeux que tout ce qui se tiendrait sur son chemin.  

Arrivé devant le gigantesque palais royal, Alix doit se rendre à l'évidence : il ne connaît rien des intrigues de cour, ignorait même l'existence d'une "salle de trésors" ici : Marsalla a du croire aux légendes. Il n'a pourtant pas le temps de trouver un bluff pour échapper à son sort que l'officier est mandé par des messagers.  

Le général s'absente quelques instants et revient. D'une colère froide, il exige que l'on embrase la ville, à commencer par ce palais. Il fait attacher Alix à l'un des piliers d'une salle d'apparat. Il brûlera, lui aussi. La légion partie, il ne devra rien rester de cette cité.  

C'est que les nouvelles sont mauvaises : Marsalla a apprit l'extermination de l'armée qui devait le rejoindre ici et l'arrivée prochaine d'ennemis Parthes. Cet Orient-là est décidément bien compliqué : ces gens passent leur temps à se faire la guerre et quand une force de civilisation prétend les convertir aux bienfaits de la Via Romana, voilà qu'ils se liguent contre elle ! Des sauvages... qui seront traités comme tels. Leurs esclaves inclus. Mais il reviendra.  

Les flammes entourent désormais le jeune homme, complètement paniqué par la situation : aucun moyen de fuir, plus aucun espoir. Il ne soit son salut qu'à un sursaut d'adrénaline qui parvient à distendre quelque peu les liens rapidement noués par quelque soldat pressé. Il traverse plusieurs salles - perdu, il plonge dans un lac artificiel aménagé au coeur du palais. Douloureusement brûlé, l'eau glacée lui procure un répit de courte durée : des colonnes et la structure du bâtiment commencent à s'effondrer. Il prend sa respiration et plonge dans le siphon d'alimentation.  

Une minute.  

Deux minutes.  

Dans l'obscurité la plus absolue, le jeune homme sort la tête hors de l'eau dans une poche d'air des canalisations. A contre-courant, il s'accroche au paroi et se dirige vers une indistincte source lumineuse.  

Quelques apnées plus tard, il reprend son souffle sur la berge d'un cours d'eau : il est sorti de la ville - une première depuis 10 ans. De là où il se trouve, il a à peine le temps d'observer l'armée Parthe qui rentre à son tour dans Khorsabad.  

Il prend ses jambes à son cou, vers nulle part. Il est désormais libre. Il ne sera plus jamais esclave.  

(Script original d'après la Bande-Dessinée de Jacques Martin, éd. Casterman)