Manora, Syrie. De nos jours à midi.  

L'équipe des Forces Spéciales américaines et l'armée nationale venaient de s'abattre comme une nuée de criquets sur la planque des trafiquants d'antiquités au coeur du désert, dans le vide le plus absolu et la chaleur la plus accablante.  

D'ailleurs, les trafiquants eux-mêmes n'y avaient pas cru : ils pensaient tout simplement que leur pauvre baraquement proche des montagnes était juste "sur le chemin" d'une nouvelle file de véhicules prête à aller en découdre avec Al-Kaillera - ils ne se doutaient pas que tout ce déploiement de force leur était destiné : drones, hélicoptères, blindés légers, véhicules de combat en milieu hostiles - plus le matériel et les troupes des forces régulières...  

Base US de Guantamalano, au coeur d'un "pays ami" d'Amérique du Sud, 48 heures plus tard.  

Les syriens ont été proprement exfiltrés du pays et leur butin fouillé et référencé. Aujourd'hui, c'est le Gérénal Shepard qui les interroge.  

La Générale Shepard (Barbara Johansson) pour être précis. Elle avait supervisé les opérations en Syrie et accompagné les truands mais c'était la première fois qu'ils avaient un contact direct avec elle : Shepard était diplomée du MIT et de l'Ecole de Guerre Française, était la plus jeune femme noire à atteindre ce poste au Pentagone (et avait fait une paire de "unes" dans la presse à ce titre), parlait huit langues couramment dont le Perse et l'Arabe. Elle s'adressa à eux directement - à leur grande surprise - après avoir viré les soldats et les traducteurs officiels dont elle se méfiait.  

On ne sait pas trop ce qui s'échangea à ce moment précis. De l'extérieur de la petite pièce mal éclairée et surchauffée, on entendait une discussion plutôt cordiale et même des rires. Puis Shepard sortit.  

Sans un mot, elle donna l'ordre qu'on exécute les prisonniers. Elle avait récupéré les informations attendues et les avait déjà croisées.  

Quelques instants plus tard, elle se trouvait en liaison directe avec la Maison Blanche. Son visage était dur, fermé.  

"- On a un problème."  

Le visage du Président (Michael Cannon) lui rendit sa préoccupation.  

Au même instant à Santa-Monica, Californie.  

"- Regarde ce que j'ai trouvé !"  

Brad (Dubois Vincent) chuchotait à son frère Riss (Joshua Erotas) afin que leur jeune soeur (Laura Jarre) ne perçoive pas la conversation dans la chambre d'à côté : Laura Lee était une 'pestouille' et si elle se doutait qu'ils tramaient quelque chose pour son 10ème anniversaire, elle chercherait forcément à en savoir plus.  

L'ainé avait semble-t'il trouvé le cadeau idéal pour la fillette. Elle qui rêvait d'avoir un animal de compagnie.  

Riss qui revenait à peine du boulot en avait un peu marre que son frère vole des trucs au Mont de Piété - marre de savoir qu'ils risquaient la taule parce qu'ils étaient pauvres - la catastrophe économique que la ville subissait ne justifiait pas tout : ils avaient un toit, mangeaient à peu près à leur faim et avaient un réchaud et des couvertures pour l'hiver - c'était déjà pas mal.  

Brad ne partageait pas cette opinion - sa morale jouait l'élastique en fonction des besoins. La fin devait parfois justifier les moyens. Le jeune homme, de surcroît, ne ratait que peu l'école, ses résultats scolaires étaient bons, et il avait fait en sorte de se créer un petit réseau de recel qui aidait plusieurs personnes dans le besoin à arrondir les fins de mois. C'était temporaire, le temps que leur mère malade retrouve du boulot, que Riss reprenne ses études et que Laura Lee file à la Fac. Ca prendrait peut-être quelques années, mais la famille et son bien-être importait avant tout.  

Le jeune homme avait trouvé le cadeau parfait. Dans une petite boîte en bois précieux et parfumé se trouvait un oisillon semblable à un Oiseau de Paradis. La seule différence, c'est que son plumage changeait constamment de couleurs et de teintes dans les tons rouge-jaune-orange. L'animal semblait dormir - Brad avait essayé de le réveiller, en vain.  

Laura Lee voulait devenir l'ornito - ortonhyto - ortino... bref, s'occuper des oiseaux, mais elle n'en avait jamais eu "pour de vrai" - c'était l'occasion.  

Ce qui inquiétait Riss, c'était que l'animal avait l'air malade (pourquoi ne se réveillait-il pas ?) et surtout... bizarre. Rare en tout cas - pas le genre de choses qu'on voyait couramment sur les chaînes éducatives du câble.  

"- Il vient d'Asie ?"  

Brad l'ignorait. C'était Coopersmith, un de ses contacts, qui l'avait dérobé dans un camion de fret pas très loin du port. On avait gravé des illustrations à même la boîte - celle-ci devait contenir de grandes valeurs. Le jeune voleur avait été déçu par le contenu, guère monnayable - mais s'était rappelé de la passion de la soeur de Brad pour les oiseaux...  

"- Celui qui a importé cette bête ne l'a probablement pas fait légalement en tout cas."  

Et c'était vrai.  

La cargaison d'origine était destinée à un amateur d'art, occultiste fortuné de New-York au budget illimité et qui savait pertinemment ce qui se trouvait dedans. Il l'avait fait transiter par plus de quinze pays et avait mis tout son poids dans la balance pour ne rencontrer aucun problème - dusse-t'il fricoter avec des djihadistes.  

Philippe Courtoix* apprendrait dans les 12 prochaines heures la disparition de sa dernière "commande" et partirait à sa recherche immédiatement - seul - ne pouvant plus prendre de risques inutiles. Il savait que d'autres convoitaient l'objet. Il pestait déjà de ne pas avoir géré l'affaire lui-même sur place.  

La soirée d'anniversaire de Laura Lee fut intime. Brad et Riss en avaient décidé ainsi : ils ne voulaient pas (et la petite fille non plus) que les camarades de classe de leur soeur voient l'état de leur pauvre mère et l'extrême dénuement de leur appartement. Mais ce fut une fête joyeuse - chacun - amis proches, voisins, quelques "connaissances" de Brad - apportant ce qu'il pouvait.  

D'autant plus merveilleux fut le moment où Laura Lee déchira le papier cadeau de la boite.  

L'oisillon s'était réveillé - des flammèches palpitaient dans ses yeux et autour de lui luisait une étrange lueur aux tons chauds : il émettait une intense chaleur que personne dans la pièce ne ressentait en excès. Toute l'assistance resta bouche-bée devant un tel spectacle. Laura Lee prit le petit animal dans ses mains - il était tiède - et l'adopta aussitôt.  

Elle se retourna pourtant avec inquiétude vers Brad : elle n'était pas dupe - cet oiseau n'était pas un oiseau comme les autres, elle ne voulait pas que son frère ait des ennuis à cause d'elle, à cause de ça.  

A quelques pâtés de maisons de là, les SUV des forces spéciales roulaient à vive allure dans leur direction. Dans un de ces imposants véhicules, Shepard observait avec quelques scientifiques de son staff des courbes d'énergie fluctuer au centre de la cité.  

"- Madame, nous nous rapprochons de la Source. Elle est en train de se réveiller."  

(Script original)  

Pour en savoir plus sur le personnage de Philippe Courtoix : Le Portail (Dark Mirror - Portal) (2012) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=6195 et Empire Vampire (2005) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=65