Los Angeles - 04h00 AM - Aujourd'hui  

La vieille "Chevy" venait de finir sa course dans la devanture du grand magasin - la conclusion d'une course-poursuite effrénée entre Jack Carrell (Grant Howerton) et l'inspecteur Miesole (Carsten Byrne). Carrell n'avait pas attaché sa ceinture bien sûr - le choc l'avait projeté à travers le pare-brise. Il était dans un sale état et se relevait avec grand peine quand les renforts du LAPD finissaient d'encercler la place. Il en avait aperçu des formes descendre et braquer leurs armes sur lui.  

La valise.  

La valise était sur le siège passager.  

Il contourna sa vieille gimbarde, claudiquant - les spots et phares des véhicules l'aveuglaient, il avait mal partout et des morceau de plexi sur et dans le corps, chacun de ses mouvements le faisaient atrocement souffrir. Miesole venait de prendre un porte-voix et tenta de raisonner le fuyard. Dans l'esprit du blessé, la voix se faisait indistincte : " ... véhicule ... poser ... tirer ... dernier ..."  

Carrell ouvrit la portière.  

Ce qui déclencha le feu nourri des représentants de l'ordre.  

New-York - 12 heures plus tôt - Hier  

Jack Carrell est un trader malheureux, ruiné par des investissements hasardeux et un management laxiste. Sa femme Erin (Jenny LaSalle) réclame le divorce et une pension disproportionnée, son patron le menace tous les jours de la porte et il est au coeur d'un scandale financier aux ramifications internationales douteuses, incluant des nations dont il ignorait le nom jusqu'à il y a une semaine. Jack est aussi traqué par la presse - et ses voisins de banlieue chic lui ont gentiment mais fermement fait comprendre que sa présence dans la "communauté" devenait désormais trop lourde.  

Consécration ultime : sur Twitter, des groupes d' "actionnaires lésés" se sont constitués pour avoir sa peau. Littéralement.  

Jack Carrell est donc un individu qui, comme tous les hommes, a commis des erreurs et a cru s'enrichir rapidement - business as usual - sinon que cette fois, le montage financier n'a pas pris, les agences de notation ont dégradé le produit, les gendarmes de la Bourse s'en sont mêlé : l'effet Maddoff des années 00 avait laissé des traces dans les esprits. Mais lui, Jack, dans sa bulle, croyait contourner tout ça - comme tout le monde : pourquoi fallait-il qu'il soit le dindon de la farce et qu'en plus on lui taille un costard pour des faits de blanchiment d'argent sale auxquels il n'avait jamais pris part ? De son plein gré en tout cas.  

Son avocat lui avait demandé de laisser tomber, qu'il n'avait aucune chance, qu'il allait se prendre trois siècles de taule s'il persistait à crier son innocence et qu'on l'avait trompé. OK, il n'était pas blanc-bleu, ses montages n'étaient pas très orthodoxes, pouvaient même être considérées comme des escroqueries de haut vol - mais l'argent sale des trafiquants d'armes, non !! Comment pouvait-il savoir, lui qui ne manipulait que des chiffres !?!  

Un jugement express avait requis un emprisonnement immédiat - son appel avait été suspensif, il avait versé les 2/3 de ses économies pour rester en liberté et mieux préparer sa défense. En rentrant de sa boîte en milieu d'après-midi, il avait trouvé sa superbe mansion vidée avec un mot lapidaire de son mannequin de future ex-épouse.  

Restait juste un siège dans l'immense pièce à vivre. Un siège justement occupée par un black au regard noir (Daniel Erotas). Jack sentit son heure arriver :  

"- Ecoutez, je sais pas combien on vous a payé, mais je vous donne le double pour me laisser la vie sauve !!"  

L'homme soupira, un léger sourire se dessina sur son impassible visage. D'un geste vif, il dégaina.  

Une carte de visite.  

"- Happy Morgan. Sécurité Nationale. Enchanté"  

Jack avait fermé les yeux au moment où l'homme avait enfoui sa main dans son veston. Son visage désormais respirait l'incompréhension.  

Morgan avait vérifié que personne ne les espionnait, des hommes à lui étaient dehors à surveiller les environs. Il expliqua à Jack que ses bidouilles informatico-financières n'avaient aucun intérêt pour lui, mais que lui, Jack, était devenu un appât pour un plus gros poisson.  

Ce poisson se dénommait Armin Stockhausen (Raoul Frizzell), trafiquant international dont l'empire portait désormais des ramifications jusqu'au NYSE. L'affaire de Jack avait offert à la Sécurité Nationale l'opportunité d'ouvrir officiellement une enquête de la SEC sur "Stocks", comme on l'appelait. Ce dernier n'allait pas tarder à réagir et à demander au jeune trader quels étaient leurs liens présupposés. Le Gouvernement américain avait lié une affaire publique, celle de Jack, et une autre, beaucoup plus retorse - et désormais dévoilée au grand jour.  

"- Mais je ne connais PAS ce criminel !!!  

- Lui non plus ne vous connaissait pas. Jusqu'à l'ouverture de notre enquête."  

Morgan ajouta qu'il y avait des chances que Stockhausen réclame sa tête aussi - après avoir compris en quoi le trader l'avait impliqué.  

"- Mais pourquoi MOI !??! Je ne suis pas le seul gagne-petit de la Bourse !!  

- Parce qu'il fallait quelqu'un et que vous étiez ce premier disponible sur la table des escroqueries financières récentes."  

Une belle blonde venait de rentrer dans la pièce. Morgan la présenta : Hillary Brown (Vesper Alabama), de la protection des témoins. Ce n'était pas son vrai nom et elle en était à sa 35ème fausse identité dans le cadre de son métier. La jeune femme serait la nouvelle "girlfriend" de Carrell jusqu'à l'emprisonnement ou l'élimination de Stockhausen. Elle serait durant tout ce temps son assurance-vie, discrète et mortelle.  

Personne n'avait rien demandé à Jack. Il se retrouvait dans les ennuis, non seulement à cause de ce qu'il avait fait - mais surtout à cause de ce qu'il était sensé avoir fait. Complètement dépassé. Complètement à côté de la plaque.  

Il n'aurait jamais du quitter sa communauté Amish à 14 ans pour vivre le Rêve Américain.  

(Script original)