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MMP présente
Florilèges

Dans un Paris fantasmé, de nos jours au mois de novembre.  

 

Entre le Boulevard de Rome et la rue de Lattes, une petite copropriété peuplée d'une faune de futurs bourgeois-bohêmes, enfants des années 90 désormais en fin de cycle universitaire ou prenant pied dans le monde professionnel. La plupart reçoivent une rente de leurs parents et ne connaissent pas ainsi les infortunes de l'insécurité sociale. La situation, d'ailleurs, de leurs collègues pauvres les accable... mais derrière leur révolte post-adolescente se cache une bien naturelle propension à la sécurité. Et pour ça, rien de tel que la famille.  

 

Il y a Bruce (Joel Nicotero), à peine sorti de la Faculté de Droit et entré cette semaine au sein d'un prestigieux cabinet d'avocats - enfin, pour le moment, son prestige va du bureau commun des secrétaires à la machine à café. Bruce piaffe de bosser sur son premier vrai dossier. Pour le moment, on l'a orienté vers des tâches administratives. Il prend son mal en patience, gardant un contact rapproché avec le Barreau de Lyon où travaille son magistrat de père - un homme influent.  

 

Rose (Nolween Fillion) vient de s'inscrire dans un Syndicat patronal. Elle vient de créer sa start-up internet et déplore déjà la "lourdeur administrative" avant même de l'avoir subie. Rose est une battante, un job de gérante ne l'intéresse pas. Elle, ce qu'elle vise, c'est le pouvoir - sur le modèle de sa mère, ancienne Secrétaire d'Etat à la Famille venue du Nord.  

 

David (Andreas Hereman) use encore ses fonds de culottes en Faculté de Sociologie - il aurait voulu devenir psychologue mais a un peu raté son parcours. Bon élève, parisien de corps et d'esprit, il n'est jamais vraiment sorti des murs de la Capitale. Ses parents, enseignants israélites repartis "au pays", lui ont inculqué le goût du savoir et de l'effort. Il ne veut ni richesse ni succès ni Rolex avant 50 ans. Il voudrait être utile au corps social.  

 

Pour finir, il y a Mathilde (Ella D.Chenz), petite puce provinciale qui a toujours regardé Paris comme une ville de tous les possibles. Mathilde s'est battue pour être reçue en Mastère de Chimie, ses parents ne bénéficiaient d'aucun passe-droit ou réseau (formule républicaine pour "piston") pour l'envoyer ici, au coeur d'un des quartiers les plus huppés de France. Sa mère ingénieure et son père Directeur d'une maçonnerie continuent d'ailleurs à se saigner des quatre veines pour elle, caressant le fol espoir que l'ascenseur social fera le reste pour leur seul enfant.  

 

Ces quatre-là se croisent sans pour autant se fréquenter : Mathilde voit en Bruce un petit arriviste, David en Rose une future "Marie-Chantal", Rose en Mathilde une plouc de Province et Bruce en David un intello à deux balles...  

 

Si la vie suit son cours pour tout le monde dans le petit immeuble du 26 impasse des Chalais, Paris est quasiment en train de vivre l'insurrection ! Les élections de 2012 ont amené une alliance "progressiste" au gouvernement, mettant fin à plusieurs décennies de politique "libéral-réac", mais les promesses n'ont pas été tenues et quatre années plus tard, le pays est exsangue. Les caisses qui étaient vides il y a dix ans le sont aujourd'hui tout autant : la vie augmente, l'inflation repart, les impôts écrasent 95% de la population, la France a perdu sa note auprès des institutions financières internationales - plus aucune banque ne souhaite alimenter ses déficits et sa dette, la menace de sortir de la Zone Euro redevient sérieuse : après la Grèce en 2011 et l'Espagne en 2013, l'hexagone serait le troisième pays ayant vécu au-dessus de ses moyens à devenir un "européen de seconde zone". Adieu, ambitions écologiques - adieu, avenir radieux : si les manifestants de 68 étaient poussés par l'espoir d'une vie meilleure, les centaines de milliers de citoyens qui se bousculent chaque jour dans les rues n'y croient plus, crient leur désespoir. Evidemment, ça dérape.  

 

Nos héros se sentent concernés par la crise, d'autant que leurs parents la vivent. Eux la conceptualisent mais ne la subissent pas - encore. Ils savent tous qu'ils pourraient en être ses prochaines victimes - pourtant, ils se tiennent coi, à distance de toute revendication quelle qu'elle soit. Ils se terrent, font le gros dos - l'orage finira par passer.  

 

Un jour pourtant, ils seront obligés de se parler. A l'occasion d'une coupure électrique, probable mouvement de grève ou piratage / sabotage des lignes par un quelconque groupuscule ou quelques excités. Cet automne est exceptionnellement froid, il s'est mis à neiger sur la ville. Mathilde monte voir Rose et retrouvent David et Bruce. Plus d'électricité. Réseaux portables saturés. Transports publics paralysés. Plus d'internet. Plus de confort. La radio annonce le couvre-feu à partir de 18h00. Le progressisme n'est plus ce qu'il était.  

Rose propose que tout le monde se réunisse chez elle, elle a l'appart' le plus petit - David de sortir son réchaud de secours.  

 

Les quatre locataires de l'immeuble se retrouvent dans un petit salon cossu mais froid, sous des couettes douillettes, à regarder la neige, mais aussi à recréer du lien social. A se dérider. A s'intéresser forcément à l'autre. On se fait du thé, on se parle. Ils vont l'un vers l'autre.  

Cette attirance résistera-t'elle au retour de l'électricité ?  

 

(Script original)

Scénario :
une série B sentimentale de Pierre Paulson

Joel Nicotero

Ella D.Chenz

Andreas Hereman

Nolween Fillion
Musique par Klaus Bernard
Sorti le 28 mai 2016 (Semaine 595)
Entrées : 16 727 649
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