Il était une fois la planète Pantone. Sur cette planète prospéraient trois royaumes.  

Le premier et le plus grands de tous était le royaume d'Imprim - coloré et joyeux. Ce royaume était dirigé par le Roi Litograff (voix de Erik Jezek), que son peuple aimait beaucoup.  

Le second royaume était celui du Roi Xylograff (voix de Manfred Ribic) : la Province d'Alberdürer, que tout le monde avait fini par appeler "Le Royaume sans Couleurs". Sa population y était morne et triste, à l'image du pays uniformément gris. Comme xylograff n'était pas très heureux - à la différence de Litograff, toujours enjoué -, il ne dirigeait pas très bien son pays, qui était très pauvre malgré de grandes richesses.  

Le troisième et plus petit des royaumes se nommait Hyditt. Son roi, Typograff (voix de ... Rose Flanagan !) , aimait le secret et s'enfermait dans sa forteresse bien protégée. On ne le connaissait que très peu, et ses sujets le craignaient de réputation.  

Le Roi Litograff (3ème du nom) du Royaume d'Imprim avait eu un fils, le beau Chromatik (voix de Sean Tager) dont on disait que même les meilleurs artistes des trois royaumes ne pouvaient reproduire fidèlement les couleurs de son pourpoint, tellement celui-ci resplendissait.  

Le Roi Xylograff de la Province d'Alberdürer avait eu une fille - son unique descendance, demoiselle triste prénommée bien malgré elle Palette (voix de Ines Ballard).  

Le Roi Typograff d'Hyditt n'avait lui jamais eu d'enfants issu de son mariage royal. Ce n'était pas bien grave, car on disait que Typograff n'aimait pas beaucoup les enfants.  

Un soir, alors que l'Arc-en-ciel - qui, en ces royaumes, remplace le soleil - se couchait sur Imprim, le bon Roi Litograff fit mander son fils revenu de sa leçon de choses. Le fils, surpris par l'heure tardive de la convocation officielle, se rendit dans la Salle du Trône.  

Là il remarqua la présence de tous les conseillers spéciaux de la Cour. Tous arboraient la mine des mauvais jours, ce qui de l'avis courant est chose très rare en ce royaume.  

Le Roi, d'habitude si jovial, prit la parole - et sa voix était grave :  

"- Mon Fils, nous voilà bien embêtés : le Roi Xylograff d'Alberdürer nous a dérobé le plus bel ouvrage de notre artiste, le bien-nommé Bopinceau. Ceci est un acte intolérable et casus belli en ce royaume. Cependant, les sentiments de vengeance et l'envie de guerre me sont étrangers : la guerre abîme les couleurs et mes conseillers m'ont plutôt suggéré de t'envoyer comme mon digne représentant : tu iras quérir le tableau et reviendra avec."  

Tout le monde s'était tu à l'énoncé de la mission. Un des conseillers les plus influents, Adobee, ajouta que l'on était certain des origines des voleurs. Joignant le geste à la parole, il dévoila un casque qui ne pouvait appartenir qu'au Gravurs, soldats d'élite de la garde Alberdürerienne. On murmura dans la cour et un frisson parcourra l'assistance. D'un geste, Litograff rétablit le silence :  

"- Va, mon Fils, chez Xylograff, et ramène l'oeuvre de Bopinceau. Dis-lui, à lui et à sa Cour, qu'il leur en coûtera s'ils ne nous rendent pas ce qui nous appartient de droit."  

On décida d'une date de départ et on attribua au Prince un Sceau Royal en forme de pomme croquée. Puis on se restaura dans une ambiance qui aurait pu rappeler les ripailles d'Alberdürer tellement on avait pas le coeur à rigoler et prendre du bon temps.  

Le lendemain, le Prince Chromatik se rendit chez Adobee, dont on disait aussi qu'il était un inventeur génial. Dans son garage, Adobee était en train de terminer la conception d'une machine qui suscitait déjà nombre de rumeurs.  

"- Mon Prince, je vous présente la Flasheuse : avec ceci, je peux envoyer n'importe quel sujet n'importe où - je vais simplifier votre voyage en vous expédiant à notre frontière avec Alberdürer."  

Autant de temps de gagné, quelle prouesse ! - pensa le Prince qui prit place dans la machine, non sans une certaine appréhension.  

Et ce qui avait été dit fut fait.  

Une fois la frontière franchie, Chromatik fit le point de la situation : venir chez Xylograff était excellente chose finalement ; il profiterait de sa visite pour demander la main de sa fille - pour laquelle il avait toujours éprouvé quelque doux sentiment.* Ainsi, les deux Royaumes finalement unis ne risqueraient plus jamais de rentrer en conflit.  

Son arrivée chez Xylograff fit grand bruit : on organisa à la hâte un banquet du mieux que l'on put.  

Mais quand Chromatik exposa les raisons de sa visite, le sang du Roi ne fit qu'un tour et il partit dans une grande colère :  

"- Nous, voleurs !!? Tu nous traites de voleurs ?!? Jeune arriviste : tu oses en plus demander orgueilleusement la main de ma seule fille bien-aimée ?!? Qu'on l'engeôle sur le champs !! - et qu'on m'apporte mon nécessaire à Eau Forte : j'ai besoin de me remettre de ces émotions !"  

Et ce qui avait été dit fut fait.  

Dans sa cellule petite et humide, le Prince reçut - surprise ! - la visite en cachette de Palette, la fille de Xylograff. Elle lui expliqua que son père ne souhaiterait probablement pas qu'elle soit vue ici mais qu'elle devait malgré tout l'aider - car cette visite et ces accusations infondées pouvaient être considérées comme déclaration de guerre par ici. "Et les sentiments que j'éprouve à votre égard..." Palette ne finit pas sa phrase... S'arrêtant, elle le regarda droit dans les yeux : "Oui, je sais - tous deux savons..." Ils se comprirent.  

Après un bref silence, elle ajouta qu'elle savait qui avait dérobé le tableau de Bopinceau ; c'était le Roi Typograff du Royaume d'Hyditt - il voulait créer la discorde entre ses deux voisins - un tel conflit changerait l'ordre des choses, et lui-même pourrait en profiter : le peuple d'Alberdürer n'était pas un peuple guerrier - qui sait quelles forces bien cachées Typograff dissimulait dans sa forteresse ?  

La Forteresse de Chromalin.  

Le Prince comprit que le tableau devait s'y trouver aussi. Il redoubla de force sur la porte qui refusait de céder :  

"- Il me faut partir : pouvez-vous m'aider ?  

- Doux Prince, vos paroles sont poison pour moi - vous savoir loin de moi va m'être pénible mais vous savoir enfermé n'est pas plus heureux. Je ne peux rien faire pour vous car mon sang est royal et je ne peux contredire ordre de mon père, mais lui peut-être..." Et elle sortit d'un pli de sa tunique un étrange rongeur qui s'adressa au fils de Litograff :  

"- Je suis Mouss (voix de Sam Vrana), je connais bien la Forteresse de Chromalin (une longue histoire), je t'y amènerai - je m'en suis évadé un soir et la princesse m'a trouvé par hasard, soigné, hébergé... Je lui dois bien ça."  

Palette s'éclipsa. Mouss alla ramasser un jeu de clés qui traînait - et comme il connaissait bien les geôles, trouva la bonne du premier coup.  

"- La Princesse a fait boire les gardes - ils cuvent leur vin en ce moment, notre fuite est couverte...  

- Quelle femme !" pensa le Prince.  

On s'éclipsa donc discrètement en partance pour le Royaume d'Hyditt.  

Arrivés à la frontière, le Prince se déguisa et Mouss ajouta qu'en cas de problème, il lui suffirait de taper deux fois sur sa tête : Mouss appelait ça le "doubleclix".  

En vue de la Forteresse, Chromatik se découragea : cette place forte semblait inexpugnable, jamais ils ne pourraient...  

"Hélà, et moi, comment ai-je fait ? Si l'on peut sortir, on peut entrer..." l'interrompit Mouss.  

Quels seraient les subtils stratagèmes qui permettraient à Chromatik et Mouss d'entrer dans la Forteresse de Chromalin ? Retrouveraient-ils le tableau ? Empêcheraient-ils les sombres desseins de Typograff ? Survivraient-ils aux sortilèges du Sorcier Quarkx ? Le Prince ferait-il assez preuve de dextérité avec sa souris ? Echapperaient-ils aux Fontes Tueuses Arial, Garalde, Peignot et Zaft - ultimes renégats et nuls autres que les enfants cachés de Typograff, protecteurs de ses trésors dérobés ? Palette et Chromatik seraient-ils réunis à la fin ?  

* Le Prince aimait les gothiques.  

(Script original)