Dans quelques années, aux USA.  

Robin (Chris Henriksen) avait choisi Satsuko (Kristen Ciani) sur un catalogue en ligne - "Les Plus Belles Meufs du Japon pour toi le geek". Mais "Rob" n'avait rien d'un geek (il les haïssait, même), juste un jeune cadre - républicain à défaut d'être dynamique - travaillant dans la parapharmacie qui n'avait pas le temps d'une vie sociale - même virtuelle. Il savait juste que ce catalogue était le moins douteux : il connaissait des gens qui avaient commandé et n'avaient jamais été déçu. Un peu d'exotisme lui ferait du bien.  

La première chose qui avait frappé le jeune entrepreneur à l'arrivée de sa promise (le Japon - complètement endetté - exportait ses femmes mais ce n'était plus le seul pays à le faire… Rares même étaient les nations qui n'avaient pas trouvé dans cette nouvelle économie de nouvelles ressources fiscales) était la fascination de cette dernière pour les armes à feu. Après une torride nuit de noces - rappelons qu'ils s'étaient mariés à sa descente du charter, comme une vingtaine d'autres asiatiques arrivées ici à Miami -, elle avait sollicité de sa part qu'elle lui présente tout l'éventail de la "pratique auto-défense USA".  

Elle s'était donc inscrite à l'agence locale de la NRA* où elle se familiarisait chaque semaine à une nouvelle arme. Elle avait commencé doucement avec un Sig Sauer et ses efforts avaient payé : elle maniait désormais le bazooka à la perfection. "Les armes rapprochaient les peuples" était le crédo de l'association - Robin avait pris peur mais finalement, cette parano lui convenait : il pouvait profiter du repos du juste après une grosse journée de travail, Satsuko était toujours là pour satisfaire le moindre de ses désirs. Il l'avait grassement payée pour ça : elle avait une vie meilleure ici et une liberté retrouvée (il fallait voir ce que le Pays du Soleil Levant était devenu - presqu'une succursale de la Corée du Sud) et du temps de libre de femme au foyer.  

L'Amérique avait bien changé - une dette stratosphérique avait mis la nation à la merci du géant Chinois, son principal fournisseur de biens… et principal financier de ses excès. Depuis 1971 et Nixon, les USA n'avaient fait que vivre à crédit. L'intégration du Mexique dans les années 2020 - afin de bénéficier d'une main-d'oeuvre bon marché - n'avait fait de paupériser un peu plus une population rendue exsangue par la seconde crise immobilière des années 2015-2017 (ces cons de banquiers avaient remis ça !). Rob' avait vécu des moments difficiles - comme tout le monde, et il aspirait à un redémarrage de l'économie dans les prochains mois.  

Ce soir-là, alors qu'il revenait du travail, il avait une fois de plus surpris son voisin le plus proche (un chômeur du genre pervers qui n'adresse jamais la parole et se balade toujours en slip/tee-shirt, pouah !) en train d'observer l'intérieur de leur maison de son garage. Robin en avait un peu ras-le-bol de ses tirs-au-flanc socialistes ! Vivement qu'il se fasse virer lui aussi. Ayant garé sa Lexus hybride de 10 ans d'âge, il décidait d'apostropher le voyeur - qui parla en premier :  

"- Vous avez des ninjas dans votre maison - je crois qu'ils sont rentrés tout-à-l'heure !"  

Ce mec devait se toucher en matant Satsuko et le prenait visiblement pour un jambon ! Robin lui jeta une poignée de gravier. Il continua à l'insulter longtemps après qu'il ait refermé le auvent… S'il avait eu deux grammes de courage, il serait allé le battre comme plâtre. Il aurait vu de quel bois il se chauffait.  

Il se calma et arbora son plus beau sourire : ce soir, ce serait torride dans… la cuisine, avait-il décidé.  

"- Attention à la flaque !"  

Robin venait de glisser sur un liquide poisseux qui imprégnait une partie du sol, des murs et de l'escalier. Il manqua de tomber dans ce qui ressemblait à du…  

… du sang ?!?  

Jésus-Christ ! Sa femme était en train de passer la serpillère tandis qu'elle avait entassé des cadavres habillés de noir dans le living. Elle portait un petit haut et une jupe sexy qu'elle avait mises pour lui - selon toute vraisemblance, on l'avait interrompue durant sa toilette. Sa joue avait reçu une petite estafilade - rien de grave, cela lui donnait même un côté sexy en diable.  

Oubliant toute convenance, excité par l'odeur du sang et la pose de sa femme, Robin embrassa fougueusement Satsuko et lui fit l'amour sur les escaliers.  

Se rhabillant tous les deux, elle lui expliqua qu'elle avait surpris les quatre hommes en train de fouiller leurs affaires. Le silencieux avait été un moindre mal. Pseudo-ninjas ou pas, les êtres humains n'aimaient pas le plomb. Elle les avait abattus tous les quatre, froidement. Effacé les traces et pensait sérieusement à refaire la peinture de l'entrée…  

En enlevant leur cagoule, Robin fut pris de nausée : s'il y avait là un asiatique (que Satsuko prétendait ne pas connaître), les trois autres gus étaient tantôt un ex-collègue de travail, un copain de bowling, et une ancienne connaissance du college. Des gens qu'il n'avait plus revus depuis dix ans au moins.  

"- Tu me caches quelque chose ?" Satsuko était devenue insistante - un peu plus et elle l'aurait menacée. Vendue sur catalogue mais à la docilité feinte : se faisant, elle protégerait son mari.  

S'il LUI cachait quelque chose, elle qui venait de jouer les Uma Thurman dans leur salon ?! C'était plutôt à lui de s'interroger : qui était-elle ? Qu'avait-on essayé de leur dérober ? Pourquoi ces ridicules costumes de "tueurs de la nuit" ? Qui était le chinois ? Qui avait-il épousé ?  

(Script original)  

* National Rifle Association.