Washington DC, de nos jours.  

Margaret Keen (Laura Taufen) est jeune procureur au sein de la prestigieuse administration judiciaire américaine. Toute jeune maman, elle vient de reprendre ses fonctions après un congé parental écourté. Dans le même temps son mari, le Commandant Keen (Elbow Gosse) rentrait victorieux de "sa" campagne d'Irak juste à temps pour voir les premiers pas de Robin (voix de Lawrence Kruger), son premier rejeton dont il espère qu'il suivra la glorieuse voie tracée par son arrière-grand-père : l'Amérique a besoin de héros et son fils, à n'en pas douter, en sera un : policier, pompier, militaire... peut-être même procureur comme sa mère - médecin à la limite, mais sûrement pas fleuriste, intellectuel de salon, présentateur TV ou vendeur de jeux vidéos, ah ça non !  

Un des premiers dossiers sur lequel Margaret est amenée à se focaliser concerne une procédure complexe relative à l'emprisonnement d'un ancien gouverneur, Rex Colton (Patrick Patoque), tombé pour trafic d'influence dans une sourde affaire immobilière dans son état (déforestation contre chantiers touristiques, pour résumer). Le Procureur Keen suit l'affaire depuis cinq ans, elle a hâte de mettre cet individu hors d'état de nuire... et que cela serve de leçon aux autres.  

Mais "les autres", eux, ne l'entendent pas de cette oreille... La vénéneuse Daniella Gombrich (Cécilia Luxure) en premier. Ancienne avocate pour le compte de la CIA et bien au fait elle-même des procédures, elle décide de faire monter la pression autour de la procureure et envoie quatre de ses sbires enlever le jeune Robin. Gombrich n'agit pas pour son propre compte : elle est payée pour ça par des capitaux issus de pays considérés comme des ennemis d'Etat. Elle se fait donc discrète, intrigue, manipule, complote.  

Pendant ce temps, les Keen, eux, ne se doutent de rien et ont reprit leur american way of life : chaque matin avant d'aller au Centre Militaire, Rex s'assure de la propreté du drapeau national et de l'état du gazon. Ce matin, il ne s'est pas aperçu qu'une voiture banalisée observait chacun de ses gestes. A l'intérieur, quatre individus louches et mal rasés probablement élevés au sein de familles monoparentales, lunettes noires vissées sur le nez et cigarettes au bec. Ils attendent leur heure, la sortie de Miss Keen afin de lui dérober son si précieux chérubin...  

Margaret, elle, est bien embêtée : Robin a de la fièvre et son médecin de famille peut passer dans la mâtinée mais pas avant. Or, elle a moult rendez-vous d'importance et ne veut pas donner l'impression qu'en tant que jeune mère, elle faillira à sa mission. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle téléphone à ses voisins, les Perkins.  

Emilie Perkins (Amy Blakstad) est une petite "pisseuse" de 8 ans un poil désociabilisée et qui n'en fait généralement qu'à sa tête. Aujourd'hui par exemple, alors que sa classe est partie à la neige, elle a été punie. Elle appelle ça "la double peine" : punie par l'école (pas de neige) et punie à la maison (quand on vous dit que c'est une fille à problème et que les problèmes scolaires se répercutent forcément dans la cellule familiale...) par sa mère partie travailler. Restée seule à la maison, elle dévore des chips dès 8h00 en s'abrutissant de programmes TV.  

C'est donc elle qui répond à Margaret Keen : non ses parents ne sont pas là et oui elle pourra babysitter Robin ce matin (contre monnaie sonnante, il va de soi).  

Margaret est encore plus embêtée que tout-à-l'heure : elle va faire garder Robin oui, mais il faut voir par qui - elle ne fait guère confiance à cette Emilie mais dans le lotissement, les parents travaillent et les personnes âgées (quand il y en a) sont particulièrement occupés à leurs activités. De plus, elle a eu vent que les Perkins n'étaient pas les parents naturels de la jeune fille, qui avait été placée chez eux dès sa plus tendre enfance par les services sociaux. Les Perkins sont un peu noirs voyez-vous, la jeune fille doit se poser des questions sur son identité... Mais Margaret s'en voudrait de se mêler de ce qui ne la regarde pas.  

Les quatre individus mal rasés observent donc Emilie sortir de chez elle et Margaret lui prodiguer quelques conseils avant de lui remettre le poupon... Une mioche pour surveiller le bébé ? Ce sera encore plus facile que prévu...  

Et le bébé...  

Et oui, le bébé... Qu'est-ce qu'il en pense de tout ça, du drapeau américain, du boulot de sa mère, de l'intérieur kitschissime ? Le bébé, il se dit qu'il aurait pu naitre ailleurs alors il n'est pas trop mal loti - pour l'instant tout va bien : il a son libre-arbitre, on lui passe à peu près tous ses caprices et tant qu'on ne lui impose pas de manière de penser, il est comme un coq en pâte. Il adore sa mère, il déteste déjà son père (qui pue la graisse avec laquelle on huile les armes), le reste de la petite famille l'indiffère complètement. De même que cette gamine à qui on vient de le confier. Comme il a un rhume et que Maman Keen lui a déjà refilé des médicaments, il est un peu stoned. Il se retrouve donc dans les bras de la fille sans pouvoir émettre la moindre contestation - et à son âge, on a pas mal de moyens de contester.  

C'est quand Emilie lance un CD de sous-Musical sur la platine du salon et qu'elle se met à danser comme un petit goret qu'il émet une grosse - énorme - réserve : pas question qu'on lui fasse subir de la sous-musique alors que sa chère môman lui passe des CD de sophrologie. Et puis, les médocs, ça lui file des gaz...  

"- Bâhaaa, tu pues..."  

Le bébé est une arme de destruction massive. Emilie se décide à changer Robin quand ses yeux commencent à lui piquer...  

Désormais propre et sec, Robin est porté dans les bras d'Emilie comme un baigneur, histoire de le faire dormir. Elle branche une chaîne du câble, tombe sur une rediffusion d'un vieux Michael Cannon et décide qu'un peu d'ultraviolence cinématographique ne leur fera pas de mal à tous les deux.  

Robin s'est arrêté de chouiner. Il regarde, fasciné, le spectacle défiler devant lui - comme hypnotisé... La conjonction de la fatigue, des médicaments et du film visionné sur le gigantesque écran plat familial, c'est un peu comme une rencontre avec Dieu, sinon que Dieu porte une grosse moustache et une cartouchière...  

C'est à ce moment précis que les quatre individus louches précédemment décrits défoncent la porte du doux foyer des Keen et enlèvent le bébé et la babysitter.  

Bien sûr, ils n'ont aucune idée du pétrin dans lequel ils viennent de se fourrer.  

(Script original)