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MMP présente
Par-delà les Arches d'Arridiel

Le futur, une navette perdue dans l'immensité  

 

Personne - et sûrement pas lui - n'aurait pu comprendre la suite d'événements forcément inattendus et objectivement (statistiquement) impensables qui avait entraîné la catastrophe.  

Tout l'équipage de l'USS Danforth était mort. Tous sauf un homme, le Lieutenant Ramon Vertu (Elrico Ridante) qui déambulait désormais, complètement sonné par l'événement. Et non, un équipage "mort" était encore curieusement trop fort pour lui.  

 

Les autres avaient tout simplement... disparu. Plus personne. Lui se trouvait au milieu de ses confrères au moment du passage en vitesse luminique. Et puis plus rien. Plus un seul être vivant dans le grand navire, excepté lui - tout ça en un battement de cil.  

On dit souvent qu'un battement d'aile de papillon déclenche une tempête de l'autre côté des océans. Ce pouvait-il que quelque part, quelque chose se soit déroulé à l'autre bout de l'univers pour faire disparaître des gens avec lesquels il partageait le quotidien depuis bientôt trois semaines ici ?  

Trois semaines, c'était d'ailleurs le temps qu'il leur restait avant de revenir sur le Satellite Juni, situé aux confins de Cassioppée. Là-bas l'attendait sa chère et tendre Olivia (Joanna Fillion), mère de leurs deux enfants et par ailleurs une des grosses légumes qui avaient lancé le projet pharaonique ayant abouti à la colonisation de nouvelles planètes hors des systèmes connus.  

 

Il avait tout recalculé par lui-même : le saut s'était déroulé correctement - du point de vue technique, on était OK - seule la logique manquait : il était nulle part - "données incomplètes". Aucune planète, aucune étoile même, n'était repérée par les logiciels et matériels d'astrogation - c'était inédit et effrayant. Il était passé en visuel, avait tenté une sortie extérieure et avait du se rendre à l'évidence : seul un vide implacable entourait le gigantesque navire de terraformation en route pour le quadrant d'Arridiel. Un navire qui avait déjà réalisé cinq fois le voyage sans jamais rencontrer le moindre problème.  

Mais de quel problème s'agissait-il ? Il avait de quoi vivre plusieurs siècles s'il entretenait suffisamment la machinerie et les systèmes de survie - la question de sa survie immédiate n'était donc pas prioritaire puisqu'assurée. Il était juste à un endroit de l'univers où le destin et un bug informatique incongru l'avaient expédié. Il n'arrivait toujours pas à se convaincre que tout le monde l'avait laissé en plan et qu'il se retrouvait ... où ?  

 

Il avait tenté de reprendre sa route - s'était ravisé, avait fait demi-tour - ses instruments de vol lui racontaient des choses folles, affichant des valeurs théoriquement impossibles, il était incapable de comprendre - ni de repasser en vitesse-lumière. Toujours ces "données incomplètes".  

Aidé d'une bouteille de whisky, il avait fini par trouver le sommeil après une cuite mémorable. Il ne célébrait jamais rien, avait l'alcool douloureux - mais là, il ne savait plus quoi faire.  

 

Il avait rêvé d'Olivia et de ses enfants - d'un anniversaire fêté il ne se souvenait plus quand (peut-être d'ailleurs tout cela n'était-il pas un souvenir mais l'objet de son désir ?) ni où. Un autre songe l'avait également marqué : celui de leur première rencontre. Il s'était réveillé en sueur. Il fallait qu'il se raccroche à quelque chose, quelqu'un...  

Le lendemain, il demanda à l'Intelligence Artificielle de prendre la voix de son aimée, de même que sa forme visuelle. Il réclama de l'ordinateur de bord qu'il enregistre tous ses faits et gestes, ses moindres paroles, ses silences : il voulait une trace de ce qu'il faisait...  

 

Dans les premiers jours, il essayait désespérément de s'astreindre à un régime militaire : lever tôt, exercice physique, petit déj', envois des SOS, nouvelles tentatives de cartographie de l'horizon, etc. Hélas, les bonnes résolutions étaient très vite minées par la solitude écrasante à laquelle il devait faire face. Petit à petit, il se laissait aller, se levait de plus en plus tard, oubliait son sport, prolongeait ses petits déjeuners, son hygiène personnelle commençait à se détériorer. Au bout de quinze jours, il était définitivement déprimé - lessivé. Il décidait de revoir une des bandes enregistrées par l'IA, histoire de se rappeler à quoi il ressemblait "avant".  

 

Heureusement qu'il était assis au moment du visionnage, sinon il serait sans doute tombé à la renverse : il se voyait parler avec Olivia, mais pas seulement... Il lui faisait l'amour, il la dorlotait. Elle lui préparait de bons petits plats et ensemble semblaient vivre une existence heureuse, détachés de tout, tel un petit couple dans son nid.  

Il demanda à l'IA si elle avait trafiqué les bandes numériques d'une manière ou d'une autre. Le programme répondit négativement : non, les IA étaient certes bien avancées, mais incapables de tromperie ni de mensonge. D'ailleurs, si elle ignorait où ils se trouvaient, il était impossible pour lui d'en douter : le vide ne mentait pas. Mais le voir, là, interagir avec son épouse comme si elle était vraiment présente - c'était impossible, l'alcool, il commençait à délirer - il fantasmait tellement Olivia...  

 

Il fallait qu'il comprenne avant de devenir complètement fou. Fou d'elle, au point de ne plus souhaiter revenir.  

 

(Script original - hommage à A. Tarkovki)

Scénario : (3 commentaires)
une série Z sentimentale (SF) de Guigui Fernand

Elrico Ridante

Joanna Fillion
Musique par Emmannuelle Cage
Sorti le 08 novembre 2014 (Semaine 514)
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