Et si tout finissait d'un coup, comme ça, sur le quai d'une gare...  

1 semaine plus tôt.  

Sa peau est si douce, si tendre. Je laisse glisser mes doigts le long de ses hanches, tout en déposant des petits baisers le long de son cou. Elle se penche légèrement en arrière, ma main finit son merveilleux voyage et vient mourir entre ses jambes. Elle gémit. S'allonge sur le lit. Je me met sur elle, fixe son regard, me noie un moment, puis entre en elle. Chaque caresse, chaque mot, chaque soupir est un trésor qui fait battre nos coeurs plus vite encore...  

Elle est allongé sur moi, caresse mon torse, en glissant de doux mots à mon oreille. L'effort et le plaisir ont été intense. Dans la chambre l'atmosphère est étrange. Son odeur, la mienne, et l'amour qui s'en dégage. Nous nous aimons, du fond du coeur. Depuis 4 mois notre vie est un rêve, un comte de fée, nous, notre petit monde, et encore nous. Contrairement à ce que l'on pense, quand on aime on ne vit pas, on arrête de vivre. Tous les détails, les rues, les gens, tout cela n'a plus de sens, ne reste que son regard, et le reste n'est que vent, illusion.  

Un bruit dans la maison. C'est surement sa mère. Pas de panique, elle sait que nous sommes ensemble, elle va juste descendre lui annoncer que nous sommes en haut. Un dernier baiser, un dernier je t'aime. En bas un vacarme éclate, je m'habille et descend, et là, le drame. Elle est en sang, elle ne bouge plus, ni l'homme allongé à côté d'elle. Je la prend dans mes bras, je supplie le seigneur, j'implore la Terre, le Ciel, j'hurle, j'appelle à l'aide...  

Aujourd'hui.  

Et voilà, son père était venu une heure avant, assassiner sa mère, elle était au sous-sol, agonisante, pendant que nous faisions l'amour. Puis il était revenu prendre la vie de sa fille, avant de mettre fin à la sienne, en se plantant un couteau dans la gorge. Il n'avait jamais supporté le départ de sa femme et sa fille, et il les voulaient pour lui, à tout jamais. Et moi je suis là, seul, sur ce quai de gare. Non je ne vais pas sauter, j'en suis incapable; je vais juste partir, prendre le premier train, et quitter cette ville, ses souvenirs, à jamais...  

10 ans plus tard.  

Le patron me réveille, il va fermer. J'ai du mal à me lever, et encore plus à marcher droit. Demain, je risque d'être encore en retard au boulot. Je suis guichetier au « Historic Museum of London ». Si c'est pas la classe ça. Et sinon, mes loisirs sont assez diversifiés : boire au bar, boire chez moi, boire sur les bords de la Tamise, me droguer au bar, me droguer chez moi, m'en griller un sur les bords de la Tamise... Enfin je suis un homme débordé, qui sais s'occuper. Je dors mal, je fais des cauchemars, depuis 10 ans, on peut pas dire que je suis super bien. Certains spécialistes diront même que je suis dépressif. Ils le seraient pas eux, à ma place ? Je ne suis jamais retourné à Liverpool, comme je me l'étais promis. Les bords de la Tamise, le soir, ça craint. J'y suis tous les soirs, vous pouvez me croire. Et là, dans l'eau, je vois une fille se débattre et hurler à l'aide. Je cours, plonge -enfin me jette à l'eau pour être exact-, je la saisie, la sors de l'eau. Elle respire, pleure, me remercie, pleure, me remercie, pleure, me raconte qu'un homme lui a volé son sac et l'a balancée dans l'eau -quand je vous disais que ça craignait-, pleure.  

Elle me sert un thé, son appartement est plutôt chouette, avec vue sur le « gros Ben ». Perso, moi je l'aurais appelé « Big Horloge », mais bon, on me l'a pas demandé. On parle un peu, elle est encore sous le choc. Samedi elle va à Liverpool. Elle y a passé son enfance, avant, un drame me dit-elle. Elle va au toilette. Je regarde sur les murs, et là, je reste figeais. Une photo de... de... mon amour perdue et de sa famille. Elle revient, me trouve blanc. Je l'interroge. Elle me répond en pleurant -c'est une maladie chez elle ?- que c'est sa famille qu'ils sont tous mort. Mais oui, j'avais oublié, elle avait une petite soeur de 14 ans à l'époque, partie en voyage scolaire. Je n'y avais jamais repensé, le choc sans doute. Elle retourne à Liverpool pour la première fois, une sorte de voyage « emblématique me dit-elle ». Je lui mens, j'ai parait-il une vieille tante malade que je dois moi aussi monter voir à Liverpool. Bah oui tiens, faisons-le voyage ensemble...  

Mais pendant ce voyage, pourra-t-il lui mentir sur son identité ? De vielles blessures vont-elles réapparaitre ? Et cette fille pleine de vie ne va-t-elle pas lui redonner goût à la sienne ? L'amour peut-être ?  

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Un scénario de Ralphaez