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MMP présente
Grizzly vs Wendigo

L'agent spécial du FBI Jenna Pirandello (Jeanne McCole) regardait la scène avec effarement. Dans cette réserve amérindienne des Batus ici, à l'extrême Nord du Montana, "il" avait remis ça... Malgré tous ses efforts, l'aide des Services Secrets et celui de l'armée, cette saloperie de Mark Nelson (Jason Kordic) était revenu à la vie dieu sait comment et avait perpétré... ça.  

 

C'est qu'elle avait à trouver les mots, Jenna, tellement le spectacle de désolation qui s'offrait à elle ne laissait que peu de doutes sur l'identité du boucher. La créature désormais référencée par les autorités sous le code E13 - elle, préférait continuer à l'appeler "Le Wendigo" - avait démembré chaque individu de la famille de l'homme-médecine qui les avait aidés à combattre cette bête. Un grand malheur s'était abattu ici. Ce Wendigo avait jadis été réveillé par les amérindiens pour combattre le chemin de fer de l'homme blanc - et comme toute tentative de jouer avec les esprits de la nature, leur expérimentation leur avait échappé, devenant une malédiction se transmettant au gré des saisons et des circonstances. Les occidentaux appelaient ça un "virus" mais n'avaient jamais su le reproduire.  

 

L'ex-Procureur Général devant la Haute Cour des Etats-Unis adorait cet état - il assimilait la prise de contrôle du monstre à une euphorie, une drogue, et son retour à la réalité lui imposait le manque. Il était lié à des cycles lunaires particuliers que jamais personne n'avait su décrypter : Pirandello avait appris que les Batus s'avéraient les survivants d'une antique tribu massacrée, les Chipakayans. Les Chipakayans étaient des mages, sorciers, à la fois druides et philosophes. Ils faisaient partie des sociétés les plus avancées quand l'homme blanc avait croisé leur route. Ce dernier avait vu en eux un danger - et pris des mesures radicales à leur encontre. On avait ensuite évoqué une "erreur d'appréciation du danger" (c'était toujours d'ailleurs le discours officiel). En échange de leur silence, les Batus continuaient à recevoir des fonds spéciaux de la Maison Blanche. La cicatrice ne serait jamais refermée.  

 

Les Batus / Chipakayans étaient donc responsables de cette sorcellerie dans la région - pour qui y croyait. Il y a quelques années encore, elle aurait pris ça pour du folklore mais ce qu'elle avait vu avec Nelson, c'était que science et occultisme offraient parfois un redoutable mélange. Dans les esprits faibles pour commencer, dans la tête des politiques pour continuer. Finalement, elle aurait bien voulu que tout cela ne soit qu'une fantaisie de plus à mettre sur le compte de l'homme. S'il n'y avait eu en face eux ces corps atrocement déchirés, mutilés et en partie dévorés.  

Il n'y avait pas eu de témoins. Le reste de la population s'était cloîtré chez elle, témoin seulement auditif du massacre. Personne n'avait levé le petit doigt. Huit personnes étaient éparpillées dans la pièce à vivre du chalet. Cinq adultes. Trois enfants.  

 

L'homme-médecine - le pauvre homme à la cellule familiale désormais disparue - n'était pas ré-entré dans la bâtisse - ce qu'il y avait vu du reste de ses proches le hanterait jusqu'à la fin de ses jours. Il était en train de psalmodier une prière dans sa langue dehors, sous la pluie et les phares de leurs 4x4 qui déchiraient la nuit. Il priait pour les âmes des défunts, pour que leur Grand Esprit vienne les chercher dans les plaines.  

Il fut brusquement interrompu par le vrombissement croissant d'un hélicoptère de l'armée. Tandis que les légistes pénétraient sur les lieux des crimes, Pirandello et les hommes du FBI accompagnés par les marshals du Comté et quelques responsables de la communauté se réunirent autour du parking proche, piste d'atterrissage improvisée.  

 

Le Lieutenant Evans (Joanna Tilford) fut la première personne à sortir du transporteur de troupes, accompagnée de quelques soldats lourdement armés et d'un jeune civil (Ronald Martinez). L'homme-médecine s'était rapproché d'eux.  

Les deux jeunes femmes se regardèrent un instant, s'évaluant, puis Evans prit la parole :  

"- On boucle le périmètre - sécurité nationale, votre boulot ici est terminé, agent... ?"  

Pirandello avait déjà vécu cette scène : le coup des militaires qui viennent vous faire chier au milieu de votre enquête. La dernière fois que ça s'était passé, elle avait démantelé quatre jours plus tard un laboratoire secret soit-disant commissionné par le Pentagone - laboratoire dont l'objectif était de reproduire par la science ce que la "magie" ou l'alchimie ancestrale avait produit sur Nelson. Tout avait été passé par le feu - plus de traces, elle avait même failli y laisser des plumes. Mark Nelson était devenu de l'histoire ancienne. C'était il y a deux ans. Aujourd'hui, les gars du Bureau local avait fait appel à elle car ce qui s'était passé dans cette réserve, elle en connaissait le prédateur responsable : elle l'avait impitoyablement traqué en milieu urbain pendant des mois et des mois. Elle avait renseigné son enquête malgré les doutes de ses supérieurs. Ca en avait fait rire certains - moins d'autres. Elle était un peu devenue elle-même une sorte de légende respectée.  

Sa réponse fut donc franche et lapidaire :  

"- Vous ne bouclez rien du tout - j'ai le feu vert de ma hiérarchie et je connais mieux le mec qui a fait ça que vous." Et tout cela était vrai.  

 

Evans avait parcouru le dossier Pirandello dans l'hélicoptère et savait donc qu'elle aurait à jauger une tête de mule qu'il valait mieux avoir de son côté, quitte à y aller de quelques manipulations. Elle savait aussi que ses enquêtes lui avaient permise de bien connaître les autochtones. Un avantage considérable vis-à-vis de l'armée. Et l'homme qui l'accompagnait ici à sa demande avait lui aussi un passif avec la magie Batu.  

 

Richard Bradford - puisque c'est de lui dont il s'agissait - regardait la scène et les lieux avec un intérêt croissant. La "bête", le Grizzly qu'il pouvait devenir, les "esprits apaisés" Chipakayans lui avaient appris à le dominer - non pas combattre la malédiction - c'était impossible : il vivrait avec de toute façon -, mais orienter ses actes : il était devenu un avatar de la nature, s'était à la fois libéré de sa culpabilité, de ses doutes et de son ancienne vie. Il était devenu un autre homme, vivant à présent heureux avec la femme qui l'avait aidé à franchir le cap. Les militaires avaient renoncé in extremis à son élimination : il collaborait désormais pleinement avec le Pentagone pour des missions de surveillance, reprenant à l'occasion forme animale avec le contrôle qui était désormais le sien.  

 

Ce soir, il sentait l'odeur du sang partout, ses sens aiguisés percevaient également le parfum de celui qui avait commis ces atrocités. Il sentait leur lien.  

Lui avait longtemps considéré ce qui l'avait frappé comme un malheur. Il avait appris à vivre avec. Celui qui s'était rendu coupable de ce qu'il percevait plus que ne voyait jouissait de sa transformation. Il était comme une sorte de double maléfique de lui-même. Mais d'un autre côté, il était libre. Totalement libre de ses actes. Jamais surveillé.  

Un bref instant, Richard envia cet homme (car il s'agissait d'un homme) devenu fou mais complètement désinhibé. Avait-il trouvé sa vraie nature sous cette forme ?  

 

Et lui, Richard, avait-il trouvé un sens à sa vie ?  

La justice des hommes ne pouvait rien pour lui. Pour eux. Il fallait qu'il le retrouve. Pour qu'il puisse répondre à ses questions.  

Tout en y réfléchissant, Bradford se rapprochait du chalet, accompagné par deux soldats. Le vieil amérindien n'avait plus d'yeux que pour lui. Il vint à sa rencontre :  

"- Toi, je te connais - mes ancêtres t'ont éduqué. Tu es mort et ressuscité..." Cela aussi était vrai.  

Et il ajouta, dans un souffle :  

"- Tu n'es pas comme l'autre, tu comprends ?! Le Grand Esprit est à tes côtés - ce que tu es est défini par tes actes !"  

Richard le regarda dans les yeux. Oui, il retrouverait cet homme - ou ce qu'il était devenu : il n'avait nul besoin d'aller voir les cadavres, il savait de quoi il était capable.  

Le retrouver. Et après ?  

 

(Script original, suite croisée de La Colline du Grand Homme (Grizzly 4) (2016) et Wendigo 3 - Tuerie (2014) - tourné au Studio Laure Pariseau)  

Lien Grizzly 4 : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=10507  

Lien Wendigo 3 : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=11419  

Scénario : (3 commentaires)
une série B d'action (Fantastique) de Robert Lassek

Jason Kordic

Joanna Tilford

Ronald Martinez

Jeanne McCole
Musique par Cecilia Klimek
Sorti le 29 avril 2017 (Semaine 643)
Entrées : 13 830 846
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