2016. Bucarest, Roumanie.  

Six années ont passé depuis le décès de l'inspecteur Hauppmann (Manfred Ribic) et son épouse*. Six longues années durant lesquelles son fils Kurt (Michael Maher) a apprit la terrifiante vérité sur leur famille : ils ont affaire avec la mort. Si quotidiennement que leur famille, depuis le Moyen-Âge, est devenue sa servante. Appelez-les voyants, médiums, ankou, messager, devin ou oiseau de mauvaise augure : à travers la si vieille Europe, chaque Hauppmann a eu une leçon à tirer de son business avec la faucheuse. Celle de son père est d'avoir renié cette part d'ombre pendant toute ces années : il était un être de lumière qui avait laissé derrière lui ce que ce médecin maudit nazi avait réveillé en lui* - qui avait volontairement tiré un trait sur les morts qui l'accompagnaient sans cesse dans sa quête de vérité***. La Ténèbreuse n'avait pas vraiment apprécié - alors elle a pris son temps, histoire de récupérer son dû, et mettre le fils sur les bons rails : ce dernier avait fait la lumière sur cette malédiction que nul se saurait jamais lever sur leur patronyme. Et cela lui avait fait perdre une partie non négligeable de sa santé mentale.  

On l'avait retrouvé il y a cinq ans, nu, bavant sur les trottoirs de Varsovie, à la recherche de son âme, le regard vide. Quelques années plus tard, le consulat d'Allemagne avait pu déterminer son identité. Entre-temps, il avait vécu dans les asiles polonais comme dans une prison insalubre.  

Un psychanalyste l'avait alors pris en charge. Le Docteur Frund (Joel Nicotero) était de ceux qui pratiquaient les théories de Janov avec le plus de succès. Au fur et à mesure de leurs séances, le regard du jeune homme s'était à nouveau éclairé. Il était sorti des brumes de l'hébétude et avait repris pied. Frund lui avait mis une de ses patientes dans les bras. Elle s'appelait Tanya (Alice Adéessel), une originaire des pays de l'Est. Ces deux-là s'étaient trouvés par bonheur. Ils s'étaient soutenus dans l'épreuve. Finalement, au bout de trois années de thérapie intensive, ils pouvaient sortir de la clinique privée de Frund mariés et en attente d'un heureux événement.  

Kurt était revenu à la réalité. Il n'était plus question désormais pour lui de reprendre son métier de détective privé - cela ne lui avait jamais amené que des ennuis. Mais l'envie d'offrir ses services restait la plus forte. Par défaut, le couple décidait de partir en Roumanie - où la famille de Tanya pouvait les héberger et où Kurt décrochait un job de chef d'équipe de nuit auprès d'un grossiste d'import-export.  

Un soir alors qu'il prend son service, il surprend ses collègues en train de bastonner un jeune immigré turc (Aslan Karagül) qui a pénétré dans l'enceinte pour y voler du matériel. Il arrête le massacre et demande que l'on appelle la police. Tout le monde se détourne, comme si le jeune homme n'avait jamais existé. Resté seul dans la pièce avec lui, il constate les dégâts : les brutes n'y sont pas allées de main-morte et le gamin baigne dans une mare de sang.  

Un lourd silence s'abat dans la pièce.  

C'est à ce moment-là que des décisions qui forgent la vie d'un homme se prennent. Le sang de Kurt ne fait plus qu'un tour, son regard se tend. Il prend à bras-le-corps la masse inerte et l'amène dans son automobile sous le regard mi-amusé, mi-attéré du reste de son équipe. Il démarre en trombe et se dirige vers la première clinique privée qu'il trouve (appeler le SAMU local ? N'y pensez pas). Il fait enregistrer la victime et signe le registre - au début, les employés refusent, mais les regards s'éclairent vite contre quelques billets sonnants et trébuchants. Puis Kurt s'en retourne travailler.  

Le reste de la nuit se déroule dans une ambiance lourde : tout le monde se regarde en "chien de faïence" - les gars ne comprennent pas ce qui s'est passé, leur soudain excès de violence...  

Au petit jour, Hauppmann passe à la clinique prendre des nouvelles du patient. Celui-ci est réveillé : il est allemand, se nomme Wolfgang - il n'est pas un voleur, ne voulait pas d'ennuis. Il s'en sort avec quelques contusions, pas mal de sang perdu, trois côtes félées et une partie de la machoire brisée. Mais au moins, il est vivant et c'est à Kurt qu'il le doit.  

Kurt, lui, ne veut pas s'attacher à ce garçon qui, pour sympathique qu'il soit, peut lui amener des soucis. Il reste assez froid et distant, demande à ce qu'il ne porte pas plainte contre son patron (ce que Wolfgang serait bien incapable d'envisager de toute façon) et prend congé rapidement pour retrouver sa femme. Il n'a pas payé pour plus de 24H d'observation : ce soir, le gamin sera dans la rue - à nouveau seul face à son destin.  

Dans le parking de la clinique, Kurt trouve une silhouette adossée à la carosserie de son automobile. Une silhouette qu'il n'avait pas revue depuis...  

Son père est là. Feu l'inspecteur Hauppmann, la cigarette au bec et la démarche lourde quand il se rapproche. Kurt regarde autour de lui - personne. Il a vu beaucoup de choses extraordinaires en peu de temps il y a six années de cela mais cette vision lui rappelle de bien douloureux souvenirs.  

Une vision qui parle en tout cas - et distinctement :  

"- Tu crois avoir fait quoi, là ? Avoir sauvé ce 'Wolfgang' ! Mais tu as pensé aux conséquences de tes actes - aux événements qui, à cause de toi, ne se sont PAS déroulés ?!?"  

Son père passe à ses côtés, le bouscule - il sent l'odeur de sa cigarette lui chatouiller les narines.  

"- Ca va se payer, ça, fils - je peux te dire que ton initiative a VRAIMENT pas été appréciée ici..."  

Kurt se retourne à ces mots - plus personne. Un parking vide de monde - au loin, un chien aboie.  

Revenu chez lui, il trouve sa femme prostrée sur le lit. Craignant un malaise, il fonce la réconforter.  

Tanya pleure toutes les larmes de son corps, tenant d'une main son ventre désormais rebondi et d'une autre un papier griffonné qu'elle a trouvé sur sa commode en se levant.  

Sur le papier, un message cryptique :  

"J'ai fait un rêve : ton enfant doit mourir."  

(Script original, dernier chapitre de la "Trilogie Hauppmann" remakée de Cannasucre et de sa préquelle Ich sortie exclusivement sur Gerardmerveille)  

* Irrlicht (2015) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=11008  

** Ich (2009) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=2788  

*** Chromengel - Cible Parfaite (2014) : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=9976