Le futur, dans plusieurs millénaires. Entre ailleurs et nulle part.  

Le gigantesque vaisseau Jalâl ud Dîn Rûmî venait de "sauter" dans le Quadrant Theta Centauri, destination ultime de leur voyage. L'équipage avait parfaitement assimilé le jump extra-luminique et le Commandant Laslzo Sharif (Manfred Ribic) était particulièrement satisfait du cours des événements : il avait été le premier à émerger de son sommeil suspensif comme le prévoyait la procédure. Le reste de l'équipage mettrait entre cinq et douze jours avant de redevenir totalement opérationnel. Le reste du corps des officiers avait par contre repris son poste. A l'exception de quelques vomissements, nausées et autres étourdissements, on ne relevait aucune forme de dommage structurel ni sur le vaisseau lui-même ni sur son équipage : les nouveaux matériaux avaient remarquablement résisté au voyage et Sharif ne tarissait pas d'éloges sur ses hommes et ses passagers. Presque guilleret, il se préparait à sonner l'ordre de repos précédant le rata et l'appel à la prière pour ceux qui voulaient quand les radars du navire explorateur se mirent à hurler de concert.  

"- Navire en visuel !"  

Le Commandant en Second Novalis (Francesca Glau) venait de repérer un vaisseau similaire au leur. Situé à un petit millier de kilomètres de distance, il partageait selon les senseurs du "Jalâl", non seulement la même forme cylindrique mais semblait avoir été réalisé à base d'alliages extraterrestres et de la plus avancée des technologies humaines. Sa courbe de navigation apparaissait comme exactement parallèle à la leur et les signaux qu'il émettait, quoique totalement indéchiffrables en l'état, était d'intelligence terrestre.  

Sharif avait du mal à en croire ses yeux... Un écho résiduel sur leur propres radars ? Un bogue ? Un autre vaisseau terrien sur zone ? C'était impossible, le Jalâl était le premier de sa série.  

"- CHARGE LUMINEUSE EN APPROCHE - LEVEZ LES BOUCLIERS !"  

Le Commandant n'avait pas eu le temps de plus s'interroger : cette fois, les senseurs de proximité avaient noté l'apparition d'une forme lumineuse sortie de nulle part, bille d'énergie cosmique pure qui se trouvait à une distance égale entre les deux navires. Plus troublant, cet objet alien suivait leur trajet. Le reste du commandement qui pouvait se représenter la scène était plus qu'interloqué : en cinq minutes, deux corps étrangers étaient apparus : le premier, le plus éloigné était une copie de leur navire et le second une intelligence totalement inconnue de leurs bases de données.  

Sharif commanda l'arrêt complet du navire. Ce qui fut suivi des faits.  

Extraordinairement, la boule d'énergie s'était stabilisée. Et l'autre vaisseau aussi.  

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"- C'est impossible, ils suivent nos manoeuvres !!?"  

Le Commandant Laslzo Sharif (Alex Maher) regardait la scène sur son écran vidéo, complètement halluciné, dans l'autre vaisseau. Le Commander Von Hardenberg (Hayden Hampton) qui observait jusqu'à présent la scène avec curiosité demanda au navigateur d'engager une procédure manuelle de fuite. On lui répondit que ces commandes étaient bloquées sur UN axe précis...  

Les ordinateurs quantiques du Bunyan carburaient comme jamais afin de décrypter les émissions du vaisseau-double qui était apparu à l'instant et analyser la boule lumineuse qui leur faisait face à eux-deux. Sharif pensa tout haut qu'il ne pouvait s'agir que de la manifestation d'une intelligence particulièrement retorse - et potentiellement supérieure à la leur : si on avait voulu détruire le "Bunyan", on aurait pas pris un tel luxe de précautions inutiles.  

Le commandant réclama que l'on réveille impérativement toutes les intelligences extra-terrestres du navire. Il y avait des milliers d'individus ici, tous dotés d'une intelligence et d'un cerveau en parfait état de marche - sans compter ceux qui en disposaient de plusieurs -, ce serait bien une misère si l'un d'eux n'avait pas une petite idée de ce qui était en train de se tramer ici. Sharif voulait rassembler des informations, ça paraissait vital pour la suite vu qu'ils ne pouvaient plus fuir. Il attendait également un mouvement de la part de la forme la plus rapprochée...  

Ce mouvement ne tarda pas et c'est vers l'autre vaisseau que cette "boule de feu" se dirigea, avec lenteur dans un premier temps, puis accélérant - comme si la cinétique spatiale était devenue folle. Sharif observait l'autre navire sur son écran : il semblait tout autant bloqué dans ses mouvements que le leur, il n'était pas improbable que son équipage fut aussi paniqué qu'ici. Le vaisseau essaya de parer la boule de feu, avec succès.  

Au grand étonnement de tout le monde, elle disparut complètement des radars.  

Pour réapparaître exactement à l'endroit même où ils l'avaient repérée la première fois !  

Elle reprit une nouvelle course folle, vers le Bunyan cette fois. La navigation fut prise de court, Sharif hurla de lever les boucliers (impossible, quelque chose l'en empêchait !) et se prépara au choc : il était clair qu'ils allaient subir d'énormes dég...  

La boule de feu rebondit prestement sur la carlingue du vaisseau - Von Hardenberg réclama un bilan complet : zéro victime, zéro avarie. Elle se tourna vers son Commandant qui était à présent prostré, tremblant de tous ses membres...  

"- Officier à terre !! A l'infirmerie - je prends les commandes des opérations !"  

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Le Commandant Sharif (Manfred Ribic) avait vu son système nerveux s'écrouler à peu près au moment où la "boule intelligente" qu'ils avaient eux-mêmes évitée avait frappé l'autre vaisseau - il faisait l'objet de soins intensifs au SBE (Sick Bay Emergency) et montrait une très grande fébrilité, s'inquiétait de tout et de rien. On lui avait conseillé de se calmer, Novalis s'occupait des manoeuvres en son absence. Il lui faisait confiance mais elle était si jeune... Quant à lui, il se sentait honteux, vieil homme qui avait failli devant ses hommes...  

Tout le monde sentit quelque chose frapper le vaisseau, il y eut une micro-coupure de courant puis tout se ralluma. Novalis contacta Sharif : ils avaient été touché - aucun dégât apparent, mais le choc avait été rude : la boule allait de plus en plus vite. Il était probable que seules les contrôles manuels étaient opérants désormais, elle souquait ses techniciens pour réparer mais ces derniers ne voyaient pas la panne.  

Plus inquiétant : chaque fois que la "boule intelligente" était évitée par un des deux vaisseaux, elle réapparaissait comme si de rien n'était et sa vitesse en était démultipliée. Il était probable que bien qu'elle fut inoffensive au début, ça ne durerait pas. Si l'autre vaisseau s'en apercevait également, il pouvait potentiellement s'en servir comme d'une arme contre eux.  

Pour le moment, elle avait donné l'ordre d'intercepter la "boule intelligente" avant qu'elle ne disparaisse, c'était le seul moyen de maintenir sa vitesse constante - en espérant que l'autre vaisseau n'était ni plus solide que le leur, ni hostile... et qu'ils avaient bien compris la même chose qu'eux.  

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Se retrouver à l'infirmerie à l'âge de 32 ans quand on était un espoir de la flotte et un des plus jeunes Commandants en exercice avait quelque chose d'humiliant - mais c'était les risques du métier. Il s'était remis de son choc initial, restait en observation. Von Hardenberg l'avait briefé sur le cours des événements. Ainsi donc, "les autres" avaient fait rebondir la boule de feu et sa vitesse s'était stabilisée. Quelle étrange expérience ils étaient en train de vivre : deux vaisseaux à mille kilomètres de distance se renvoyant une "boule de feu" et ne pouvant faire que cela au risque de mettre leur existence en danger !  

Quelle imagination perverse était derrière tout ça ?  

Leurs machines avaient décodé une partie des identifiants de l'autre vaisseau. Il était bien terrien (ce qui était impossible) et portait le titre "...alâl ud Dîn Rûmî". Rester confiné ici lui avait au moins permis d'effectuer une recherche complémentaire : Dîn Rûmî ressemblait étrangement au patronyme d'un poète musulman des Temps Anciens. Cocasse : Sharif avait appris peu avant leur départ que son Bunyan avait été nommé ainsi en hommage à un poète chrétien.  

Or : 1. l'Islam avait disparu de la Terre depuis des millénaires et 2. leur vaisseau était unique en son genre.  

Le Commandant Laslzo Sharif n'avait pas été major de sa promotion pour rien : son intelligence vive et ses réflexes mentaux lui hurlaient que certaines pistes de réflexion n'avaient pas été encore évoquées dans cette affaire.  

Quelque chose avait sérieusement merdé pendant leur voyage. Ou on les avait détournés...  

Il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'à mille kilomètres de là, un autre Commandant avait tourné de l'oeil en même temps que lui.  

(Script original inspiré par le jeu vidéo éponyme produit par Atari en 1972)