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MMP présente
La Couronne Ecarlate

Quelque part, hors de l'espace et du temps.  

 

Le sombre labyrinthe était traversé de rais de lumière, éclairs brûlants qui projetaient sur le morbide édifice une lumière crue. En se rapprochant du sol, l'observateur attentif aurait été surpris d'observer l'étrange appareillage qui constellait chacune des parois de cet impitoyable Styx.  

 

Une intelligence malfaisante avait disposé tout le long des murs des rotors mécaniques constitués de pales dont les extrémités étaient acérées comme des rasoirs. Parfois, toutes les pales d'un seul côté pouvaient se mettre en route sans prévenir. Les pauvres errants qui essayaient d'éviter leur contact étaient projetés sur les pales du côté opposé et se mutilaient atrocement. Mais le pire était encore quand certaines pales des deux côtés s'activaient simultanément ou de manière chaotique. Les plus faibles étaient alors littéralement projetés vers la mort et leurs restes giclant sur les survivants venaient renforcer la terreur de ces derniers. Généralement, on ne s'arrêtait pas pour vérifier si les bords tranchaient encore malgré les millions de corps qu'elles avaient broyés - c'était le cas.  

 

Les damnés, eux, erraient sans but, cherchant à survivre, échangeant ce qu'ils pouvaient de ce qu'ils avaient ramené de leur "autre" vie. C'était un spectacle pitoyable, observer des insectes quémander auprès d'un Dieu miséricordieux quelques secondes de vie supplémentaires. Quand ils ne devenaient pas totalement fous et se jetaient presque de bon coeur sur les lames tournant à une vitesse folle. Curieusement, ils arrivaient rarement à se tuer du premier coup.  

 

Ceux qui mouraient le plus vite réapparaissaient immédiatement au coeur du labyrinthe (le "Coeur du Monde"), les souvenirs de leurs douleurs abominables et de leur agonie encore ancrées dans leur esprit et leur chair. Ceux qui avaient trouvé par miracle un échappatoire au dédale étaient transférés à un autre niveau. On ne revoyait jamais ceux qui étaient partis.  

C'était un Enfer. Le Royaume de la La Couronne Ecarlate.  

 

L'architecture cyclopéenne qui sévissait dans ce lieu se riait des règles de la physique, et même de toutes les règles que l'on pût essayer de promulguer. Seuls les humains apparus à la surface de ce chaos sans cesse en mouvement semblaient gagner un peu d'existence tout au long de leur calvaire. Le reste du labyrinthe, des tours alentours, des pièges, des guetteurs environnants se contorsionnait, disparaissait, réapparaissait aléatoirement.  

 

De temps à autres au milieu des cerbères, apparaissait un homme (Hubert Dupontal) - ou du moins une copie de ce qui avait été un homme. Les errants l'appelaient le "Questeur" et le pourquoi de ce nom disparaissait dans la nuit des temps. Habillé d'une ample robe de bure pourpre, il interrogeait parfois un des nouveaux venus. Sans jamais répondre à leurs questions ("Mon Dieu mais dites-moi ce que je fais là !!!?!" et assimilés), il cherchait la trace d'un damné.  

D'un damné qui aurait du être ici depuis fort longtemps. Un homme attendu et qui tardait.  

 

Un double du Questeur n'était pas revenu de son dernier reporting auprès de la Couronne - cela signifiait qu'Elle commençait à s'impatienter. La pièce dans laquelle se tenaient ces réunions était marbrée du sol au plafond, uniformément blanche et devait être vaste comme la Suisse - encore que dans cet univers, les notions de distances, surfaces et volumes fussent tout-à-fait relatives...  

De la Couronne elle-même, nul ne savait rien - et pas plus le Questeur qu'un autre de ses esclaves. C'était une belle pièce d'art posée sur un coussin de couleur bleu-roi, lui même au sommet d'une colonne, à hauteur d'homme. La pièce de métal n'émettait aucun son, seule une imperceptible vibration lui permettait de communiquer avec ses séides.  

 

Le Questeur du jour avait donc failli. Un autre était déjà en train d'observer une étrange carte faite de parchemins brodés les uns aux autres, qui décrivait différents points en relief. Le Questeur avait pris le temps de repasser toute la carte au peigne fin dans l'immense bibliothèque mise à sa disposition par la Couronne. Sur la carte, un point palpitait particulièrement. Celui-ci menait à la dernière "porte" qui avait été ouverte vers cette dimension. Effectivement ils avaient bien reçu du monde récemment, des cultistes persuadés de rentrer en contact avec un dieu - leur tête quand ils avaient vu le Questeur ! Ce dernier avait pu glaner quelques informations intéressantes avant que les jeunes "néphilims" (comme ils se faisaient appeler) ne soient décapités (pour mieux renaître au Coeur du Monde) par les rasoirs volants.  

Ils venaient de Paris, en France - de l'année 1979. Et l'homme qui avait été à l'origine de leur sacrifice commun, loin de les accompagner, était resté "du bon côté".  

 

Cet homme était William Shloss (Scott Whittall) - un être aux multiples identités qui aurait dû mourir depuis un bon paquet d'années et qui avait toujours réussi à tromper la Mort elle-même. Le Questeur savait que la Couronne n'avait aucune prise sur la Faucheuse : elle, gérait ce qu'on lui envoyait depuis des éons. Maintenant, que des humains viennent faire la démarche par eux-mêmes en ouvrant volontairement une faille sur leur plan n'était pas nouveau - mais leurs moyens s'amélioraient, leur connaissance des Cycles progressait. Une excellente chose.  

 

La faille ouverte sur Paris ne s'était pas totalement refermée. Le Questeur pouvait en profiter pour "passer", avait un peu plus de 12 heures devant lui pour tuer Shloss - qui arriverait immédiatement ici de toute façon. Tous les moyens seraient bons pour récupérer l'âme de cet homme. Ce maudit Shloss. Celui qui avait été le Premier Questeur et préféré revenir parmi les vivants que servir la Couronne.  

 

Paris, 1979  

 

Le propriétaire de l'immeuble du 12ème Arrondissement qui avait brûlé espérait vivement que les assurances et la Police ne traîneraient pas trop sur les lieux. "Interdiction de passer sous peine de poursuites" menaçait le panneau installé sur les lieux par les fonctionnaires. C'était la guigne, lui qui était parti pour une juteuse opération immobilière avec la Mairie de Paris, voilà qu'on avait cramé sa meilleure carte. Encore sonné sur les lieux du crime (car c'était un crime à n'en pas douter), il déplorait plus ses trois étages partis en fumée que les quatre victimes que l'on avait dénombrées.  

 

Il enjamba avec précaution les bandes de sécurité disposées autour de l'enceinte et entreprit de récupérer deux ou trois trucs... C'est vrai quoi, c'était son immeuble - il était une heure du matin, il faisait ce qu'il voulait, il avait le droit d'être là !  

 

Un vent glacial perturba sa fouille au deuxième étage. Il dirigea sa lampe vers l'appartement d'où venait cette brusque fraîcheur au coeur d'un été caniculaire.  

Il resta interdit devant la porte d'entrée. En face de lui un homme fumant le regardait avec un grand sourire. Le gars était plutôt habillé cossu. Le propriétaire ne prit même pas la peine de le menacer - il émanait de ce vieil homme un charisme qui vous mettait tout de suite en confiance.  

 

"- Vous êtes un assureur ?!?  

- Monsieur, ici comme ailleurs, c'est moi qui pose les questions..."  

Le proprio ne sut jamais pourquoi il répondit spontanément... Le Questeur apprit que Shloss avait loué tout l'étage "pour ses besoins", payé à l'année et ne s'était jamais plaint de son insalubrité criante. Il travaillait avec des étudiants de Dauphine - le quidam ne s'était jamais mêlé des affaires de son locataire mais la veille de l'incendie, il devait lui remettre un courrier qui lui avait été remis par erreur. Il ignorait bien sûr Shloss se trouvait à présent - craignant qu'il figurât parmi les cadavres retrouvés.  

"- Non, il n'y est pas... le rassura le Questeur sans se départir de son sourire.  

- Tant mieux, parce que ce courrier avait l'air important - je ne voulais pas qu..."  

Tout en agitant l'enveloppe qu'il avait négligemment sortie de son anorak, l'homme n'eut pas le temps de finir sa phrase : le Questeur avait déjà transpercé son crâne de part en part avec une étrange dague à deux lames qui se repliait à présent sur l'avant-bras de son propriétaire, rentrant littéralement dans sa chair.  

 

Le Questeur récupéra le véhicule du bonhomme, décacheta l'enveloppe. Le courrier d'une femme trompée qui vouait Schloss aux gémonies, n'avait jamais trouvé son adresse "réelle" et espérait que la missive atteindrait tout de même son destinataire. Il était signé Sabrina Woersky (Stephanie Gonçalves), qui avait récupéré l'adresse grâce à une de "ses étudiantes".  

Université Dauphine. La mention et le nom d'une étudiante alors que l'on avait retrouvé que des hommes dans l'immeuble. Une femme délaissée qui laisse son adresse, nourrissant le fol espoir que son amant lui réponde. Quelques pistes pour retrouver Schloss.  

Il lui restait 11h50. Il mit le contact.  

 

Le lendemain matin, les hommes de la Commissaire Bouvier (Shannon Torkildsen) trouveraient un nouveau cadavre sur les lieux de l'incendie de la Rue de Malte. La tuile : à 32 ans, l'exceptionnelle et très douée Bouvier débutait à ce poste et voilà qu'une des affaires les plus sombres de sa carrière débutait.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série B d'horreur (Policier) de Alan Caine

Hubert Dupontal

Shannon Torkildsen

Scott Whittall

Stephanie Gonçalves
Musique par Barclay Buffett
Sorti le 23 octobre 2015 (Semaine 564)
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