La route de la forêt était calme, comme toute l'année, alors que la nuit s'apprétait à tomber. A cette heure, les quelques randonneurs qui s'étaient aventurés dans les bois avaient déjà quitté les lieux, laissant la nature vivre tranquillement sa nuit. Mais un bruit vint troubler la tranquillité des lieux, un ronflement de moteur au loin.  

Soudain, une voiture surgit à toute allure au détour d'un virage, faisant jaillir derrière elle un nuage de poussière dans un dérapage à moitié contrôlé. La boite de vitesse craqua, et la voiture réaccéléra, tandis qu'une seconde apparaissait derrière elle, à sa poursuite, suivant le même chemin que la précédente. La première voiture profita de l'instant pour tenter de distancer la suivante, mais dans un vombrissement de moteur, la seconde accéléra un grand coup et rattrappa la première. Zigzagant toutes les deux de gauche à droite, la deuxième voiture tentait de trouver un passage sur le côté pour dépasser la première, tandis que celle-ci faisait tout pour bloquer la route à sa poursuivante.  

Au volant du second véhicule, Mickaël (Raoul Salmon) rageait contre son ami qui l'empêchait de le doubler. Partis entre amis pour fêter le Mardi Gras autour d'un feu, la bande de huit jeunes avait quitté la ville au volant de deux voitures pour se rendre dans le bois d'à côté, près du lac, pour camper. Profitant de la première occasion venue pour se retrouver entre potes et oublier les tracas de la vie d'étudiants pendant une nuit bien arrosée, ils avait choisi cette nuit pour s'éloigner de la civilisation et profiter de la tranquilité de la forêt.  

A l'arrière de la première voiture, Clara (Sarah Walton) jetait des regards inquiets à travers le pare-brise arrière. Elle n'aimait pas quand les garçons se lançaient dans de telles courses idiotes, craignant immédiatement le pire. Mais malgré ses demandes auprès de Sébastien (Charles Donovan) qui conduisait le véhicule à bord duquel elle avait embarqué, celui-ci ignorait ses recommandations, la rassurant en disant qu'il n'y avait personne sur cette route. A côté d'elle, sa meilleure amie Emilie ne semblait pas s'inquiéter plus que ça des risques qu'ils encouraient en roulant ainsi à toute allure sur une route boisée, recouverte de terre. Apercevant le lac sur lequel reflétait le coucher de soleil, Clara se rassura en se disant qu'ils approchaient enfin de l'endroit où ils allaient camper. N'attendant plus que le moment où ils s'arrêteraient enfin, elle resta assise silencieusement sur la banquette arrière, le regard perdu dans les bois, à travers la vitre de la voiture.  

Elle se redressa soudain sur son siège, et regarda autour d'elle pour voir si ses amis avaient réagit comme elle. Etait-ce une silhouette qu'elle avait entraperçue à travers les arbres, se tenant debout, droite, et observant la route ? Voyant que ses amis continuaient de rire aux éclats, amusés par leur course, elle préféra ne pas signaler ce qu'elle avait cru voir. Elle avait du se tromper.  

Les tentes avaient été vite installées. De toute façon, ils y passeraient sans doute peu de temps, la soirée étant prévue pour s'éterniser tard dans la nuit. Tandis que Sébastien sortait les caisses remplies de bouteilles d'alcool de son coffre, Mickaël préparait l'endroit où ils allaient faire un feu. Le soleil avait presque disparu à l'horizon, quand les filles revinrent avec assez de bois pour alimenter le feu pendant quelques heures.  

Pendant leur promenade, Clara n'avait pas cessé de repenser à cette silhouette qu'elle avait aperçue et lui avait fait froid dans le dos. Ca devait pourtant être un pêcheur qui rentrait tout simplement de sa journée, ou un randonneur qui n'avait pas fait attention à l'heure, rien de plus. Mais la jeune fille restait intriguée par cet homme qui lui avait semblé les observer comme s'il recherchait quelque chose ou quelqu'un.  

Quand elles arrivèrent au campement, les garçons avaient déjà ouvert des bières, et commencé à les boire, sans attendre les filles. En passant près d'eux, Clara regarda Mickaël qui ne semblait pas faire attention à elle. N'osait-il pas la regarder, ou bien tout simplement n'était-il pas du tout intéressé par la jeune fille qui n'arrivait pas à le quitter des yeux ?  

La nuit tombait sur le petit bois où se réfugiait chaque année Julie (Sharon Jankel) depuis maintenant trois ans. Depuis la nuit où elle avait échappé de peu au tueur du Mardi Gras, grâce au capitaine Jérôme Rulliac et à son époux qui avaient tous les deux trouvé la mort, elle confiait sa fille à sa meilleure amie à l'approche de cette date, et s'enfuyait loin de la civilisation, car elle savait qu'elle était l'unique proie du tueur qui la pourchassait depuis des années et elle ne voulait plus que d'autres personnes meurent par sa faute. En s'enfermant seule, dans cette cabane au milieu des bois, elle espérait que l'assassin ne la retrouverait pas. Et si jamais il se remettait sur sa trace, elle serait seule à l'affronter.  

Pourtant, nombreux étaient ceux qui avaient tenté de la convaincre de rester près de la civilisation, persuadés que les forces de police parviendraient à arrêter à nouveau cet homme qui bizarrement avait disparu de la circulation depuis son évasion de l'hôpital psychiatrique, pour ne réapparaitre que trois ans plus tôt, lors d'une soirée organisée par une camarade de classe de la fille de Julie. Mais pour la jeune trentenaire, pas même les forces de police ne pourraient faire quelque chose face à ce fou assassin qu'elle avait vu éventrer le capitaine Rulliac.  

Ce soir là, en entendant les rires de ces campeurs qui étaient venus s'installer non loin de la cabane où elle s'était réfugiée, elle espéra que l'assassin ne la trouverait pas encore cette année.  

La bande d'amis discutait autour du feu, les garçons s'amusant à raconter des histoires idiotes pour faire peur aux filles. Après avoir bien rit de la dernière histoire racontée par Sébastien, Emilie fit part aux garçons de ce que les filles avaient vu en allant chercher du bois plus tôt dans la soirée. Elles avaient aperçu une maison en bois abandonnée, sans doute une ancienne cabane de pêcheur.  

Immédiatement, Sébastien se releva et proposa à ses amis de se rendre à la cabane, mais l'idée n'enchentait pas les filles qui ne souhaitaient pas s'éloigner du feu par cette nuit noire. Pourtant, Sébastien parvint à convaincre la majorité du groupe de le suivre, et les autres préférèrent donc suivre le mouvement pour ne pas rester seuls au campement.  

Munis de lampes torche, les étudiants traversèrent alors le bois en suivant les indications d'Emily.  

Tandis qu'ils approchaient de la cabane, ils ne virent pas la silhouette qui se glissait entre les arbres, se réjouissant d'avoir retrouvé celle qu'il n'avait plus revue depuis trois ans. Il allait enfin pouvoir reprendre les choses là où ils les avait laissées...