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MMP présente
Masoch

Graz, Autriche - 19ème siècle.  

 

En ce début d'après-midi, le petit bureau avait tout du cocon dans lequel Leopold von Sacher-Masoch (Howard Maher) aimait à se retrouver. L'odeur du cuir des couvertures et des pages froissés l'inspiraient, la pièce - recouverte de tableaux et meublée presqu'uniquement de bibliothèques vitrées - avait cette qualité qu'il pouvait y travailler de l'aube au crépuscule sans jamais éprouver un besoin physique quelconque. Il trouvait ici la fièvre qui lui offrait l'univers de ses contes et romans.  

 

Son assistante Katja (Morena Molchany) avait comme d'habitude disposé son courrier quotidien de manière visible sur le petit secrétaire. C'est vrai : Leopold pouvait être tête en l'air et oublier parfois de le lire pendant une semaine. Les contingences extérieures - sa famille, son éditeur, la presse, manger, dormir - étaient pour lui une perte de temps. Pourtant, il savait que ces missives pouvaient changer sa vie. Il se retenait juste d'ouvrir les lettres plus personnelles, celles qui étaient parfumées - celles qu'il attendait justement comme les plus porteuses d'émotions fortes.  

Il regardait parfois ces dernières pendant plusieurs heures sur le bureau, trépignant du moment de la libération où, armé de son ouvre-lettres, il déchirerait avec soin l'enveloppe pour en découvrir le contenu. Une douce excitation qu'il s'infligeait continuellement depuis qu'il avait commencé à fréquenter des maîtresses. Abandonné par son ex-femme, il avait intériorisé sa douleur pour la transformer en plaisir. Il était aujourd'hui devenu maître de sa propre torture. Et en était devenu véritablement accro.  

 

Fanny Pistor (Tamara Lathan) était sa nouvelle "compagne", celle avec laquelle il partageait le plus souvent ses secrets - leur relation était longtemps restée épistolaire avant qu'ils ne se rencontrent pour mieux se séparer, puis se retrouver à nouveau... Elle-même n'avait pas mis longtemps à comprendre ce que désirait réellement Leopold. Excentrique, fondu de nouvelles expériences, charismatique, l'écrivain à succès aurait pu picorer les conquêtes comme on ramasse des baies - en toute liberté et avec légèreté. Mais cet homme était passé à autre chose, un stade supérieur de sa conscience : sa relation supportait une dose d'ambiguïté et il recherchait avant tout l'humiliation, la fascination d'être jeté plus bas que terre par ses muses (elle ou d'autres), d'être battu, trompé, villipendé en privé...  

 

Leopold voulait tout ça et Fanny était prête à le lui donner. Issue de la très grande bourgeoisie italienne, elle avait de la courtisane la beauté, l'intelligence et la remarquable qualité de se placer aux bons endroits. Elle avait mis en Leopold les espoirs d'une progression sociale fulgurante auprès de la haute société viennoise. Sa fascination pour le dramaturge était pourtant réelle - elle aimait cet homme comme jamais elle n'avait aimé ; ce n'était pourtant pas de la passion - ils étaient juste mûs, à ce moment précis, par la même intelligence.  

 

Leopold venait de décacheter l'enveloppe de Fanny : celle-ci lui répondait au sujet d'une croisière qu'il avait décidé d'entreprendre avec elle sur la côte Adriatique, croisière durant laquelle il lui promettait de répondre à ses ordres, quels qu'ils soient. Elle répondait positivement à cette généreuse offre. Leopold reposa la lettre un instant puis se prit la tête entre les mains : n'aurait-elle pas du refuser la proposition ? Ainsi, il aurait pu geindre d'être seul et abandonné !?!  

Il reprit la lecture et les derniers paragraphes lui redonnèrent du baume au coeur : Fanny comptait être odieuse durant la croisière et - mieux ! - le tromper en public avec un homme. La lettre ajoutait qu'il la regarderait se faire courtiser par cet individu, se faire saillir par lui. Et qu'elle l'avait déjà choisi de longue date. Quelle humiliation se serait pour lui - quel cocu magnifique il ferait ! Quelle joie !! Leopold en aurait presque senti des larmes de bonheur couler sur ses joues.  

Fanny avait tout prévu. Elle s'était tout de même gardée de lui donner l'identité du "deuxième homme" qui formerait leur trio. Il s'agissait, rien de moins, que d'un de ses cousins germains, un bel éphèbe du nom de Richard Plank (Charles Donovan).  

 

Ils seraient bientôt réunis.  

 

(Script original inspiré d'événements et personnes ayant réellement existés)

Scénario : (2 commentaires)
une série B dramatique (Historique) de Rebecca Blakstad

Howard Maher

Tamara Lathan

Charles Donovan

Morena Molchany
Sorti le 09 novembre 2013 (Semaine 462)
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