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MMP présente
Collection

Gerardmerveille, 1988  

 

Monique Lesblanc (Julia Hartnett) est une femme de ménage comblée. Elle travaille pour Monsieur Riley (Saif Dhupia) depuis bientôt deux ans. C'est un célibataire érudit qui utilise sa très grosse fortune familiale dans des collections diverses et réside dans une très belle mansion dans la banlieue de la ville. Monsieur Riley est vraiment quelqu'un de sympathique : en plus de très bien payer son personnel de maison, il discute souvent avec elle quand il a la chance de résider à Gerardmerveille (ce qu'il voyage, cet homme !). Récemment, il lui parlait de la centaine de chapeaux qu'il tient sous cloche dans un de ses nombreux cabinets de curiosité : coupes, historique, classes sociales, un discours passionnant qui l'avait d'ailleurs mise en retard... Chaque jour qu'elle a cette chance, Monique Lesblanc revient chez elle gorgée de culture - et ça, ça fait du bien à tout le monde.  

 

Cette semaine, M. Riley est absent - un congrès de numismates à Cologne, parait-il - mais il a laissé comme à son habitude quelques informations écrites avec l'enveloppe du salaire mensuel de Monique. C'est sur la bibliothèque qu'elle devra concentrer ses efforts.  

Et effectivement, quel chantier ! On dirait qu'une bande de gamins intrépides s'est servie des échelles pour faire tomber les plus hauts livres. Monique a l'habitude d'utiliser l'échelle, et elle connaît assez bien la disposition des ouvrages désormais. M. Riley dispose de la plus belle collection d'écrits sur la musique et sur l'ésotérisme de la ville, des choses qu'il est allé chercher jusqu'en Afrique ou en Orient. C'est qu'il parle cinq langues et en lit dix-huit ! Un érudit, un vrai - propriétaire de 10 000 bouquins. Ou peut-être 15 000, elle ne sait plus trop.  

 

Deux heures passent. Elle range les ouvrages, brique le bureau, nettoie l'ordinateur IBM. Elle s'avise d'avoir oublié un tome assez lourd, chu de l'étagère située derrière la statue de pied grecque, à côté du bureau. Au moment où elle le replace (une édition allemande illustrée sur les poèmes interdits de Von Kleist) au côté d'une très rare étude des chants de sorcellerie éthiopiens, une brusque hypoglycémie la contraint à s'agripper au meuble. Elle fait tomber accidentellement un ouvrage voisin.  

"Pratique de la Magie et des Arcanes Rouges du 13ème au 16ème siècle" par Hughon de la Motte de Tourville, 1793.  

Un ouvrage en Français - c'est rare. Sans même l'ouvrir, elle se dépêche de le reclasser une fois le coup de fatigue passé.  

Clic.  

 

Elle se retourne et pousse un petit cri. Derrière elle, tout un pan de l'immense bibliothèque vient de glisser sur elle-même, révélant une chambre secrète.  

C'est vrai que le bâtiment avait un passé assez lugubre, mais Monique ne s'était jamais intéressée à la chose. A peine savait-elle que cet ancien manoir du XVIIème siècle avait hébergé des ex-nazis après la seconde guerre mondiale. Nazis qui avaient disparu dans des circonstances troubles (règlement de compte ?). Le reste, c'était légende urbaine et compagnie.  

 

Piquée par la curiosité, Monique Lesblanc s'aventure dans la chambre - comment aurait-on pu penser qu'un mécanisme dissimulé de l'autre côté de la pièce découvrirait une partie probablement interdite de la maison ?!? Monique savait au moins quelque chose : M. Riley fréquentait l'endroit - celui-ci était d'une propreté quasi-clinique. Murs blancs refaits, installation électrique récente, air conditionné - à peine avait-elle franchi la porte qu'un capteur électrique allumait la pièce.  

Celle-ci révéla un laboratoire, mélange de matériels antiques et contemporains, une petite bibliothèque et une impressionnante somme de bocaux remplis de liquides de couleurs diverses et chatoyantes. Monique était proprement fascinée - qu'est-ce qu'il collectionnait à nouveau ? Des parfums ?  

Aucun des bocaux n'était scellé mais tous semblaient soigneusement référencés. Elle en ouvrit un au hasard.  

Presqu'immédiatement, un cri étouffé déchira la pièce et on tambourina quelque part - le bruit était sec et sourd, violent et semblait provenir d'un caisson de congélation, au fond de la pièce.  

 

Monsieur Riley était un homme très bien mais Monique venait d'avoir la peur de sa vie - elle prit ses jambes à son cou et se précipita vers le premier combiné téléphonique.  

Dans sa fuite, elle renversa le bocal ouvert qui se brisa.  

 

Gerardmerveille, aujourd'hui  

 

Des bocaux multicolores. Ca lui rappelait l'enquête sur laquelle son père avait galéré.  

L'inspecteur Arman Chérif (Jack Miller) regardait la petite étagère sur laquelle les différents liquides faisaient danser leurs reflets irisés dans le labo, au sous-sol du garage. Riley - c'est comme ça que le gars s'appelait - il collectionnait les mêmes. C'est quand il s'était lancé dans leur production que sa situation avait tourné au vinaigre.  

Ce collectionneur émérite de la bonne société Gerardmerveilleuse avait eu sa cour vers la fin des années 80, principalement constituée de têtes couronnées d'Europe de l'Ouest et d'intellectuels philosophes qui cherchaient un sens à la vie - et à la leur en particulier. Ils ne fuyaient pas la vieillesse, on disait qu'ils cherchaient carrément l'immortalité, un supposé "sérum de vitalité". Riley ne prétendait pas leur apporter, il n'était pas Raspoutine, mais profitait tout de même de leurs bonnes grâces. Le liquide avait été analysé : de l'alcool de fleurs rares mélangée à des colorants et à de la graisse humaine, végétale et animale. Ca n'était pas ragoûtant, mais ce type de pratiques avait cessé depuis des siècles. Cet érudit, Riley, les avait remises au goût du jour - des procédés auxquels il avait ajouté une "patte" beaucoup moins orthodoxe - si la chose était encore possible.  

 

Il avait enlevé des pauvres hères des bidonvilles, à une époque où l'industrialisation de la cité battait son plein et ramenait des centaines d'immigrés par mois... Ce qu'il leur avait fait subir n'avait pas été rendu public. Le père de Chérif, sur l'affaire à l'époque, n'avait lu que des extraits censurés des comptes-rendus. Il s'était contenté de dire à son fils que Mengelé, à côté, passait pour un boy-scout. Les fouilles du jardin, en 1988, avait permis la découverte d'une dizaine de corps.  

 

Jack Oran (Conor McClean), des Services Secrets ?!?  

L'homme, au fort accent Français, avait présenté sa plaque à Chérif d'un geste rapide et sec. Il était en train de lui dire que l'enquête allait passer la main... Chérif était abasourdi : on avait retrouvé trois corps congelés, morts de chez morts, ces bocaux, un labo clandestin au-dessous d'un garage tunant des caisses pour des courses illégales (son enquête initiale, d'ailleurs) et voilà que la cavalerie pointait son nez ?!!? Chérif venait de lui répliquer du tac au tac qu'il attendrait que le juge le démette officiellement de l'affaire, et qu'il n'avait pas l'habitude d'obtempérer au larbin. Il était comme ça, Arman : sec comme un coup de schlague.  

Jack ne se démonta pas, il hocha la tête et reprit son inspection des lieux. Chérif le regarda faire : il n'avait pas envie de se fâcher tout rouge mais au moins son père avait-il eu deux semaines pour traquer Riley avant que la Capitale n'envoie ses hommes. Là, ça avait été l'affaire de six... non, de trois heures. Il essaya de faire preuve de diplomatie... pour une fois.  

 

"- Vous voulez retrouver Riley, moi aussi... Si tant est que ce soit lui qui ait fait ça."  

Oran se retourna. Cela faisait plus de vingt-cinq ans que Riley avait pris la fuite : il était peut-être décédé depuis. Son affaire avait fait un certain bruit, très vite éclipsé par d'autres faits divers et la censure de l'époque. A ce qu'il pouvait imparfaitement en juger, le modus operandi était identique : un endroit clos mais bien ventilé, du matériel stérile, beaucoup d'ouvrages d'un autre siècle, des frigos avec des cadavres congelés, une bonne image de "voisin très calme" - un locataire qui ne posait aucune question et avait aménagé son local en graissant la patte au proprio qui ne se "souvenait plus" de son visage.  

Si ce n'était pas lui, c'était au moins quelqu'un qui connaissait ses techniques ... et imitait son écriture à la perfection, comme les étiquettes des bocaux l'attestaient. Oran ne voulait pas vexer ce flic, il avait l'air plutôt coriace - dans le genre à avoir voté Cousin aux dernières élections, mais il ne pouvait trop en révéler non plus, ses supérieurs l'équarriraient littéralement pour ça...  

 

Il se releva et regarda Chérif dans les yeux tandis que les légistes continuaient d'emballer tout ce qui pouvait l'être.  

"- Ecoutez, je crois que j'ai été un peu sec - je ne voulais pas débarquer ici avec mes grands sabots..." Chérif répondit par un sourire.  

OK - lui était ferré. Maintenant, restait à l'orienter sur des pistes indolores, genre l'ancienne bonne de Riley ou la proprio de sa mansion très vite saisie, fouillée, expertisée, démolie en partie, laissée à l'abandon puis rachetée à la tonne par Ruth Vrana, une starlette de l'industrie désormais dominante ici, le cinéma. Les temps avaient beaucoup changé à Gerardmerveille : les têtes couronnées étaient revenues, fondues dans la masse des wanna-be, has-been et cloportes en quête de bling-bling, de cinq minutes de reconnaissance et de crême anti-âge miraculeuse. Un nouveau terreau favorable à Riley.  

Cette saloperie était encore en ville.  

 

Il lui fallait également remettre les couverts avec Ryanna Möll (Summer Staite), et surtout la protéger. Ryanna, on l'avait découverte hurlant, geignant et se débattant dans un des caissons de congélation du labo de Riley découvert par Monique Lesblanc. Un séjour au frigo qui ne l'avait pas tuée, c'était déjà heureux pour elle - mais un témoin finalement muet, dans un état de délabrement physique et psychologique inédit. Une énigme, cette Ryanna : une partie de ses tissus s'était gravement nécrosée à l'époque : elle n'était plus qu'une femme-tronc, un espèce de légume qui avait du mal à se souvenir mais qui depuis avait récupéré une partie de sa mémoire. Et dont le corps avait cessé de vieillir depuis sa libération, en 1988.  

Ryanna était restée à Gerardmerveille. L'appât idéal pour un Riley soucieux de terminer ce qu'il avait entrepris.  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série A policier (Fantastique) de Alan Caine

Conor McClean

Ruth Vrana

Jack Miller

Summer Staite
Avec la participation exceptionnelle de Saif Dhupia, Julia Hartnett
Musique par Brandon Ratélavarape
Sorti le 31 janvier 2015 (Semaine 526)
Entrées : 24 564 009
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