Juan et Hélène Texier (Jonathan Glass et Demetra Raven) viennent d'emménager dans leur nouvelle maison au coeur du village de Grenaille, dans la banlieue de Toulouse. Juan aurait souhaité le portage de son numéro de téléphone mais cela n'a "pas été possible" pour des questions administratives. Un peu dommage pour sa clientèle : Juan doit ouvrir prochainement son cabinet de kinésiologie dans le centre. Sa femme attend un heureux événement dans six mois.  

Quatre jours après le gros du déménagement et tandis que le couple se repose, l'opérateur historique informe Juan de son nouveau numéro. Le jeune praticien adepte des médecines nouvelles effectue les démarches pour disposer des services de l'internet : cette année, c'est décidé, il met son site en ligne et part à la conquête d'une clientèle plus fortunée dans la région. Il reçoit sa "box" ADSL au bout d'une semaine.  

Dans les premiers temps, c'est surtout Hélène qui squatte la ligne téléphonique - sa maman s'inquiète, elle va devenir grand-mère pour la première fois. Charmante intention.  

Environ un mois après leur arrivée, Juan s'étonne de problèmes de connexion au net. Vérification des logiciels, de la configuration du système, des ports, câblages, du modem et pare-feu matériel : rien de ce côté-là. Par défaut, il décide de sacrifier un peu de son temps en "ligne chaude" SAV de son fournisseur d'accès : si lui ne voit rien, peut-être qu'eux pourront débusquer le problème - après tout, la ligne est récente, un 'écrasement' (c'est comme ça qu'ils appellent) peut arriver.  

Alors qu'il décroche son téléphone filaire, il comprend mieux tout-à-coup ses problèmes : un silence, un début de tonalité sur la ligne puis de la "friture" sonore, un bruit blanc particulièrement désagréable. Il repose le combiné et prend son cellulaire.  

Le technicien du prestataire internet lui apprend que rien ne cloche de leur côté. Il conseille à Juan de se rapprocher de "l'opérateur historique". Chacun va encore se renvoyer la balle, il est beau l'internet français de 2013 !  

L'opérateur "historique" contacté, c'est également la perplexité qui domine : RAS - mais on lui promet d'effectuer des vérifications dans la semaine et de le rappeler dans la foulée. Une intervention (payante) d'un technicien ne semble pas exclue : Juan s'insurge, il paye pour un service qui n'est pas rendu et le problème de la ligne ne vient pas de lui.  

2 jours plus tard - un lundi, vers 3:00 du matin, le téléphone sonne. Juan bondit avant que sa femme ne se réveille : à cette heure, ça ne peut être que quelque chose de vital. Il décroche le combiné portable, sort de la chambre et prend l'appel.  

Rien.  

Ou plutôt si : la porteuse d'une télécopie.  

De mieux en mieux. Non seulement, la ligne ne fonctionne pas mais en plus "ils" lui ont refilé l'ancien n° d'une entreprise. Il se recouche, un peu agacé.  

Il n'a pas le temps de se rendormir : quelques minutes plus tard, un second appel - Juan le prend du lit - même porteuse. Il coupe le son du combiné et décide de le laisser décroché : pour cette nuit, ça ira bien !  

Les jeunes opérateurs téléphoniques avec lesquels il discute quelques heures plus tard ne comprennent pas : le n° de ligne n'avait pas été réattribué depuis au moins trois ans - et les responsables de campagnes de faxing mettent à jour leurs bases de données tous les ans...  

Toute cette affaire commence à l'échauffer : non seulement les appels de cette ligne sont incessants mais à cause de ça, il ne peut plus téléphoner autrement qu'avec son portable, son internet est en rade et son moral dans les chaussettes. Hélène lui conseille de se calmer : après tout, ce n'est peut-être rien - juste un mauvais branchement.  

Le week-end suivant, alors qu'il discute business au bord de la terrasse avec son beau-père, ce dernier s'étonne que Juan ne dispose pas déjà d'un fax - c'est que Juan, lui, comptait tout faire passer par l'ordinateur... "Et si le PC tombe en rade, ton activité s'arrête ? Redescends sur terre : les télécopieurs ont la vie dure... et au moins comme ça, tu sauras qui t'appelles..." Aussitôt dit aussitôt fait, le lundi suivant un nouvel outil de communication trône sur son bureau.  

Plein d'appréhension, il rebranche le téléphone, prêt à recevoir LA télécopie "maudite". Il en piaffe presque d'impatience : ils vont voir ce qu'ils vont prendre quand ils recevront le courrier qu'il leur a préparé...  

Et ca ne manque pas : moins d'une demi-heure plus tard, la sonnerie retentit. Le télécopieur intercepte le signal - une feuille s'engage et ressort imprimée en caractères manuscrits.  

Juan parcourt le message et cette écriture enfantine : "aiDeZ-Moi S'iL VouS PLaiT, iLS VouS VeuLeNT Du MaL" - pas de signature.  

La date d'émission du fax indique un envoi... dans trois mois.  

Le numéro d'émission indique... leur numéro.  

Le lendemain, il décide de recontacter l'ancien propriétaire et de changer de numéro...  

(Script original)