Jack a trente-six ans, il y en a cinq, sa femme est décédée. Jack s'en souvient très bien, il en rêve même chaque nuit.  

Il s'était pourtant décidé à ne plus penser à cet accident, ce mardi 25 avril, où sa femme avait quitté ce monde injuste. Tout ceci s'était passé pourtant si vite, un accident bête. Jack était tout le temps pris de remords.  

"Et si nous étions partis une minute plus tard... rien de cela ne serait arrivé".  

Cet accident de voiture où Ariel avait péri.  

Jack revenait de ce voyage dans le sud de la France, plus précisément dans le Lubéron. Il était 18h00 lorsque Jack arriva dans sa petite maison en Bretagne, mangea un bout de pain et quelques olives puis alla se coucher dans ce lit où Ariel avait passé près de 7 ans avec lui. Dans trois jours, ce sera le 25 avril, ça fera cinq ans jour pour jour qu'est morte sa femme. Il ne voulait pas y penser.  

25 avril : Lorsque il se réveilla, il avait un mauvais pressentiment sur la journée à venir. Après avoir fait une prière pour elle, Jack essaya de ne plus y penser et se mis à jouer du piano -dans sa chambre- pendant une bonne demi-heure.  

En fin d'après midi, Jack fut pris de spasmes et de grosses douleurs au ventre, la sueur envahissait son visage. Étonné, il décida d'aller se placer sur son lit. Le piano avait l'air d'avoir changé de place. Une présence semblait l'observer. Il essaya de ne plus y penser. Il ferma les yeux quelques instants, quand il les ouvrit à nouveau, il aperçut le rideau trembler comme un être étant pris de panique. Après avoir vérifié qu'il n'y avait aucun courant d'air et que la fenêtre de sa chambre, donnant sur le jardin, était bien fermée, il alla se coucher pour reprendre des forces, en songeant qu'il devenait fou. Mais il fut réveillé quelques dizaines de minutes plus tard par un claquement de porte. Il se recoucha directement, dans l'incapacité d'aller voir quelle porte avait claqué.  

Son sommeil fut mouvementé, un rêve se répétait : Une femme au visage peu connu se jetait sur lui et lui enfonçait un couteau dans la poitrine.  

Aux premières lueurs du jour, Jack se réveilla avec une migraine insupportable. Après avoir pris des cachets contre le mal de tête, il partit toute la journée en forêt pour se changer les idées.  

Il était arrivé le moment de se coucher, Jack ferma sa porte à clé et posa une carafe, remplie d'eau, sur son bureau, près de son verre.  

Le lendemain lorsqu'il se réveilla, d'une nuit encore agitée, il se dirigea vers son bureau pour boire un verre mais lorsqu'il la pencha sur son verre rien ne coula, pas une goutte. D'abord il n'y comprit rien puis eut, tout à coup, une pensée :  

"Suis-je somnambule ?! Oui, certainement, je suis somnambule !"  

Durant les trois nuits suivantes la carafe fut encore vidée. Jack ne comprenait pas. Comment pouvait-t-il boire toute une carafe sans s’en rendre compte ?  

Jack avait à présent l'intention de faire des tests :  

La première nuit, il plaça de l'eau et du pain, toute l'eau fut bue mais le pain n'avait pas bougé d'un millimètre.  

La seconde nuit, il ne mit que du pain et laissa la porte ouverte. Si c’était bien lui qui buvait l’eau, il irait la boire dans la carafe d’en bas, le pain n'avait une fois de plus pas bougé d'un millimètre et la carafe, en bas, était pleine...  

"Ce n'est donc pas moi... La prochaine expérience me le prouvera pour de bon."  

La troisième nuit, il plaça une carafe sur son bureau mais cette fois l'enveloppa dans un linge d'un blanc étincelant. Ensuite, il écrasa plusieurs mines de crayon de bois jusqu'à en obtenir une poudre, il l'étala sur ses mains et alla se coucher...  

Il se réveilla en milieu de nuit, une fois encore à cause de son mauvais rêve, et s'élança vers le bureau. Le linge enfermant la bouteille était sans tâche, d'une propreté égale à la veille et toujours présent, Jack l’enleva en vitesse et pu observer que la carafe était vide.  

A peine eut-il le temps de réfléchir qu'un bruit se produisit. Il se retourna et vit quelque chose...  

Un film de Virginia Feldman.