Fil d'Ariane : de nos jours dans le domaine de la conception d’interfaces informatiques un fil d’Ariane, aussi appelé chemin de fer (et en anglais, breadcrumbs, par allusion aux miettes de pain utilisées par le Petit Poucet ainsi que Hansel et Gretel) est une aide à la navigation sous forme de signalisation de la localisation du lecteur dans un document.  

(Wikipédia)  

Eric (Ron Flanagan) vient de tomber dans son écran plat. Littéralement.  

Il venait d'en prendre livraison, l'avait sorti de son cartonnage, posé par terre - écran sur le dessus - avant de l'accrocher au mur. Il avait préparé le câblage et là, l'écran s'était allumé. Eric s'était rapproché, craignant un court-jus d'une pièce interne, pour constater que l'écran était en train de passer un programme culturel : une suite de paysages d'aquarelle - ou de peinture à l'huile, il n'avait jamais su faire la différence de toute façon - lui était un enfant du cybermonde alors la peinture...  

Le problème est qu'à ce moment précis, cette magnifique pièce de technologie coréenne n'était pas encore branchée ni sur le secteur ni sur le câble.  

Sans prévenir, une sorte de lueur avait noyé son salon. Il avait été pris de vertige et était tombé. Pas sur son écran à 5 000 €. Dedans.  

Il se retrouvait seul au milieu d'un environnement dans lequel il ne ressentait ni faim ni soif, où ses sens avait été restreints à la vue, au toucher et à l'ouïe. Il s'était relevé de sa chute sans douleur, avait tâté les murs. Avait trouvé une sorte de lampe-torche et avait crié silencieusement en se rapprochant d'elle : la lampe n'émettait aucune chaleur et plus il s'en rapprochait, plus il constatait des erreurs de code.  

La lampe était pixelisée et rentrait dans le mur. Comme dans ces jeux vidéo du début des années 90 dans lesquels une aventurière sévèrement nichonnée rencontrait régulièrement les parois des grottes qu'elle explorait. Ces "erreurs de proximité", il était en train d'en vivre une. Où était-il ?  

Il venait de prendre la torche et s'amusait à rentrer la main dans la paroi. Il sentait une "résistance" doublée d'un picotement désagréable au bout de quelques secondes - c'eût été vraiment fun si lui-même n'avait pas été constitué de pixels "solides" (à ce qu'il pouvait en juger, il disposait même d'une certaine élasticité) sans pour autant ressembler totalement à un personnage informatique : il n'était pas dans Tron non plus.  

A côté de la torche se trouvait une arme, espèce de fusil doublé d'un poignard. Il s'en saisit et sentit tout de suite qu'il ne devrait jamais la perdre. Devant lui s'étaient affichées une jauge de vie et une autre de puissance de feu. Ca n'annonçait rien de bon.  

Eric avait toujours été nul en "First Person Shooter", ces jeux en 3D dans lesquels on dégommait à tout rompre ses adversaires (et même ses potes, pour rigoler), lui ça avait toujours été les jeux de simulation et de stratégie - il ne se voyait pas arpenter ce niv...  

Une jeune femme venait de débouler du couloir (Elizabeth Torkildsen), elle semblait effrayée par ce qui la coursait.  

"- Mon Thésée, je te retrouve, je suis Prialis. Fuyons, le Minotaure me traque !  

- Gné ?!!?"  

Eric venait de capter que la jeune femme ne lui ressemblait pas : elle semblait sortie d'une peinture un peu enfantine - comme celles que son écran lui avait montrées avant de l'avaler tout crû - le plus extraordinaire était encore qu'elle n'était pas pixelisée, qu'il pouvait la toucher - comme si deux univers s'étaient violemment rencontrés, celui du jeu vidéo pour ado et celui des programmes culturels des chaînes publiques.  

La fille n'avait pas menti, quelque chose approchait il pouvait l'entendre et tout bougeait autour d'eux : ils étaient dans un labyrinthe, seuls contre... quoi ?  

Chouette week-end qui démarrait - c'est sûr, il allait se réveiller de sa chute. A moins qu'il ne fut déjà en enfer.  

(Script original)