- A table !  

En entendant cette voix de crécelle, Manon (Lizbeth Taranu) eu envie de gerber ! Cette voix, c'était celle d'une femme qui se prétendait être sa mère. Marie-Anne De La Martinière (Zoé Méars), fille de la haute bourgeoisie de Gérardmerveille, issue de l'union de Gérard De La Martinière, patron de la compagnie maritime de la ville, et de Jocelyne Guérant, fille du maire réactionnaire de l'époque. Marie-Anne De La Martinière, l'ancienne Miss de Gérardmerveille 2002, qui avait ému le bas peuple avec son minois et son discours humaniste à deux balles où elle voulait qu'il n'y ait plus de guerres dans le Monde et des fleurs dans les champs ! Marie-Anne De La Martinière, l'ancienne actrice sans talent ayant tourné quelques films pour Gérald Coussin Prod, non pour ses talents mais pour sa plastique qui avait tapé dans l'œil du producteur de la boîte. Marie-Anne De La Martinière, l'actuelle femme au foyer, qui occupait son temps dans les soirées mondaines de bienfaisance et faire-valoir des ambitions de son mari, Gérald Coussin, qui avait réussi grâce aux réseaux de Madame a devenir le magnat le plus puissant de la production cinématographique de Gérardmerveille...  

- P'tain ! Manon ! Tu t'magnes le derche ! Ca fait une heure que ta Mère t'appelles ! Si tu radines pas ton cul dans la minute, ça va chier pour ton matricule ma p'tite !  

Ces mots orduriers, ça lui re-souleva le bide à Manon ! Cette nouvelle envie de gerber avait peu de choses a voir avec l'héroïne qu'elle venait de s'injecter dans le bras mais plutôt la vision de ce grossier personnage qui se prétendait être son père. Gérald Coussin ( Michael Cannon) ou plutôt Gerald Kisonsko, fils de Polonais, ayant commencé sa carrière dans de minables westerns de Série Z à Baltimore. Gérald Coussin, l'homme des coups tordus et des accointances avec la mafia pour percer dans le milieu, monter sa boîte en commandant l'assassinat de ses associés. Gérald Coussin, l'actuel hommes d'affaires aux multiples visages prospérant sur une société de cinéma ayant décervelé des générations d'habitants de Gérardmerveille a coup de films d'action mal dégrossis, de westerns manichéens, de comédies avec beaucoup de sauce mais peu de lardons, avec son lots de gros muscles et rien dans la cervelles et de Bimbos tout dans les Lolos...  

- Tiens, qui voilà ! Mais c'est qu'elle a grandit ta fille Gérald ! Elle devient une vraie femme... Ca fait quoi, plus d'un an que je ne t'avais pas vu Manon, non ?  

En voyant ce visage de faux ravi de la crèche, Manon émit un rôt bien sonore qui la soulagea momentanément. Car l'homme qui était vautré sur le canapé, costard cravate et cigare dans le bec, c'était celui qui avait causé son avortement il y a deux ans. Michael Bazooka (Avi Elias). Michael Bazooka, ancien champion de Tang Soo Do où il s'est fait ramollir le cerveau. Michael Bazooka, le sous Norris et pseudo Stallone, héros de la saga Big Problem et autres fadaises du genre, ayant fait sa fortune. Michael Bazooka, ancien maire marionnette des basses œuvres des politicards de la ville. Michael Bazouka qui il y a deux ans l'avait violé lors d'un cocktail pince-fesse dans la villa de Nicolas Marcor à Mountain Hill...  

Fallait voir le spectacle de ces gens bien nés, une cuillère dans la bouche ou de ces arrivistes, beaux-parleurs et entubeurs de première.  

Gérald Coussin se grattant les burnes, foutant la cendre de sa cigarette sur le tapis, sirotant une énième bière, ces cent kilos de graisse posés à la va y moi comme j'te pousse sur le canapé, habillé comme un plouc du Texas...  

A ses côtés, le regard lubrique de Michael Bazooka dont c'était un secret de journaleux qu'il s'était fait poisser moultes fois dans des hôtels sordides de Bangkoks ou qu'il ne tenait aujourd'hui que grâce aux cachetons du plus grand psychiatre de la ville pour être a peu prêt présentable...  

A l'arrière, dans la cuisine, Marie-Anne De La Martinière, fière comme une poule de montrer la dernière recette de verrine bon chic bon genre à l'autre gourdasse de Thérésa Bazouka, lesbienne maladive et porté sur les antidépresseurs...  

Un putain d'bal de faux-culs ! Ils avaient tous leurs secrets, leurs vices et leurs pulsions ! Dans le petit monde des résidences de luxes de Moutain Hill, ils se savaient protégés par la Haute pour tout leurs excès... Tous avait bien trop a perdre que de dégoupiller une grenade pour la faire exploser à la tronche d'un autre... Même quand son mari était alcoolique et éliminait les problèmes en passant contrat à des tueurs à gages... Même quand son mari était porté sur les mineures et qu'il était bardé d'avocats pour régler les situations embarrassantes... Chacun se tenant par les burnes ! Et chacun voulant continuer à jouir de ses privilèges.  

- Pan !  

La détonation avait produit son p'tit effet. La face de ces rats était devenue blême. Faut dire que le sang de la tête de Slayer, le labrador, avait aspergé la tapisserie. Seule Marie-Anne De La Martinière qui se croyait sans doute dans une mauvaise série B avait le courage de hurler ! Le pleutre Michael Bazooka se réfugia derrière le canapé, la godiche Thérèse Bazooka s'était pissée dessus tandis que Gérald Coussin, ralenti par sa énième bibine, commençait seulement a comprendre ce qui se passait dans son foutu manoir...  

Le flingue chouravé dans le bureau de celui qui se prétendait son père bien en main, Manon prit un malin plaisir à le viser. C'était jouissif de voir le président d'honneur de la National Rifle Association qui sermonnait au droit à la légitime défense être mis en joue comme un vulgaire cambrioleur...  

Les mains de Manon ne tremblaient plus. La dose d'héro commençait enfin a faire son effet. Tout devint clair. La légitime défense pour ne jamais être comme eux.  

Quand elle pressa la détente pour la seconde fois de la soirée, Manon pensa au barouf que ça allait faire, aux chaînes d'infos en continu ressassant l'évènement. Il faudra leur donner du grain a moudre. Tout raconter sur Marie De La Martinière, Gérald Coussin et Michael Bazooka, sur ce petit milieu qui se croyait intouchable. Des têtes allaient tomber.  

Manon sourit enfin.  

- Pan !