La mer était à peine agitée, des vents parfaits qui se contentaient de remuer les eaux afin qu'elles soient parfaitement oxygénée pour ce qui allait s'y produire. C'était un fameux jour pour tous les pêcheurs de la côte Est d'Athalya, le continent unique. De nombreux bateaux profitaient de cette période pour faire de très nombreuses sorties, c'était l'époque la plus prolifique pour la pêche, l'époque des grands accouplements. Mais peu d'entre eux n'osaient s'aventurer au delà du récif pour de nombreuses légendes et dangers qu'il était apprécié de se raconter à la taverne du Poisson Buveur. Ce soir encore, Theorf entendait les mêmes paroles et les mêmes histoires sur les démons légendaires qui peuplent les océans profonds par delà les récifs, et lorsque Theorf osait dire que lui et son équipage n'y croyaient pas, ils n'étaient que fous en manque de mort dans d'atroces souffrances.  

Rien de tout cela, concrètement. Theorf et son équipage étaient les meilleurs pêcheurs de la ville d'Arkonès et n'en étaient pas à leur première virée «au delà» de l'impossible. D'ailleurs, c'est ce qui avait vallu le succès et la richesse de leur petite entreprise commerciale. Les plus gros poissons se pêchent au delà du récif, et ce sont d'ailleurs les moins craintifs d'entre tous car ils n'ont pour la plupart jamais vu le moindre filet de pêche. Il suffisait de quelques phéromones femelles badigeonnées sur les embouts particuliers de leurs filets et le succès était garanti. Un secret dont Theorf taisait la fabrication, même son équipage refusait d'en savoir plus, certains parlant d'histoires sordides et perverses avec les sirènes qui peuplent l'océan. Mais pour Theorf, ce n'était que réflexion et utilisation des moyens de communication des poissons pour les tromper à leur propre jeu. Aveuglé par la surabondance de phéromones, ils s'en jettent dans les filets et s'y frottent, croyant avoir affaire à une femelle très féconde. Cette année encore, l'équipage du «Porasse», le navire de pêche de Theorf, se rendra au large et profitera du superbe temps pour pêcher sans craindre d'être dérangés. Cette année encore, Theorf ne manquerait pas de verve pour encourager son équipage.  

- Souvenez-vous donc des putains succulentes que la pêche de l'an passé vous a payée, souvenez-vous en car elles vous parraitront bien médiocres comparées à celles que l'on pourra s'payer cette année-ci! Mais si malgré tout y'a une fiotte qui ose pas se mesurer avec le grand large, qu'il saute à l'eau tant que nous sommes à portée de nage du rivage.  

Les marins se regardèrent entre eux, personne ne réagissait à la dernière remarque. L'un des marins, borgne et dont le visage affreusement laid avait apparemment été déformé par un crochet de pêche gigantesque fut le seul à trouver une réponse qui sembla encourager tous l'équipage dans un rire gras.  

- M'est avis qu'j'vous piquerais la plus belle d'toutes! Har har!  

Quelques heures de trajet plus tard, le soleil avait daigné se lever pour réchauffer les coeur des marins et annoncer le début de la pêche. Le capitaine Theorf agitait son bras pour faire comprendre qu'il était temps de se bouger. A coup de jurons il réveilla ceux qui terminaient de cuver le rhum qu'ils avaient bu durant le trajet. Mais c'est un marin qui lui fit remarquer un événement anormal. En effet, le ciel avait soudainement pris de toutes autres couleurs. Les couleurs orangées du matin avaient laissé place à une multitude de couleur recouvrant s'étalant dans le ciel pour le recouvrir complètement. Les couleurs ne cessaient de fluctuer et beaucoup de marins commençaient à s'inquiéter. Theorf savait bien ce que c'était, l'une des fameuses protections que les dragons avaient offert au monde des humains lorsqu'ils y étaient arrivés. Le souci, c'est pas la protection en elle même qui ne faisait qu'offrir un spectacle coloré, c'était le point lumineux semblable à un second soleil et qui grossissait.  

- Un démon! C'est un démon! Hurlait l'un des pêcheurs bientôt suivi d'autres membres inquiets de l'équipage. Theorf ne pouvait même pas les contredire car ce météore était effectivement un démon envoyé par le monde des divinités de l'ombre. Il ne se complaisait pas à considérer qu'il s'agissait de démons du mal, mais c'étaient cependant les ennemis jurés des dragons. Après tout, il avait entendu dire que les écailleux avaient dû fuir leur propre monde après qu'il ait été détruits par une armée de démons. Les dieux de l'ombre en avaient après la magie ancestrale qui coulait dans les veines des Dragons, une magie qui serait issue de la plus pure magie connue, celle du dragon céleste. Le lien semblait effectivement évident entre les dragons et le grand dragon céleste, une magie capable de métamorphoser entièrement un monde d'après les rumeurs.  

Theorf hurlait aux hommes qu'ils devaient arrêter de paniquer, qu'ils n'étaient qu'une bande de pucelles effarouchées. Ce genre d'attaques étaient fréquentes, mais il était rare de pouvoir en observer une de ses yeux. A chaque attaque, le ciel changeait de couleur, c'était ce qu'on appelait une aurore arcanique, une puissante carapace magique dont les dragons enveloppaient les régions du monde des hommes qui étaient attaqués. En près de 5 siècles, les historiens et académiciens rapportaient qu'un seul et unique démon était parvenu jusqu'au monde des humains mais qu'aucun d'entre eux ne réussit à passer au travers de l'aurore arcanique. Cette fois encore ne dérogerait sûrement pas à la règle, Theorf en était persuadé.  

Le vacarme assourdissant que provoquait l'impact du météore contre la coque arcanique provoqua de grandes secousses sur les flots, faisant tanguer très violemment le navire. La coque en bois de chêne craquait, le mat semblait se plier lentement d'un côté et de l'autre, plus rien n'était contrôlable et il aurait suffit d'un rien pour faire chavirer le tout. Mais l'onde sonore passée, les eaux reprirent leur calme et se stabilisèrent de nouveau. Le bruit du démon se désagrégeant ressemblait à un grésillement constant, semblable au bruit que faisaient les anguilles électriques dans la rivière de l'enfance de Theorf. Une chose était sûre avec ce vacarme en tout cas, l'équipage du «Porasse» pouvait faire une croix sur leur pêche... et leurs belles putains.  

Ce jour parfait se transformait en véritable échec, mais heureusement ils étaient saufs et le navires n'avait pas subi plus de dégats que durant une petite tempête. Theorf agit en capitaine et ordonna que le navire rejoigne le rivage immédiatement. Il était connu de tous qu'après un orage arcanique, c'est ainsi que l'on appelle ces crépitements sonores provoqués lorsque le démon météorique se désagrège, un véritable orage et une tempête ne tardaient jamais à arriver. Heureusement, avant toute tempête, de grands vents soufflent, ce sera suffisant pour rentrer se mettre au sec, et le lendemain il sera possible de rattraper le temps perdu. Après tout orage vient le soleil.  

La plupart des dangers semblaient être apparemment revenus sous le contrôle du capitaine et de son équipage, les voiles se déployaient de nouveau et le capitaine prit la barre en main. Il avait cependant un terrible pressentiment, l'impression de ne pas être les seuls dans cette zone de la mer. Il ne pensait sûrement pas à un autre bateau mais soudainement aux histoires de tavernes. Des légendes que le cri de certains marins confirmèrent à la vue de gigantesques tentacules s'élevant autour du navire de pêche.  

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Votre attention, ceci est un script initialement créé à San Francisco sous le nom de production "Coin Coin".  

Alex Kruger - Theorf  

Jack Halter - Korgol, le second de Theorf  

Benjamin Hughes - Margle, pêcheur et rescapé  

Maiween Peter Best - Lucilia, épouse de Korgol, amante de Theorf