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MMP présente
Webcam

De nos jours à Birmingham - Grande-Bretagne.  

 

Les autorités l'ont dit : la vidéosurveillance sera le fer de lance de la nouvelle politique de sécurité. Y compris de la surveillance par PC interposé dans le cadre public, privé et professionnel. Voici qui fait les affaires de Toni Contini (Jack Gyver), installateur de système d'"enregistrement visuel embarqué" pour les machines les plus obsolètes et les parcs d'unités récentes : aujourd'hui, la plupart des machines sont vendues avec l'ensemble des outils pour surfer sur le réseau et nous imposer une vie "2.0." via les réseaux sociaux de la toile : messagerie instantanée, chat, visioconférence. Le matériel le plus emblématique de cette évolution est la webcam. Toni pourrait vous en parler des heures : le matériel s'est largement étoffé en surfant sur la vague sécuritaire et "protection des données" - pour ne pas dire espionnage du citoyen, mais ce serait rentrer dans un débat autrement philosophique...  

 

En début de semaine, Toni s'est rendu responsable du paramétrage d'une centaine de postes au sein de l'assureur Waldorf, très à cheval sur la surveill... télésécurité de son personnel : même éteint, le PC continue à fournir des images via la lentille de la caméra. Le principe est simple : afin de ne pas stresser l'usager (qui est au courant), la diode de la caméra reste éteinte mais cette dernière enregistre toujours tout ce qui ce passe devant l'écran et sur l'écran.  

 

Toni en a profité, comme à son habitude, pour draguer éhontément les petites secrétaires toujours sensibles à son charme - même si le "bonjour, je suis l'installateur de webcams" a toujours moins d'impact que le "réparateur de photocopieuse" côté testostérone. Toni espère beaucoup du "bureau sans papier". Un jour peut-être...  

 

Après l'installation du matériel et du logiciel, juste avant de transmettre les codes d'accès aux services de sécurité et autres compagnies responsables du suivi du personnel, il effectue 48 heures de contrôle sur site et à partir de son bureau du centre-ville. Là, devant ses nombreux écrans plats, il observe l'activité du client tout en contrôlant les possibilités des caméras installées, vérifiant que les paramétrages contractuellement réclamés fonctionnent : vision infra-rouge, ralenti, zoom, amélioration de la netteté de l'image au moyen d'algorithmes interscalaires compliqués, etc.  

C'est ça, le coeur de métier de Toni : que le matos marche bien pour que le client en soit content. Ce qu'il en fait ensuite ne regarde que lui.  

 

Prenez Gloria Child (Rebecca Yusef) par exemple : son poste de représentante syndicale a failli lui coûter son poste et elle ne partage pas du tout - c'est peu de le dire - l'obsession de son management à installer des mouchards sur les PC des employés : pour elle, on va encore mettre la pression sur la base là où les problèmes de la compagnie réclameraient du ménage au sein des cadres. Gloria est une battante : sa grand-mère avait créé le premier comité d'entreprise de Waldorf et un de ses arrière-arrière-grand'oncles faisait partie des fondateurs de la boîte. Waldorf, c'était un peu comme du patrimoine pour chacun de ses employés et en particulier pour certains.  

Elle avait remonté ses inquiétudes à sa hiérarchie quant au stress sur le milieu du travail. On ne lui avait pas ri au nez, mais presque. Elle s'était même reçue une forme de blâme et sa position la protégeant en partie, on continuait quand même à chercher à la déstabiliser par de petites embrouilles au quotidien. C'était petit, mesquin.  

 

Récemment, elle avait eu à repousser les avances pernicieuses (quant à son avancement) d'un chef de secteur particulièrement vicelard. Ce gros porc ne manquait rien pour attendre... Un jour, elle ferait payer à tous ses connards leur ignorance et leur insanité.  

 

Vendredi soir, 18h30.  

 

Gloria a ramassé une pile de dossiers d'un autre service - à clôturer avant mardi prochain. Bien sûr, l'ordre ne lui est parvenu que ce vendredi 15 heures. La tâche est donc impossible et la volonté de nuire bien présente. Elle le note sur son calepin et ne manquera pas de prévenir sa section syndicale lundi. S'ils veulent la guerre...  

Mais Gloria est une grande professionnelle - ex-avocate et actuellement au service recouvrement "catastrophes naturelles". Le travail n'a pas manqué ces derniers temps (tempête, marées, on connaît la litanie). Alors que ses collègues désertent petit à petit les locaux, les plongeant dans le silence pour faire place au personnel d'entretien, elle s'attable dans la salle de conférence avec un petit portable et les premiers dossiers à viser. Elle a prévu de rentrer tard ce soir et déjà prévenu sa coloc'.  

 

Toni de son côté, prend sur lui quelques vérifications de dernière minute. Il scanne l'ensemble de l'activité des PC sur lesquels il a installé les programmes - fin de journée, peu de personnel devant leur écran. Il tombe rapidement sur le visage de Gloria plongé dans ses papiers.  

Des heures supplémentaires un vendredi soir ? Il y a cinq ans, il aurait dit que cette nana n'avait pas "de vie". Depuis, il a découvert le monde du travail et son cortège d'heures supplémentaires volontaires, mais le plus souvent subies. Il s'arrête un instant sur les traits fins de la jeune fille, sourit, puis passe à une autre machine.  

 

21h00.  

 

Le personnel d'entretien vient de partir. Gloria sirote son café en compagnie du gardien de l'immeuble qui fait sa ronde quotidienne. Tous les deux plaisantent un instant. Elle lui dit qu'elle ne devrait plus en avoir pour longtemps. Il s'éclipse par l'escalier de service et s'en va continuer son tour.  

Toni a fini sa pizza, reconfiguré à distance deux-trois machines qui lui ont posé des problèmes (fichues incompatibilités matérielles), repasse une dernière fois sur l'ensemble des PC.  

Une alerte le sort de sa douce léthargie. Quelque chose, quelqu'un est rentré sur le réseau informatique.  

"- Et m*rde, j'avais bien besoin de ça un vendredi soir ! Alors Mr le hacker, on fait des heures supp' aussi..."  

Le problème de Toni, c'est que s'il y a intrusion non résolue par lui, le client le saura dès lundi : vous parlez d'une tuile !  

 

Le jeune homme fond sur un de ses claviers et souris sans fil. Son interface lui apprend que l'intrus pénètre dans le système de chacun des postes récemment installés : c'est déjà mieux qu'une attaque virale sur l'ensemble du réseau, le pirate semble chercher quelque chose. Le point rouge sur son écran passe d'un étage à l'autre puis s'arrête au cinquième, sur un poste mobile.  

Les doigts de Toni tapent aussi vite qu'ils peuvent. Il ajoute un ou deux clics et raccourcis-clavier. Là : il peut voir ce que l'intrus observe.  

La moitié du visage de Gloria apparaît dans le champs en contre-plongée. Celle-ci est revenue dans la salle et ausculte à présent sa seconde affaire. Elle fronce les sourcils, regarde son écran un instant, tapote quelque chose puis disparaît de sa vue.  

 

"- Et en plus j'ai droit à un hacker vicieux, c'est ç..."  

Il n'a pas fini sa phrase qu'une voix retentit sur les hauts-parleurs de sa machine. La voix est lourde, comme déformée par des basses et un désagréable écho...  

"- JE N'AIME PAS TROP QUE L'ON M'ESPIONNE !"  

Toni manque de tomber de sa chaise. Sa sale habitude de laisser le volume super-haut quand il écoute les Beastie Boys. Il baisse le son - l'autre reprend :  

"- Tu vois cette truie ?!? Elle te plaît !? Sois content, tu seras le dernier à la voir vivante !"  

Comment ce cinglé a pu rentrer dans les webcams de Waldorf - et p*tain, comment il a pu griller les propres pare-feux réseau de sa machine ! Et il vient de menacer de mort un employé de son client ! Ce mec est cinglé.  

Comme s'il l'avait entendu penser, le haut-parleur du PC sonne une nouvelle fois. Toni ouvre une nouvelle fenêtre de son interface : c'est un flux vidéo qui lui parvient des caméras de surveillance de l'immeuble Waldorf.  

Un homme cagoulé et habillé de noir au milieu d'un couloir de bureau éclairé par la lumière crue des néons - il lui fait un petit signe de la main : il tient une sorte de Blackberry dans une de ses mains gantées.  

Toni vient de se "faire mettre" par un gars avec un téléphone portable ?! Il commence à se sentir mal, de la sueur dégouline sur son dos : le gars a l'air massif et il tient dans son autre main un rasoir, comme ceux qu'on voyait dans les films italiens des années 70's.  

 

C'est pas une blague. Ce mec a l'air fichtrement dangereux. Il doit prévenir...  

Qui ? Le client ? La Police ? La future victime ? La sécurité du bâtiment ?  

Toni pousse un long hurlement d'impuissance et se rue sur son portable.  

 

Un vendredi soir, merde !!  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série Z thriller de Avi Reviglio

Jack Gyver

Rebecca Yusef
Musique par Barclay Buffett
Sorti le 03 juin 2017 (Semaine 648)
Entrées : 15 215 162
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