Les petits toussotements de l'enfant allongé dans le lit venait perturber le terrifiant silence qui régnait dans l'étroite chambre. Situé à l'étage de la maison des Deneveaux acquise il y a plus de trois ans, cette chambre avait été dès la première visite destinée à leur petit garçon qui arriverait quelques mois après l'aménagement.  

L'enfant se pliait à nouveau avec un gémissement intense. Secoué de tremblements, frissons et spasmes il se tortillait dans tous les sens. De grosses larmes coulaient sous ses paupières devenues violette. L'un de ses pieds était recroquevillé vers l'intérieur alors que l'autre l'était vers l'extérieur. Il était impossible de les bouger tellement ils étaient contractés. Soudain, l'enfant pris dans le lit, dont les draps gisaient sur le côté, une pose de crucifié grotesque. Le souffle de l'enfant se tut pour toujours.  

Maxime (Daniel Neil) et Ludivine (Jeanne Winstone), les parents de l'enfant ne purent se remettre de ce drame, la mort d'un être si jeune, n'ayant même pas atteint ces trois premières années est inadmissible. Les deux parents n'eurent plus goût à la vie. A quoi bon vivre lorsque l'on perd le fruit de nos entrailles ? Le temps n'apaisa pas la douleur mais l'augmenta. Dans un mois allait naître le petit Martin (Ivan Glau) qui avait été confectionné un mois avant la mort de leur premier enfant pour lui tenir compagnie ainsi que pour agrandir leur belle famille.  

Cela faisait huit mois jour pour jour que Bastien était décédé. Assit dans le canapé du séjour, le couple pleurait désespérément leur enfant perdu. Lorsque, soudain, les contractions arrivèrent sans prévenir. Immédiatement et dans un état pathétique Maxime et Ludivine se dirigèrent vers la clinique la plus proche. Manquant de s'accidenter contre un chauffard pressé les deux jeunes gens atteignirent la clinique sans problème. Alors que les infirmières installaient Ludivine en salle d'accouchement, Maxime expliquait leur récent problème. L'accouchement fut difficile mais se déroula bien. Le petit Martin naquît vers les quinze heures.  

Maxime pratiquait le métier de grutier. N'ayant pas poursuivi ses études après son année de troisième, il s'était orienté vers la mécanique en premier lieu pour se former ensuite à ce métier. Il ne regrettait pas ses choix - car comme il disait, ce qui est fait est fait - mais désespérait de temps en temps de ne pas s'être donné la chance d'aller plus loin dans ses études arrêtée si précipitamment. Sur le chantier il était réputé pour son travail précis et propre. Un jour de décembre alors que les ouvriers quittaient le chantier sous un déluge, Maxime resta quelques instants dans sa grue pour terminer de déplacer une barre de fer. Le travail terminé correctement il entreprit la descente de la cabine mais celle-ci se bloqua nette à la moitié du trajet. N'arrivant pas à la redémarrer et connaissant ce genre de panne il décida de descendre à l'aide de l'échelle au lieu d'attendre l'équipe de maintenance. Une rafale de vent faillit faire tomber l'homme alors qu'il remontait pour se mettre à l'abri dans la cabine. Pensant que le calme était revenu, il recommença la descente. Il n'avait pas prévue cette nouvelle rafale qui le fit se tenir à une main avant de lâcher la barre à laquelle il se tenait. L'homme chuta sur une quinzaine de mettre.  

Lorsqu'on attend son homme un jour de pluie et que l'on entend des gyrophare non loin de chez sois jusqu'à entendre sonner à sa porte, ce n'est jamais bon signe. C'est ce que pense Ludivine en voyant deux policiers sur le seuil de sa porte. Elle n'a pas tort, son mari est décédé d'une chute de grue. Le choc fit si intense que la jeune femme tomba dans un chagrin non pas de colère mais de tristesse que l'on ne peut combler. On garde un espoir au fond de soi, qui ne peut s'éteindre, on croit à une farce, à une fausse alerte mais l'agonie est encore plus grande. Une famille si nouvelle réduit de moitié par des évènements tragiques si rapprochés. Il restait tout de même quelqu'un à Ludivine...