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Prod'Artaud présente
Strip-Tease : la révolution est-elle impossible ?

Ce film n'est ni plus ni moins que la fameuse émission Strip-Tease. Précurseur, pertinente et poétique, cette émission se retrouve propulsé sur le grand écran grâce au courage du porte-monnaie et à l'audace humaine de la production Prod'Artaud. L'émission va vers ses 30 ans. Ici nous fêterons, tout iconoclastes que nous sommes, nos 26 ans et demi. Nous avons inventé la télévision-réalité... Je ne sais pas si on doit nous remercier. Bof... Il y a une grande différence, c'est que nous, on a jamais fait de direct... C'est à tenter un jour. Pour l'heure, Prod'Artaud ne nous a pas laissé carte blanche : la production nous a posé une colle et il fallait enquêter. C'était comme un travail d'école, excitant. La question est :  

 

Pourquoi la révolution est impossible  

Alors que ceux qui l'ont connue sont nos parents ?  

Ce n'est pourtant pas la chose la plus irascible,  

La plus farouche, peut-être, mais c'est pour quand ?  

 

C'est vrai ça : Pourquoi la révolution n'est pas possible, aujourd'hui, tel que les pays occidentaux la conçoive?  

 

J'ai commencé par interroger tout de go mon équipe (l'équipe est composé par les "acteurs" de ce documentaire : Whithney LASSEK, Jenny et Conor QUINLAN, Hubert DUPONTAL et Gina VRANA), pas mon moyen de mettre le doigt sur la solution. Alors, j'ai convoqué tout le monde pour le briefing. Qu'est-ce que ça veut dire ?  

 

D'emblée, nous avons proposé, comme à notre habitude, de ne pas donner de solution toute faite pour répondre. Nous ne sommes pas des pédants. Nous allons comme d'habitude créer une approche sociologique en nous mettant en relation avec des milieux particuliers, des champs socioprofessionnels à divers degrés... On ne vous dira jamais pourquoi, nous n'avons pas cette prétention, mais on vous donnera tous les éléments pour comprendre. On pourrait inviter une pléthore de spécialiste que cela, non seulement, ne suffirait pas mais aussi cela ne vous aidera pas mieux à faire le tri, à répondre à vos propres questions. RASSUREZ-VOUS : c'est toujours du cinéma.On vous propose donc une expérience à travers certains milieux, à travers certaines rencontres choisies.  

 

Pour cela, trois tableaux dans ce volet exceptionnel : nous irons dans une usine, dans un nouveau parti politique d'extrême gauche et dans un supermarché. Ces trois pans forment la croix et la bannière de la non-révolution en France.  

 

Premier tableau : USINE VAN LEER  

 

Matthieu nous explique qu'il est intérimaire sur cette chaîne depuis trois ans dans cette usine qui produit des fûts métalliques et des contenants plastiques. Il nous présente ses tâches favorites : le serrage de boulons, le vissage de bouchons, le posage d' "équitètte" (comme il dit), le posage de couvercle, le peinturage de fûts ou encore "le levage de coude". Il nous présente quelques collègues en marquant ses distances. Y'a 20 intérimaires dans la boîte, au jour le jour, le contrat c'est la boîte d'intérim'. Y'a encore des contrats : y'a cdd et "pas cdd". Matthieu nous explique que même le cdi, c'est pas forcément mieux étant donné les problèmes de commande de l'entreprise, il suffit qu'on ait pas assez de bouchons ou bien ci ou bien ça, c'est les cdi qui trinquent, "réduction de temps travaillé subie" qu'ils appellent ça. "On a ici un cdi de 9 heures !" Matthieu n'a pas forcément de collègues avec qui il s'entend et tous sont à leur tâche comme divisés humainement. Le dialogue non plus ne passe pas avec le petit chef (c'est un ancien opérateur de 53 ans qui depuis sa promotion a retourné sa veste). Toutes les conditions sont pourtant réunies pour que "ça explose", dit Matthieu mais le problème, c'est qu'ils n'ont pas le choix ou aucune conscience politique, bref ils n'ont pas le syndicat car leur différent contrat ne permet pas aux syndicats d'être vaillant. Quand bien même un syndicat efficace, les personnes élues à sa direction sont curieusement bien placés dans l'entreprise et ont des bons contrats. "Si je ne suis pas syndicalisé, c'est quoi ça, ça sert à quoi franchement ? Est-ce que d'autres le ferait pour moi ? Certainement pas ! Et puis c'est le meilleur moyen d'être viré ou fiché"... Bref, d'attirer l'attention sur soi. Lorsqu'on marche, comme Matthieu, dans une entreprise, il faut y aller à pas de loup, il a "ses cachettes" comme il dit.  

Mais voilà, au bout d'un mois passé en sa compagnie, le service a fermé. Plus de boulot. On retrouve Matthieu au pied du lit sur le coup des 13 heures, le cheveu hirsute et tout graisseux. Il reste longuement sans nous parler. Après le déjeuner, vers 16h30, Matthieu va à l'ANPE. Matthieu est encore très jeune avec ses 19 printemps et cela pose un problème à l'ANPE. Il serait utile de lui trouver un travail mais quoi ? Il fait parti de cette classe ouvrière qui ne rêve que de propriété et de belle voiture, qui parle de foot et de ricard, elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez, elle n'est pas organisée dans des luttes, d'ailleurs le piquet de grève connaît-pas, cette classe est surtout malléable, avec pour toute guilde des têtes de moutons. Matthieu n'est pas très diplômé.  

Le rendez-vous avec la conseillère ANPE ne s'est pas très bien passé : Matthieu a obtenu une formation pour qu'il sache se servir d'un ordinateur ("il en a rien à s'couer") et son projet professionnel n'a aucune teneur. En attendant de meilleures opportunités, il distribue des journaux gratuits. Rien n'est durable...  

 

Deuxième Tableau : "J'ai un nouveau parti pris"  

 

"En politique, la notion de nouveauté est toute relative et, comme bien souvent on opte tantôt pour un changement tantôt pour la rupture, la recherche de l'idéal politique glisse bien souvent entre les mains de ceux qui l'ont créé. Celles et ceux qui prônent l'ouverture plutôt que l'hygiène politique sont ceux qui ont déjà la main mise sur la soi-disante démocratie, autrement ce sont des conservateurs. Le seul parti viable pour un espoir révolutionnaire est celui qui est neuf, c'est-à-dire avec des composantes neuves, une réflexion nouvelle et adaptée à la réalité de nouveaux groupes sociaux... A partir de maintenant, mon seul voeu est d'être à nouveau organisé "... Ce sont les paroles d'André, 54 ans, ancien militant de Lutte Ouvrière, qui aujourd'hui s'est "converti" dans l'antre du parti flambant neuf du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). Il est aussi un entriste de nature, ce qui signifie en d'autre termes qu'il est l'un des plus grands critiques en France des partis d'extrême gauche et de ce qu'il appelle "le trotskysme appliqué". Le NPA compte sur sa voix de notoriété dans le milieu pour confirmer la validité de son existence au sein de la classe politique. Seulement le NPA a abandonné l'optique révolutionnaire lors du premier rassemblent des forces anticapitaliste en octobre dernier. Cela commence mal pour André mais il n'est pas au bout de ses surprises quand, en janvier 2008, le NPA veut attirer des non-trotskystes anti-capitalistes. Pour cela, il suffit de refuser les principes de lutte des classes, de matérialisme historique et de dictature du prolétariat (cette dernière a été remise en question en 2003). André, accusé d'être réactionnaire et de faire la propagande d'idées révolues et rétrogrades, continue à soulever le problème du syndicalisme en France. Il parle même de problème de fond : "le syndicalisme n'est pas au coude-à-coude avec le patronat ; il collabore en intégrant dans ses entrailles des réformistes, des renégats sociaux-démocrates et de personnels d'entreprise souvent bien "situées et raisonnables". Les discussions deviennent houleuses, André se retire de toutes les propositions pour l'instant, son ami et camarade Alain Krivine, ne le recevra pas en rendez-vous. "Ce qu'il manque à ce pays, c'est une jeunesse consciencieuse et non-complaisante avec les idées générées par toute cette mascarade de propagande capitaliste !"  

 

Quand nos idées vont dans le décor  

Vaut-il mieux sortir du tableau  

Pour sortir victorieux d'un accord  

Ou bien foncer droit dans le poteau ?  

 

Troisième tableau : "Supermarché Casher"  

 

"Tandis que les idéologies prennent l'eau, que la consommation est la passion du client et que le caddie en est sa croix, comment ne peut-on pas succomber à tant de bonheur". Ces paroles sont celles de Clément Bouton, 27 ans, un enfant et une propriété dans le quartier surfait du Val d'Europe. Clément explique qu'il n'a pas toujours été un manager avec une mentalité de patron, c'est pourquoi il comprend mieux ses employés. Le supermarché qu'il tient est en pleine expansion dans toute la France, Clément tient toujours à innover. Sa dernière trouvaille est le rayon Casher car une communauté juive réclamait de pouvoir faire ses courses en supermarché. "Là où il y a une demande, il y a une idée à offrir, celle-ci fut appliquée. Ce n'est pas du communautarisme mercantile ; notre supermarché veut être le reflet des valeurs françaises à travers la diversification des masses clientes qui la composent".  

 

Si le bonheur se trouvait en rayon,  

En promo ou en tête de gondole,  

Ici commencera la farandole  

D'un grand écran plat que nous nous payons.

Scénario : (1 commentaire)
une série B documentaire de Whitney Lassek

Conor Quinlan

Jenny Quinlan

Hubert Dupontal

Gina Vrana
Sorti le 05 août 2011 (Semaine 344)
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