-"Thomas... Qu'est ce que c'est que ce script ? On dirait une blague carambar en 120 pages !"  

-"..."  

-"Je vous préviens hein ! J'ai accepté les premiers parce que je vous aime bien, vous avez une gueule sympa, mais là ça sombre dans la nullité...  

-"..."  

-"Si vous croyez que c'est avec des histoires d'agent secret minable, de repas de famille qui partent en sucette ou de bande de paysans qui partent braquer une banque qui vont faire du business, vous vous êtes gouré..."  

-"... Mais..."  

-"Non, y'a pas de mais. Y'a plus de mais. Je vous laisse une dernière chance. Et quand je dit dernière, c'est si vous ne m'apportez pas un script digne de ce nom, vous êtes viré. Parce que vos scénarii minables, ça marchera peut-être dans des boites comme FireWolf Production, mais ici on fait pas dans le style "vidéo gag", compris ?"  

Thomas, jeune trentenaire, pas loin de la quarantaine, est un écrivain raté. Il écrivit plusieurs romans qui ne furent jamais parus, les boites d'édition jugeaient son travail... d'un jugement difficile... Ne perdant pas espoir, il s'obstina et changea de branche, sans changer d'arbre. Il composa quelques scripts et les envoya à plusieurs boites de productions.  

Et un matin, qu'il n'oubliera jamais, une très célèbre entreprise du cinéma le contacta et l'engagea.  

Le directeur accepta quelques idées, en modifiant largement plusieurs passages pour qu'ils puissent sortir sur grand écran.  

Malheureusement, le studio ne générait pas le succès voulu. Très vite, le Boss regretta d'avoir engagé Thomas Colokoco, le scénariste pas vraiment au point.  

Et aujourd'hui, c'était tout l'arsenal de ce bon vieux Damoclès qui flottait au dessus de la pauvre tête vide de notre héros.  

Rentré chez lui, Thomas s'assis sur le canapé, les coudes sur les genoux, la tête contre ses poings, fronça les sourcils et essaya de trouver THE idée.  

Malgré tout les efforts du monde et les autres bruits de contractions musculaire, rien. Strictement rien ne lui venait à l'esprit.  

Rien, jusqu'à ce qu'une idée lui vint.  

*Je sais ce que je vais faire... Imaginons un mec, qui... fait un truc... Et au moment où il s'y attend pas, il se passe un autre truc !...  

Le mec serait un vieux flic tout pourri ! C'est bon ça ! Et il rentre chez lui, après une journée de patrouille... jusque là ok... Et des braqueurs de banque qui tentaient de s'enfuir saute dans sa voiture, le prennent en otage, sans savoir que c'est un flic, et partent dans un repaire secret dans la forêt ! C'est bon ça !  

...  

Ouais c'est bon mais je vois pas du tout comment le raconter...  

A moins que...*  

Le lendemain matin, Thomas se rendait à sa banque, une cagoule et un pistolet en plastique dans la poche de son imper. Il attendit patiemment dans la file d'attente son tour.  

Lorsque la guichetière l'appela, il revêtit lentement sa cagoule, devant les yeux étonné des autres clients et du personnel, puis sortit son pistolet d'enfant orange fluo et le pointa sur l'employée.  

-"OK ! Que personne ne bouge ! Toi la grognasse, file moi le pognon ! La grognasse... c'est bon ça"  

Plus surprise qu'affolée, la guichetière ne réagit pas d'un coup. Tandis que le vigile appuyait discrètement sur le système d'alarme silencieux, Thomas voulu rassurer l'assemblée.  

-"N'ayez pas peur, c'est pour un film, faites juste semblant de me donner l'argent"  

Dans la seconde qui suivit, les forces de l'ordre, lourdement blindés et armées pénétrèrent avec fracas dans la banque en hurlant et sommant le braqueur d'obtempérer.  

-"Hein ? Quoi ? Mais qu'est ce que vous foutez là ??"  

Thomas s'approcha vers les policiers pour leur parler  

-"Voyez, je devais sortir et monter dans une voit.."  

-"TA GUEULE !"  

Ne laissant pas finir sa phrase, plusieurs CRS lui explosèrent copieusement la tronche, avant de l'emmener aux urgences, puis au commissariat de police, pour lui re-exploser la tronche par dessus.  

Après deux jours de garde à vue, Thomas fut relâché sous caution, payé par sa boite de production.  

Il retourna chez lui pour réfléchir à une possible autre histoire.  

*Imaginons... Un mec... qui va au bois de boulogne... Il a envie de se détendre, machin, il s'arrête aux côté d'une jolie silhouette féminine. Il la fait monter et la fille lui indique une adresse ! Ouais ! Et arrivé là bas, il se rend compte qu'il est tombé dans une orgie de femmes transsexuelles ! C'est bon ça ! Et à ce moment là, la jeune fille qui l'accompagnait lui dévoile sa part de masculinité et lui explique qu'il est maintenant séquestré et doit répondre à ses obligations ! Génial ça ! C'est super bon, ça va être super marrant !  

...  

Ouais c'est bon mais je vois pas du tout comment le raconter...  

A moins que...*