Après deux censures, voici une nouvelle mouture de ce projet audacieux 100 % sans SEXE avec toutefois un humour et un attendrissement peu recommandables pour les plus jeunes. Le film est interdit aux - 16 ans et a changé de titre pour sa nouvelle vie (ex "Jeanne et les puceaux"). Cette fois la modération est priée de s'expliquer avant toute suppression. MERCI.  

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Dans la ville de Rouen, un couple un peu singulier s'apprête à vivre leur premier anniversaire de leur première union sérieuse. C’est un cap à franchir pour les deux tourteaux… enfin je me comprends.  

Jeanne (Jenny CHANT) et Pierre (Elrico RIDANTE) se connaissent depuis juste un an. Pour eux, c'est énorme ce qui leur arrive, c'est un bouleversement.  

Pierre, plus connu sous le pseudonyme "Pierre Deux-Coups" dans le milieu de la pornographie, est un célèbre harder que la France entière connaît de notoriété. On connaît les blagues de mauvais goût, on connaît ses mensurations, sa taille de sexe. Sur un plateau alors qu'il tourne scène chaude, il rencontre Jeanne. N'ayant plus l'esprit à ce qu’il fait comme il en avait l'habitude, il invite Jeanne à boire un verre. Dans ce monde à l’envers, troublé par le charme de la donzelle, il veut en savoir plus...  

Jeanne vient d'Orléans. Si elle baisse la culotte, c'est pour payer les études... Et puis, elle s'y est fait, elle aime bien ce milieu. Mais elle comprend aussi que ce n'est pas correct de vendre son corps, c’est vrai que c’est dégradant. « C’est dégradant pour celles qui ne savent pas s’y prendre, c’est tout, et… prendre c’est un joli mot, non ? », ajoute-t-elle. Jeanne y trouve une excitation, tant que tout est fait dans le respect de l'autre et dans le foutre. Elle dit qu'elle est vierge : ça, c'est son créneau... « Ton crédo », corrige Pierre. Non, non, son « créneau ». Le porno, c’est une voie de garage, après ça, sa vie est foutue. « C’est un joli mot ça : foutue ». Comme d'autres sont rousses, matures ou poilues, Jeanne est une "teen vierge". C'est une étiquette de produit avec un marché, avec une offre, une demande et des clients potentiels. Dans toutes ses scènes, elle fout du sang de poulet, enfin c'est ce qu'elle explique, c'est la magie des coulisses.  

Dans le dernier film, elle faisait une fille à papa qui reprend l'entreprise familiale et se trouve propulser à la tête d'un groupe de filiales, d'un conseil d'administration mais aussi des actionnaires, pleins d'actionnaires... Le film sera présenté au Porn Festival International à Berlin.  

Pierre l'écoute passionnément, béatement, devant son Coca Zéro. Jamais il n'aurait retrouvé un état proche de l'adolescence. Il était bel et bien tombé sous le charme de la pucelle d'Orléans.  

Mais voilà pour ces deux tourtereaux, beaucoup de questions se posent... Comment s'aimer quand l'amour physique est notre pain quotidien ? Comment concilier la vie privée et ce vice de métier, cette vie lubrique et libertine ? Comment être amoureux... tout simplement ?  

Quelques semaines plus tard, Jeanne appelle Pierre sur un tournage qui ne l’emballe guère. Il s’en va pour la rejoindre. Arrivé, chez elle, vite fait, il veut habiter avec elle. Il connaît les risques qui s’opposent à leur union mais advienne que pourra ! Elle lui saute au cou, heureuse… Prête à pleurer de joie.  

Un an passe. Jeanne s'apprête à faire une surprise à Pierre. Mais Pierre n'est pas très heureux. Ils se sont retrouvés à l'appartement, un dîner aux chandelles sur la table. Si Pierre n'est pas dans son assiette, Jeanne se fait une joie intense de le retrouver sur le pallier. Elle l'emmène sur le canapé, allume la caméra, fait la surprise à son amoureux. Ils s’étaient promis de ne pas travailler en dehors du travail. Et Pierre est comme absent. Sa carrière est sur le déclin. Alors Jeanne retourne à la caméra, l'éteint ; sur l'ordinateur, elle pianote... Elle ouvre une vidéo qui s'intitule "Jeanne et les puceaux". Elle commente : "Pour moi, c'est le film de l'année, on a tout donné dans cette production"... Pierre se lasse, laisse filer la vidéo, une succession de scènes sans histoire, sans mise en scène... On voit bien que tout lui fait de la peine. Il explique qu'en rentrant chez lui, qu'en l'aimant, il a l'impression de travailler, et c'est pas bon pour le moral et l'équilibre du couple. Il faudrait que Jeanne cesse avec ses positions du Kama-Sutra, avec la caméra, c'est usant à la fin. Pierre veut du naturel, du naturel !  

Jeanne sent qu'on lui fait un procès et s'enflamme en claquant la porte. Elle erre dans les rues de Rouen, elle pense qu'elle a tout fait. Mais Pierre a dit tout ce qu'il fallait dire pour que tout disparaisse, pour rompre. Le couple n'est plus à préserver.  

De son côté, Pierre médite sur le sens de sa vie, il n'a vraiment pas envie de le voir, son film. Alors qu’il pleure comme un môme, le film montre l'inédit, de la nouveauté... Si Jeanne est toujours aussi parfaite à l’image, il sent monter comme une jalousie en lui. Il pense immédiatement qu'il doit prendre quelques jours de repos. Après sa scène, sur la vidéo, Jeanne se tourne vers la caméra :"Pierre, mon amour, je voulais te dire que je suis enceinte".  

C'est le choc. Pour Pierre, c'est la colère, c'est la fin de sa carrière. Jeanne est partie depuis deux jours. Il faut la retrouver. S'il la retrouve, c'est le renouveau, il en est convaincu.  

Jeanne ne revient pas.  

Au matin du troisième jour, il allume le PC, regarde les dernières nouveautés. "Jeanne et les puceaux" triomphe dans les suffrages mais une nouvelle vidéo voit le jour sur Internet. Elle a été postée hier et c'est déjà un Buzz. Cette vidéo montre Jeanne chez l'obstétricienne (Pollie J. LINDERMANN), elle demande un IVG mais la professionnelle a une manière bien à elle de pratiquer une interruption de grossesse.  

Pour les gens du métier, Pierre n'est plus dans le coup. Il est devenu jaloux de la carrière de Jeanne, jaloux des types qui la possèdent, il n'en peut plus. Jeanne qui ne répond plus, Jeanne qui décroche dans un râle de plaisir et raccroche, Jeanne qui dit que c’est fini.  

Trois mois plus tard, il n'a pas tourné une seule fois et se fait du souci pour Jeanne et son enfant. Maintenant, c'est sûr, ce sera le commencement. Toutes les semaines, il va à l'ANPE et s'inscrit comme intermittent du spectacle. Le CV n'est pas très joli et son passé de harder lui colle une étiquette. C’est une page peu évidente à tourner tant les pages sont collées. Tout est si confus jusqu’au jour où, après des mois d’errance, une société fabriquant des yaourts lui propose une pub. Sachant la notoriété de Pierre-Deux-Coups, cela ne pouvait que faire mouche. La pub fait un succès monstre avec pour tout slogan "Le mien n'est pas aussi blanc".  

Parallèlement, Jeanne fait parler d'elle dans les médias aussi et elle a frappé un grand coup. Elle sera "disponible" sur la place du Vieux Marché et s'offrira à tous les passants pour la promotion de son dernier film "Le bûcher de Jeanne".  

Pierre regarde le projet chez son agent (Jan ROCHEFART), peu enthousiaste à sa visite. L’agent commente : « C’est totalement innovant, c’est sûr, il y a un gros coup à jouer. C’est du jamais vu, ça va bien se vendre. Surtout j’aime l’enchaînement des scènes, très fraîches. Pour moi, c’est la nouvelle Emmanuelle. Démystifier Jeanne d’Arc en montrant son cul, c’est vraiment bien pensé. Ça va faire grand bruit. Y’aura le FN et ses potes pour manifester. Moi, c’est ça que je trouve excitant, quel impact médiatique, tu n’imagines pas… Surtout la scène où tous les anglais sont blacks en armure et font le procès de Jeanne. C’est beau, grandiloquent. Beaucoup de charme sur ce plan là. En plus, il peut y avoir une suite avec la « Réhabilitation de Jeanne ». Un coup magistral des reins, c’est un coup de génie »  

Le jour de la promotion du film, Pierre n’en peut plus, il fulmine, il s’est réservé pour ce moment, ça fait NEUF mois qu'il attend son tour. Alors, il fait la queue... Comme tout le monde, pour voir cinq minutes sa promise et la maman de son futur bébé. La queue est longue, il faut patienter trois heures pour parvenir à ses fins. Jeanne se tient sur une tribune derrière un rideau de théâtre au beau milieu de la place, où Jeanne d'Arc a été brûlé vive. L'évènement est filmé et encadré par la police qui ne manque pas de profiter de l'occasion, elle gère aussi les impatients la bave aux grandes lèvres. Pierre arrive devant elle, à peine qu'il la serre dans ses bras, elle trépigne de bonheur. Les litres de larmes et d’autres sécrétions ne finissent plus de se déverser jusqu’au ciel.  

Il s'agenouille :  

-Veux-tu m'épouser ?  

-Oh oui ! Trop longtemps que j’attends, tu vas être père.  

Il reparte tous deux bras dessus bras dessous. Jeanne, les cuisses enflammées, marche clopin-clopant.  

Elle perd les eaux.  

Pour eux, c'est définitif, cette période est révolue, le X, c'est fini ! Si le bonheur est parfait, il leur restera une énigme à franchir.  

Mais qui est le père ?