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Prod'Artaud présente
De Grâce

Samedi 10 avril 2010, c'était inhabituel. Vers 17 heures, j'ai remarqué que la circulation commençait à être dense. Je revenais des courses, j'avais du mal avec l'embrayage. Les feux des carrefours passaient tous tour à tour à l'orange clignotant. Une cacophonie de klaxons couvraient les rumeurs de la ville. Certains arrivaient à se faufiler en moto, d'autres dans leur 4x4 de fortune patientaient derrière leurs vitres teintées.  

Et beaucoup le remarquèrent en descendant de leur automobile mais l'alarme des casernes de pompiers retentirent pendant plus de trois minutes, puis pendant une minute des alarmes courtes, puis pendant trois minutes des alarmes plus longues.  

C'est comme si la nation toute entière était interloquée, en colère, frustrée, choquée.  

 

Soit la France était attaquée, ce qui était peu probable, soit elle venait de déclarer la guerre. Je me mis à écouter la radio, les informations de France Inter. Au lieu de cela, le président Sarkozy, réélu pour un second mandat, fit un long discours qui résonnait en écho d'entre toutes les voitures.  

 

"Chers compatriotes, l'heure est grave. Les évènements passés ses dernières semaines ont contribué à l'escalade de la violence dans le monde. La France se joint aux Etats-Unis. Il est possible que dans les semaines qui viennent, dans les mois qui suivent, que nous devrons ensemble soutenir un effort de guerre durable. Il demandera la contribution de tous, citoyens comme soldats. En tant que chef des armées, je demande à l'OPEP de reviser ses positions dans l'intérêt de tous."  

 

Depuis que le capitalisme est mondial, depuis la chute du bloc soviétique, les dirigeants des pays hautement développés n'ont cessé de croire "que c'est en cassant des vitres que l'on crée des vitriers". Quand les pays occidentaux accepteront-ils que ce n'est pas dans la destruction que l'on crée richesses et profits, autrement dit que la richesse se situe dans la résorption économique des profits ? Avec une croissance molle, poussive, avec une inflation à toute épreuve et le retour des bulles spéculatives, avec la propagande d'une menace (islamistes) qui court sur nos têtes, comment en est-on arrivé à ce jour ? Comment la guerre est-elle possible aujourd'hui ? A chaque génération, ses grands évènements : le nôtre sera indéniablement la révolution écologique et pétrolière, et une crise économique de cette envergure engendre des conflits. La diplomatie a ses limites face à la colère des peuples !  

 

Mercredi 27 janvier 2010 : Le G8 dénonce avec virulence la "volatilité erratique" du cours pétrolier. Le sommet engage des sanctions économiques radicales à l'encontre des pays qui refusent d'exporter leur pétrole.  

 

Jeudi 8 Avril 2010 : Le président Barak Obama meurt suite à un attentat, durant un meeting dans le Massachussets. Les médias se sont tout de suite emparés de l'événement, partagé entre le deuil d'une nation en larme et la volonté d'une vérité toute faite. C'était le crime isolé d'un déséquilibré raciste.  

 

Vendredi 9 Avril : Les états membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) dévoilent un communiqué par l'intermédiaire d'Al-Jezeera. Dans un langage de bois immonde, ce communiqué fait état, entre les lignes, que  

a) L'attentat perpétré contre le président Obama n'était pas un crime raciste mais la volonté de l'organisation  

b) L'Arabie Saoudite, l'Iran, le Koweït, le Venezuela, l'Angola, le Qatar, la Lybie, les Emirats Arabes Unis, l'Algérie, le Nigeria, l'Equateur déclareraient d'un front commun, la guerre aux Etats-Unis sous prétexte que ce pays s'octroie un droit inaliénable sur la production du pétrole dans le monde, que cette production ne revenait qu'aux décisions prises par l'OPEP. D'autres pays non membres rejoindraient le mouvement car ils recevaient d'importants fonds monétaires en provenance de l'OPEP : le Soudan, le Mexique et Oman. Le phénomène devenait planétaire.  

c) La production de barils ne sera plus que de 500 000 par jour à compter du 1er Mai.  

 

En effet, la tension est montée d'un cran supplémentaire en moins d'un an. Le prix du baril dépassait la barre des 450 $ en Juin dernier, en 2009. En Décembre 2009, l'OPEP décide la fermeture des frontières d'un commun accord de tous les pays membres de l'Organisation. Aucun état ne sembla renoncé à cette détermination. Les intérêts étaient tellement immenses qu'il valait la peine d'une fermeture provisoire des frontières même si, diplomatiquement, les amitiés entre nations devaient dépérir.  

 

L'Irak, dont les ressources étaient sous main mise américaine depuis 2003, fournissait encore de quoi répondre à la demande occidentale. L'OPEP, considérant intolérable cette pression sur sa production et trouvant l'ingérance américaine de plus en plus menaçante décide pour la première fois de l'Histoire de l'Organisation d'exclure l'Irak de l'OPEP.  

 

Les Etats-Unis, par l'intermédiaire de l'Irak, obligeait l'OPEP a fournir davantage de baril par jour. Pour la première fois de l'Histoire de l'Organisation, l'Irak était exclue de l'OPEP. Pourtant Obama prévoyait le retrait progressif des troupes installés en Irak et des élections démocratiques sans ingérence. Mais l'ambivalence du statut national irakien a déjà un pied dans la nouvelle guerre, aux portes de l'Iran. Les conflits et les attentats s'entretiennent nuit et jour, sans pour autant entrer sur le territoire ennemi. La dissuasion nucléaire est plus que jamais présente à l'esprit des pays nordistes.  

 

Lundi 12 Avril 2010 : l'ensemble des marchés boursiers connaissent une envolée supplémentaire du prix du baril, portant le litre de gazole à 8,60 euros... Mais les vases communicants se mettre en place : hausse de l'indice boursier concernant l'industrie d'armement, notamment Airbus et Dassault. Ce même jour, les entreprises plasturgiques se liguent et appellent au changement.  

 

Mercredi 16 Juin 2010 : La situation mondiale est critique. En France, des mesures écologiques poussent les citoyens à "NE PLUS JETER LES BOUTEILLES D'EAU VIDES" ou encore "PRENEZ SOIN DE VOS ORDINATEURS". Les panneaux fleurissent dans la rue. L'angoisse monte car les mesures gouvernementales restreignent la consommation, elles se multiplient, elles sont arbitraires, elles angoissent la population. Chaque soir, la France s'éteint : une campagne envisage l'arrêt des centrales électriques de 22h à 5h00. La croissance en pâtit. La France connaît sa deuxième année de récession économique.  

 

Vendredi 18 Juin 2010 : Nicolas Sarkozy appelle sa fameuse Alliance Méditéranéenne à se liguer contre l'hégémonie algérienne dans la région, par la violence s'il le faut. Il rapporte en outre dans son discours la longue amitié avec l'Algérie et qu'elle ne doit pas se laisser ronger par le fondamentalisme ou se laisser guider par une logique de profit. Il appelle que le peuple démocratique d'Algérie se lève. L'Algérie doit quitter l'OPEP.  

Brièvement, il se dit inquiet de la situation en Amérique Latine : certains pays obtiennent de faramineuses subventions de l'OPEP et un favoritisme à toute épreuve. Ainsi le Venezuela, très présent dans la région, très charismatique avec son lider maximo Hugo Chavez, accueille sous sa coupe l'Equateur, la Colombie et le Mexique - ce qui constitue une situation explosive et un équilibre des forces à la frontière des Etats-Unis. Ces mêmes pays appellent leur compatriotes partis aux Etats-Unis pour son eldorado de se réveiller et de lutter de l'intérieur contre l'impérialisme américain. Aux Etats-Unis, cet appel fait mouche : les natifs de ces pays sont emprisonnés en masse dans des camps semblables à Guantanamo.  

Le jours suivants, ce discours semblent sans écho. La tension monte aux frontières lybienne, turque, marocaine et algérienne.  

 

La lutte contre le terrorisme islamique et le conflit pétrolier semble se confondre, l'un étant de le moteur de l'autre. Mais l'économie mondiale, en passe de s'effondrer, engendre un endurcissement des doctrines extrêmistes ; et la démocratie n'est pas capable de répondre coup pour coup.  

 

 

Mardi 9 Août 2010 : Cette date entrera dans mon histoire personnelle. Si la pénurie menace, si l'interdiction de circuler dans tous véhicules de 20h à 7h est en vigueur, quelques personnes, natives des pays ennemis, qu'ils soient socialistes, islamistes ou tout bonnement pro-écologistes, s'organisent sporadiquement. Ici et là, on voit des attentats qui rejoignent l'absurde. A Rouen, alors que je m'apprêtais à prendre le train, un mexicain vêtu de son drapeau court vers la gare. En dix secondes, les portes sont soufflées par l'explosion, il avait réussi à monter dans un wagon. Le plan Vigipirate est sur les dents, particulièrement inefficace. Les peurs-paniques s'accumulent au fil des journaux télévisés. On annonce maintenant à la télé qu'il serait indécent de continuer les courses automobiles ; la FIA annonce par ailleurs l'arrêt total du championnat de Formule 1. Ce sont par des choses anodines que tout arrive. Ce que l'on connaissait, se transforme, s'oublient, cessent d'exister.  

 

Une campagne de recrutement militaire dans les couches populaires voit le jour. De plus en plus, on évoque la mobilisation générale. Et ce mardi, la loi martiale de 1791 est appliquée : toute réunion sera empêchée, leurs participants seront arrêtés et mis dans le GCR (Grand Centre de Rétention) de Vitry.  

 

Les blocs s'opposent et se dessinent peu à peu. La guerre ne semblent pas se cantonner à un continent, à une géographie, toutes les économies sont touchées ou provoquent la jalousie au nom du consumérisme capitaliste. Qu'adviendra-t-il si les grands se réveillent ? Chine ? Russie ? Inde ?  

 

Devant tant de faits, ma vie a toute son importance et pourtant elle est dépassée. Tout semble si caricatural et, en même temps, logique : la soif des capitalistes est sans commune mesure. Je ne travaille plus à l'hôpital, je n'ai plus tellement les moyens de faire les courses une fois la semaine. J'imagine les familles qui devront conduire leurs enfants à la rentrée prochaine. A l'hôpital justement les groupes électrogènes ne suffisent plus, les déplacements des secours deviennent limités et ce sont les malades qui en pâtissent. Mais c'est une goutte d'eau ! Tout ce que nous touchons est quasiment issu du pétrole. Je voulus m'organiser car...  

 

"De Grâce,  

Je ne veux pas  

Aller à la Guerre."  

 

Jamais je ne pensais dire une telle chose dans mon humble existence.  

 

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Dates réelles :  

Dès le14 Décembre 2007 : L'Iran n'exporte plus sa production de pétrole en devise américaine.  

Mais plus récemment surtout, les exemples de l'orientation de cette guerre d'anticipation se dessinent, les alliances s'accumulent :  

17/06 : fusion des renseignements français plus investissement massif dans l'espionnage. Engagement militaire de la France à l'OTAN. Dans le même temps, Sarkozy réclame une baisse des effectifs de l'armée et une baisse de budget.  

19/06 : Le Venezuela refuse d'exporter son pétrole en Europe.  

23/06 : Devant la Knesset, Sarkozy voue une amitié indéfectible au peuple israélien.  

 

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Un documentaire chaperonné avec l'excellent Stanley Kubrock lequel a réuni ici les talents les plus prometteurs dans le genre. Et comme il l'a avoué à la conférence de presse : "Nous voulons marquer un coup. Cette prospective peut sembler schématique mais cette révolution se profilera tout au long de nos existences. Le monde prendra un tournant majeur d'ici 2030-2050. Aura-t-on le droit au tout nucléaire ? Je n'ose l'espérer... Pour l'heure, je puis vous dire que si ce documentaire fonctionne (le budget est très conséquent pour une fois, plus de 4 millions en tout et pour tout !), il y aura une suite, une suite qui se trouvera une nouvelle fois, et qui prendra appui, sur l'actu. Merci".

Scénario : (2 commentaires)
une série A documentaire (Anticipation) de Estelle Glass

Conor McClean

Sarah Buxton

David Wieczorek

Julia Kwiat
Avec la participation exceptionnelle de Stanley Kubrock
Sorti le 25 mars 2011 (Semaine 325)
Entrées : 11 644 045
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