Un couple et leur fille récemment majeure découvre les joies des jardins ouvriers. La pelle dans la terre, le couple prend la liberté étouffée par la vie quotidienne, à côté des barres d’immeubles inhumaines, des clapiers. L’homme a pris la décision d’acheter une parcelle de terre en plein centre de la Courneuve. Avec l’argent de son licenciement, il s’attèle à la tâche pendant de longues heures. Il met tout son mérite dans les mains et travaille dur. D’un âge mûr, il sait qu’il ne risque pas de retrouver du travail, il décide de tout miser sur cette parcelle de terre.  

Autour de lui s’organise toute la collectivité des jardins ouvriers. L’homme sympathise, bien que dans la distance, avec certains voisins de parcelle. Il arrive même qu’ils s’entraident à biner. Mais tous voient qu’il s’efforce de s’intégrer, même avec difficulté, et d’une même difficulté, tous voient qu’il est volontaire. Mais l’un des voisins porte la suspicion sur lui.  

La rumeur circule, et tous font semblant. Les comportements changent sans aucune raison à l’égard de cet homme à l’apparence tranquille et au travail assidu.  

Un jour, la fille se dispute avec son père car il est toujours au jardin au lieu de s’occuper de son couple. En plein milieu du jardin, le père se fâche violemment, et cesse ces remontrances lorsqu’il aperçoit que tous les voisins se tournent vers lui. Par ailleurs, ceux-ci continuent de commérer derrière son dos.  

Mais un jour, la rumeur se sait. Et c’est le fameux voisin suspicieux qui décide de la révéler. On apprend que la parcelle fut longtemps à l’abandon car elle appartenait à celui qu’on nommait le père Guilain, que cet homme auparavant aimable et sociable était devenu le tueur de sa fille, par une fourche funeste arrachée au cœur du jardin, dans la cabane. Et on apprend pour finir que l’homme, qui s’acharnait depuis sur cette même parcelle, ressemble, avec les rides que la condamnation aurait laissée, au Père Guilain.  

L’homme rit à cette histoire qui semble plus le sot produit de l’ennui du voisinage. Il ajoute même que ce qu’il s’était passé avec sa fille était normal ; il en déclarait même la faute. Et en effet, la correction de la jeune fille semblait voulue. Et elle est là, elle existe, elle est vivante, retournez à vos oignons !  

Mais les coïncidences sont pesantes pour l’homme et, après l’hiver, il ne vint plus biner. Les voisins imaginent ce qui a dû se passer, mais les doutes dans un sens comme dans l’autre persistent.  

Et il paraîtrait même qu’on entendît un coup de feu dans le quartier.