A l'origine, il n'y avait rien. Juste une planète grise, petite, uniquement contrastée par quelques volcans qui surplombait le panorama. A l'origine, rien ne vivait, rien ne prospérait sur cette terre aride. Les Soleils se levaient toujours sur cette même vision désertique. Rien ne laissait présager que cette terre porterait bientôt une prospère civilisation, en harmonie avec l'environnement. Rien ne laissait présager à la vie.  

En l'an 1000 avant l'Apogée des Cités, une poussière, une graine, flottant dans le vide, vint se poser délicatement sur un coin de terre. Le miracle de la nature fit le reste. De cette graine naquit un bourgeon. La saison suivante, une fleur majestueuse se tenait devant le Soleil jaune, alors à son Zénith. La fleur ne cessait de s'épanouir, nourrit par la volonté d'être un grand chêne.  

Les années passèrent, la tige devint tronc, les pétales devinrent branches, une peau solide se forma autour du faible corps de la plante, les racines puisait l'énergie de plus en plus loin, et bientôt des fruits apparurent aux branches. Des fruits multicolores, contrastant avec le gris de la terre.  

En l'an 800 avant l'Apogée des Cités, un fruit, arrivant à maturité, se détacha de la branche qui le brandissait majestueusement, et, sous le Soleil bleu, il entama sa chute vers le sol. Une chute lente compte tenu de la pesanteur faible sur cet astre. Mais avant de s'écraser sur terrain désert, le fruit se mit étrangement à se métamorphoser. Des fissures se formèrent à sa surface, laissant apparaître une lueur étrange, verte. Le fruit se brisa sur le sol, comme un œuf, et de cet œuf apparut le premier Dieu.  

Sous l'arbre se tenait à présent un homme, nue comme un vers, le regard vers l'horizon du néant, le sourire en coin. Il regardait tout autour de lui. Rien ne bougeait, rien ne coulait, rien ne vivait. Il jeta un œil à l'arbre miraculeux qui l'avait fait apparaître, et il caressa son écorce. Il compris l'appel de la Nature, et se mit en marche, le regard droit devant, sur le Soleil bleu couchant.  

Sur ces pas, sur ces traces, de l'herbe, des fleurs, des arbres jaillirent du sol, redessinant à jamais le vide d'une terre hostile de pauvreté.