Ce projet de film n'aurait jamais dû être produit. Mais un producteur juif peu soucieux le laissa passer entre les mailles du filet. Récit d'un personnage singulier et controversé.  

Il était une fois... un nazillon qui vivait que pour son grand amour, sa chienne, une bergère allemande, délicieusement prénommée Eva. Leur quotidien est fait de situations incongrues et malchanceuses. Tous deux habitent à Barbès, dans un studio dont papa est propriétaire. Les murs sont tapissés de mauvais goûts entre affiches de camp "de vacances" et portrait d'un Fürher dont le strabisme lorgne sur le lavabo crasseux. Peu enclin à la discussion et isolé, ils se sont un peu plus reclus chaque jour. Tous les mois, il s'aventure dans le couloir, tagué et jonché, sur les murs comme au sol, de croix gammées. Il nettoie à la brosse et audétergent sous les crachats des locataires. On aurait dit le christ si sa passion eut été celle des hommes.  

Mais depuis la création d'un ministère de l'immigration animé par le truculent Brice Hortefeux, notre petit nazillon se sent revivre à travers les informations. Il ose même sortir de sa décrépitude. Alors une fois le nez dehors, il accuse le portos du rez de chaussée de salir son pallier, il le renifle. Eva renifle. Elle aboie. Le portugais retourne à ses pois chiches.  

- Eva ! tais-toi ! Obéis !... Et le chien se tait. Tous les passants se retournent sur lui avec mépris. Notre nazillon a oublié d'enlever son brassard fétiche. Il le met dans la poche.  

Ayant faim, il entre dans un kebab et demande un jambon-beurre. Le gérant lui lance insultes et claques et le jette dehors. Tel est le commencement de cette journée qui semble de près comme de loin l'épopée la plus burlesque depuis que Ingrid Bétancourt est en Colombie.  

Partout où il va le nazillon est connu, de tous les maghrébins du quartier... Il est surnommé Zina (pour sa sonorité outre-méditérannéenne) mais aussi Nadine Mouque car tous les clowns de son genre sont appelés Nadine Mouque lorsqu'un maghrébin le croise dans la cage d'escalier en jurant. Et après on crache dessus.  

Crevant de faim, Zina se rend chez "les Cafards". Les Cafards, c'est une barre d'immeuble comme les autres en banlieue parisienne, avec des antennes satellites qui retiennent des cordes à linge, avec du béton sur les fleurs et des cages d'ascenseur intérimaires. Alors qu'il marche avec son clebs dans la cité des cafards, Eva s'échappe et se pointe devant un groupe de jeunes racailles (comme à la télé dis donc). Eva, assise, leur fait le salut nazi avec sa papatte - ce qui fâche le "Pedigree" de ces messieurs qui cherchent juste un peu de divertissement. Zina court mais ses poumons ne supportent pas son souffle. C'est peine perdue. Les groupe de quinze l'attrappe et le jète dans la benne à ordure verte qui trône au milieu du parking de la cité des Cafards. Les jeunes pour s'amuser craquent une allumette et la jette dans la benne.  

- Omar, on va tous chercher le flingos de ta grand-mère, elle sera contente si on lui ramène un barbecue.  

Zina se réveille, un peu assommé, patauge dans les ordures, attrappe un sandwich alors que ça commence à sentir le roussi. Les autres sont partis. Eva revient. Eva aboie.  

-Eva ! Tais-toi ! Obéis !... Et le chien fit le salut nazi.  

Alors qu'il a une jambe dans le vide, il entend dans les flammes "Yip ! Yip !"... Ne prêtant guère plus d'attention à ce qui ne peut être qu'un rat qui crame, il tente de passer l'autre jambe. Il commence à avoir chaud aux fesses mais il entend "Yip ! Yip !". C'est un drôle de bruit pour un rat. Il voit alors bouger les ordures, il voit quelque chose d'humain, une main qui tente de s'extirper parmi les détritus. Alors l'entrejambe écrasé sur le bord de la benne, il attrappe la main. "Yip ! Yip !"...  

Dans une doudoune rose, et dans un short moulant, Hélène sort péniblement tandis que Zina tombe à la renverse.  

Hélène saute de la benne. Zina est sur le cul, et à contre-jour, il imagine mal ce qui lui arrive... "Yip ! Yip !" glousse Hélène. Zina se relève et s'aperçoit que derrière ce drôle de bruit se cache des sanglots. Ceux d'Hélène. Dans sa doudoune flashy et dans son panty. Mais Zina a la berlue, c'est Hélène. Hélène et les garçons. Que faisait-elle dans cette benne ?  

Il s'avéra, après qu'elle eut essuyé ses sanglots, qu'Hélène ne se souvenait plus de rien... Elle sait juste qu'hier, elle était en tournage sur la série et qu'aujourd'hui elle est dans une benne. Zina tombe immédiatement sous le charme de cette jeune aryenne et l'emmène dans le hall où il rencontre Paulo, un portugais qui fait de la varape sur l'immeuble dans une combinaison rouge et blanche, comme les catcheurs. Zina emmène Hélène chez son oncle qui tient, à peine la sonnette retentissante, le fusil à canon scié.  

- Enfant de putain ! Qu'est-ce que tu fais ici hein ?  

- J'ai quelque chose pour toi !  

L'oncle regarde dans l'oeilleton. Eva aboie.  

- Eva ! Tais-toi ! Obéis ! Mon oncle, je voudrais te présenter une amie, c'est Hélène.  

- Qui ça Hélène, tu vas t'marier ?  

- Mais non mon oncle, Hélène est une amie et elle a besoin de secours.  

- Je veux de personne dans ma baraque, j'te l'ai déjà dit, si c'est pour tes petits amis, c'est pas question, c'set pas un local du FNJ ici.  

- Non plus mon oncle, c'est Hélène... Hélène et les garçons.  

Il ouvre la porte et embrasse la petite Hélène, encore toute "Yip-Yip". Il la serre comme il serrait son fusil et l'a fait entrée sans inviter plus Zina.  

- Asseyez-vous mademoiselle Hélène ! Comment va Nicolas ?  

- Bordel, mon oncle, pour rester poli, fiche lui la paix, elle a besoin de repos.  

- Installe-la dans la chambre du fond, fiston. Et pas de bêtise, je veux pas de ça sous mon toit.  

Dans la chambre, on voyait de la fenêtre que "les cafards" traînaient toujours sur le parking, en train de tirer dans la benne. Quand, soudain, par envie de prendre l'air, Zina coulisse la fenêtre PVC et aperçoit Paulo qui grimpe le long de la gouttière dans sa combinaison. Son torse velue pour son jeune âge transpire comme transpire le macadam.  

- Zina, Zina !, crie Paulo, ferme pas ! S'il te plaît. Comment va-t-elle ?  

Plus Paulo approchait plus, Zina avait envie de gerber. Son odeur de sueur et de poil aurait fait les effluves des écuries d'Augias. Préférant se boucher le nez, Zina laisse Paulo et ce dernier s'infiltre. Zina va chercher une bombe insecticide pour chasser Paulo. Mais trop tard, lorsqu'il revient dans la chambre, Paulo s'est barré avec le panty rose moulant d'Hélène. Jamais Zina n'avait pensé qu'Hélène avait un sexe. L'oncle s'amène.  

- Oh mais dis donc, je t'avais dit pas de ça chez moi, va sucer Himmler ou va faire, je sais pas moi, sauter un radar au lieu de rester planter là.  

- Elle a besoin d'un médecin, faut que je file, implore Zina  

- C'est ça file et reviens pas... rétorque l'oncle  

Une fois les talons tournés, Zina entend son oncle dire encore : "oh mais c'est joli tout ça, tout rasé, sans poil" et Hélène glousser un ultime "Yip ! Yip !".  

Après être allé dans trois pharmacies qui n'avait plus de Zyklon B (oui à la base c'était fait pour soigner), Zina opte pour de l'Efferalgan 1gramme. Lorsqu'il revient chez son oncle, la porte est ouverte. L'oncle est déjà putréfiant après une mort certaine. Son visage, troué à bout portant dans la pénombre, est déjà recouvert de blattes. Force d'avoir astiqué le vieux fusil. Les Cafards sont venus voler aussi. Tout a été saccagé.  

Zina s'empare du fusil, à côté de la télécommande et se rend dans la chambre : Hélène n'est plus là ! Il entend alors son gloussement dans le couloir. Les Cafards ont emporté Hélène, le cul à l'air, dans la cave et il part la délivrer en chantonnant la Neuvième Panzer Symphonie.  

Hélène s'en tirera-t-elle ?  

Les Cafards organiserait-il un goûter choco BN-Oasis en l'honneur d'Hélène ?  

Zina tirera-t-il lui aussi son coup ?  

Paulo sera-t-il séant dans son nouveau short rose bonbon ?  

Nicolas est-il parti à la recherche d'Hélène ? Et que dire de José et de son indifférence vis-vis de Nathalie ?  

Eva guérira-t-elle de sa tendinite à sa papatte droite ?  

Que sera AB Productions si Hélène perd sa virginité ?