Si vous êtes ici, c'est que vous avez décidé d'en savoir plus sur moi, sur mon récit.  

Pour comprendre ces mots, vous devez les entendre lorsqu'ils sortent de ma bouche, n'écoutez pas ces maudits ragots...  

Entendez ma voix. Entendez là, grave, jeune. Entendez ma voix, monocorde, monotone. Entendez ma voix, empreinte de fatalité.  

A travers ma voix, écoutez mon histoire.  

Je suis un jeune étudiant de faculté, brillant, j'ai remporté les examens de fins d'année haut la main. Je suis sortis major de promotion de mon établissement, avec les félicitations de tous. J'ai travaillé pour obtenir ces résultats, bien que mon intelligence m'ai toujours permis d'avoir des facilités dans tous les domaines.  

Je suis issu d'une bonne famille. Mon père est magistrat, et ma mère m'élève, ainsi que mes deux jeunes sœurs. Elle s'occupe de nous, ne pense qu'à nous, nous entoure et nous protège avec tant d'attention qu'elle en est admiré de tous.  

Récemment, j'ai été nommé capitaine du club de tir à l'arc, grâce à ma victoire au championnat régional, quelques jours plus tôt. Mon père m'a dit que je représentais la famille avec honneur, et ma plus jeune sœur m'a fait lui promettre de lui donner des cours.  

Ce soir là, j'ai aidé ma mère à sécher le linge, puis à le plier, après quoi, je suis rentré pour étudier. J'écoute les informations.  

Un accident de voiture, une bande de voyous qui cambriolent une villa, et la météo pour demain. Il fera beau, j'en profiterais surement pour aller au parc m'occuper de mes sœurs.  

J'entends un cri, surement mes sœurs qui se chamaillent dans le lit.  

J'entends un autre cri, puis une chute. Je sors de ma chambre. La porte de l'armoire est ouverte, et le panier à linge est renversé.  

Je baisse les yeux.  

Ma mère est allongé, la flaque de sang qui s'écoule sous son ventre s'agrandit. Devant la fenêtre haute, un homme reste figé, il tient un couteau ruisselant de sang. Je cours vers lui et le pousse de toutes mes forces. La fenêtre cède, j'entends l'homme crier, puis gémir alors que ses os se brisent sur les galets.  

Quelqu'un fuit.  

J'entends ses pas qui claquent dans le grand salon. Je me lance à sa poursuite. Je jette un coup d'œil dans la chambre de mes sœurs. Les coussins sont imbibés de sang. Je ne veux pas en savoir plus. Je suis à la poursuite d'un homme dans la cour. Je ramasse un caillou, et le jette de toutes mes forces.  

Heurté à la tête, il trébuche. Je m'élance sur lui, nous roulons jusqu'au portail. Il me frappe au menton, mais je le sens à peine.  

Je ramasse un autre galet, et le frappe derrière la tête. Il me repousse brutalement, et se rapproche de la sortie, à quatre pattes.  

Lentement. Trop lentement.  

Dans un dernier effort, je le rattrape, et me laisse tomber sur lui. A bout de force, il s'écroule sous mon poids.  

A genoux, je saisis une poignée de cheveux derrière sa tête, et frappe violemment son visage contre le pilier, de toutes mes forces.  

Son nez se brise, il crache une gerbe de sang sur mes genoux.  

Je reprends de l'élan, et l'écrase a nouveau.  

Je recommence. Encore. Il gémis. Je recommence. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore. Encore.  

Ma haine diminue, mes forces m'abandonnent. Je m'écroule, je perds connaissances.  

Voilà mon histoire.  

Par la suite, j'ai entendu de nombreuse personnes me dire "Je comprends ce que tu ressens". C'est faux. Personne ne le peux.  

Maintenant je ne suis plus un homme, je ne suis qu'un meurtrier... Et comme tout homme qui a gouté au meurtre, je suis un assoiffé de sang. Un meurtrier qui fait entendre sa voix, son desespoir.  

Une voix monotone, monocorde.  

Un voix empreinte de fatalité.  

merci à Tom