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Huxley Production présente
La nuit, tout les chats sont gris

Un jour, le soleil s'est couché pour ne jamais réapparaître. L'horizon l'avait avalé pour la dernière fois lors d'une soirée banale, et la certitude de le voir rayonner de nouveau le lendemain avait occulté ce qui aurait du rester comme un moment exceptionnel. Quelques heures plus tard, la nuit avait joué les prolongations et la lumière avait laissé au son des réveils le soin de sortir les hommes de leur torpeur.  

Mais laissez moi tout d'abord vous conter les causes de cet étrange fait.  

 

Nous étions à la lisière de la période présidentielle et des effluves de propagande émanaient des fleurons des différents partis. Des sondages précoces annonçaient déjà les favoris et divers journaux proposaient à leur clientèle des portraits détaillés des candidats.  

Et puis, un homme totalement inconnu du grand public s'est présenté. Il se prétendait à la tête d'un parti tout aussi peu renommé et exerçait la profession de routier. Les moyens financiers mis en jeu dans sa campagne étaient dérisoires et ses déplacements se limitaient à de petites villes de province. Les grands hebdomadaires s'en donnèrent à coeur joie, affichant des titres tels que: "Un routier s'essaie à la politique! Accident programmé par pilote automatique!".  

 

Pourtant, en l'espace de quelques semaines, il acquit le soutien de centaines de milliers de personnes à travers le pays, ses meetings déchaînaient les foules qui scandaient son nom, la liste des inscrits à son parti s'allongeait à vue d'oeil, chacune de ses apparitions nécessitait l'emploi de dizaines de gardes du corps et les caméras du monde entier était braquées sur lui. L'énergie qui transpirait de ses discours enflammés et son côté proche du peuple séduisaient, tout comme ses idées révolutionnaires tranchaient avec la monotonie des programmes des autres candidats.  

Tous n'avaient cesse de répéter le mot "changement", mais lui seul l'incarnait.  

 

Un mois avant le vote de l'incontournable premier tour, il avait déjà récolté toutes les signatures indispensables à sa candidature. Partout, on pouvait voir des affiches vantant ses qualités, prônant son slogan. Il était donné largement gagnant dans tous les sondages. En première page des plus célèbres magazines, son sourire si charismatique accompagnait la question: "L'ex-routier peut-il perdre ?".  

La réponse était non, et sa victoire fut annoncée dès le premier tour, après qu'il eut obtenu près de 84% des voix, du jamais vu...  

 

La lumière de la fenêtre du voisin s'est éteinte. Mauvais signe. Quelle heure est-il ? Mais où est passé ce fichu réveil ?! Ah! le voilà: 22h00. 22h00 ??!! Merde, le couvre-feu! Vite, éteindre toutes les lumières! Heureusement que ce sacré Bill perd pas le nord! Je vais d'ailleurs l'appeler pour le remercier. Ah mais non... vite un calendrier..... 21,22,23: vendredi. Mince! Pas de ligne aujourd'hui. Bon tant pis je le ferai lundi, c'est pas urgent de toute façon.  

Où en étais-je déjà ? Ah oui les élections.  

 

Une formalité, tout comme les nombreuses cérémonies qui suivirent ce jour mémorable. Notre cher président n'avait pas attendu bien longtemps pour prendre les choses en main. Sa première action fut de supprimer la retraite. Causes: c'était ça ou les soins remboursés. Nous avions votés, c'était la santé. Et puis, la retraite, quand on y pense, c'est terriblement ennuyant! C'est "le couteau affûté prêt à sectionner les liens sociaux que toute une vie de labeur avait réussi à tisser!", pour reprendre ses propres termes. Son action fut saluée par tous, sauf par ses anciens concurrents qui, eux, s'étaient payés le luxe d'un voyage au Groenland, non mais je vous jure!  

Deux semaines plus tard, trois réformes étaient votées par l'assemblée: la première stipulait que quiconque n'ayant jamais commis un seul acte d'incivisme au cours de sa vie de citoyen serait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il fallait faire travailler tout le monde, et la police, c'était tout de même plusieurs dizaines de milliers d'emplois! Et puis, un acte d'incivisme dans une vie, qu'est ce que c'était ? Un petit vol à l'arraché, dix minutes au commissariat et puis c'était terminé! Et pourtant, vous ne me croirez sans doute pas, mais certaines personnes crièrent au scandale!! Y a vraiment des gens qui n'ont rien à faire de leur journée!  

La seconde réforme, quant à elle, ne suscita pas la moindre contestation. Elle interdisait purement et simplement d'employer certains mots "dont la signification trop complexe, ambiguë ou équivoque pouvait mener à des situations embarassantes ou de totale incompréhension et ainsi nuire au contact humain". Cette fois-ci, tous les journalistes interrompirent leur mitraillage médiatique et se levèrent pour applaudir.  

Ca c'était de la réforme! En accord parfait avec le principe d'égalité! Tous au même niveau! Finie l'insupportable suffisance des "intellectuels".  

Enfin, la troisième et dernière réforme instaurait un couvre-feu nationnal à partir de 22h00. En effet, notre président ayant lui-même fait l'expérience de coucher sous les ponts, il prit la décision d'améliorer la qualité du sommeil des sans-abri, en nous demandant de bien vouloir éteindre nos lumières la nuit, afin de ne pas ajouter à la difficulté de leur situation. Là encore, il n'y avait rien à redire, et tous ceux qui protestèrent furent légitimment traités d'égoïstes. Après tout, tout ce qu'on attendait d'eux, c'était juste un peu d'empathie.  

 

Deux mois plus tard, deux nouvelles réformes vinrent s'ajouter aux précédentes. Il était à présent interdit de se servir du téléphone le mardi, le vendredi et le week-end afin d'augmenter la durée de vie des appareils. Pratique, efficace, moi qui n'étais pas un adepte de la communication à distance, je n'y voyais aucun inconvénient.  

La deuxième était plus étrange et fut bien plus controversée. Le bleu était à présent proscrit, la couleur, comme le mot. Cette nouvelle suscita de nombreuses révoltes et plusieurs personnes influentes appelèrent à la grève générale. Je n'y allais pas, sachant pertinemment que ça ne servirai à rien. Et en effet, rien ne changea. D'ailleurs, il n'y eut quasiment pas de manifestant. Dans les débats télévisés, il n'y avait jamais personne "contre", preuve qu'il n'existait aucun argument valable à opposer.  

 

C'est aussi vers cette période que le journal le plus lu du pays cessa brusquement de publier. Il faut dire qu'ils l'avaient bien cherché. Le dernier exemplaire affichait encore les numéros de ses pages en bleu et deux articles contenaient le mot "anticonstitutionnel". Inadmissible! Aussi, personne ne déplora la disparition de ce mensuel.  

Non, jusque là je n'ai rien à reprocher à notre dirigeant. C'est la suite qui me gêne. La situation s'est sensiblement détériorée et je n'en connais pas la raison.  

 

C'est un mois plus tard que notre cher président choisit de nous montrer toute l'étendue de sa magnanimité. Ce jour là, il fut décidé que le soleil se lèverai désormais une heure plus tard et se coucherai une heure plus tôt qu'à l'accoutumée. Ceci dans le but de préserver son énergie pour les générations futures. Nous avions tous nos petites habitudes, mais nous nous accomodâmes tout de même de ces nouveaux horaires, conscients que nous participions à l'action la plus altruiste que l'humanité ait jamais réalisée.  

Mais une semaine plus tard, le soleil ne se leva pas. Nous pensions que nos dirigeants avait choisi de décaler à nouveau d'une heure son apparition dans le ciel, et qu'ils nous en informeraient, mais non. Rien... Pas l'ombre d'un discours en vue.  

 

De toute les résolutions qu'il ait pu prendre, aucune ne m'a rebuté. Mais celle-ci est de trop. Si un quelconque mouvement de contestation contre cette dernière réforme avait vu le jour, je l'aurais soutenu. Mais il n'y a rien.  

 

Dehors, il fait froid et les rares passants que l'on peut croiser sont silencieux. L'obscurité a englouti le paysage et mes fenêtres ne sont plus que des tableaux noirs, les oeuvres d'un artiste que personne ne connaît vraiment. Je n'ai plus de nouvelles de Bill. La télévision ne retransmet plus rien.  

 

Il fait nuit et le jour ne reviendra pas...  

 

 

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"Le film en lui même est une métaphore" déclare Daniel Whittall qui signe ici un drame ou il met en avant le fait qu'un homme puisse changer le monde sans l'avis des autres. Afin de montrer du doight le monde politique d'aujourd'hui, il crée un univers fantastique ou notre société tombre petit à petit dans l'obscurité totale.  

Dans ce film on y retrouve Alan Huang en homme de pouvoir qui fait sombrer le monde dans le noir, Sam Vrana en témoin et narrateur de cet histoire, Cecilia Troughton et Alexandra Fitch en citoyenne tout d'abord séduite pas cet homme puis qui seront anéhantie par ces gestes.  

 

Scénario :
une série B dramatique (Fantastique) de Daniel Whittall

Alan Huang

Cecilia Troughton

Sam Vrana

Alexandra Fitch
Sorti le 07 août 2010 (Semaine 292)
Entrées : 21 520 656
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